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MessagePosté: 07 Mar 2024, 16:06 
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Sérieusement, y a pas de topic?

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En 1997, j'ai découvert le film dans les pires conditions possibles : en VHS (enregistrée à la télé, si je me souviens bien), en VF, en pleine journée et en plusieurs fois, pendant les pauses déjeuner du stage de 3ème que j'effectuais dans le magasin photo de mes parents. Résultat : j'avais trouvé ça bidon.

En 2001, au cours d'une nuit au Max Linder, avant le moyen Intuitions de Sam Raimi et l'infâme Ring d'Hideo Nakata, j'ai pu voir donc dans les meilleures conditions possibles la version longue et ça m'avait bien fait flipper (sans pour autant que je sois à donf).

En 2024, je revois donc seulement pour la troisième fois ce film dont je pensais me rappeler assez clairement dans les grandes lignes mais dont mes seuls souvenirs sont dus en réalité à la version rejouée par des lapins en 30 secondes.

Par conséquent, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un film dont le personnage qui lui donne son titre ne débarque qu'au bout...d'1h40 (sur 2h13).
Ça m'a rappelé Maman j'ai raté l'avion dont la partie "Kevin vs. les bandits" ne dure pas presque tout le film comme je m'en rappelais mais quinze minutes à la fin.

Sauf qu'ici, tout ce qu'il y avant est excellent.

Ça prend grave son temps, dès l'intro, qui dure, cultive le mystère sur ce qui interroge Merrin, puis dans toute la mise en place, la présentation des personnages, le processus d'élimination des causes potentielles du tourment de Regan...

Aller chercher Friedkin pour son approche documentaire était une riche idée. Bien qu'il se fasse moins invisible dans la mise en scène (notamment par le biais de mouvements de caméra non-motivés par les personnages) et que l'écriture ne fasse plus dans l'épure en ce qui concerne la caractérisation (au contraire, les trois personnages principaux ont chacun une existence qui précède l'élément déclencheur et informe leur trajectoire), l'esthétique se défait de beaucoup d'oripeaux du genre, dans la photographie très rarement stylisée par exemple ou l'absence quasi-totale de musique, tandis que l'intrigue déroule son traitement une fois de plus procédural qui, à mon grand étonnement, ne lasse jamais là où on est généralement agacé quand on a une longueur d'avance sur les protagonistes n'acceptant pas encore le surnaturel pour lequel on a acheté le ticket.

Ici, tu es déjà cramponné à ton siège quand il s'agit uniquement de suivre minutieusement une intervention médicale (presque plus glaçante que tout ce qui se passera dans la chambre). Ça en dit long sur la force que permet un tel ancrage dans le réel, quitte à mieux l'abandonner par la suite (nulle ambigüité sur une potentielle explication scientifique in fine, elle est possédée, point ; pas fan d'ailleurs des apparitions "subliminales" du démon dont je trouve la représentation limite ridicule alors que le maquillage de Regan par Dick Smith, et les effets sonores, sont iconiques). Là vraiment, c'est un truc improbable qui arrive à ta fille quoi, même si sa mère n'est pas Mme Tout-le-monde. C'est une actrice (qui joue dans un film elle est contre des étudiants révoltés) et Friedkin s'en donne à cœur joie pour mettre à mal la sacro-sainte figure de l'enfant (devenue rebelle pécheresse sur-sexuée et criminelle) et cette privilégiée désemparée (tout son argent payant tous ces médecins pour rien) face à un mal viscéral, ancestral (et les deux patriarches qui la sauvent...crèvent). Un côté "personne n'est à l'abri" assez kiffant.

Plus encore que la mise en scène, l'aspect formel qui m'a le plus épaté, c'est le montage. Il y a une citation de Thelma Schoonmacher qui revient souvent sur Twitter quand on lui parle de la violence dans les films de Scorsese et qu'elle répond "ils ne sont pas violents jusqu'à ce que je les monte". J'ai vraiment ressenti ça ici face aux cuts souvent abrupts, à la façon d'écourter des scènes pour augmenter l'impact de la dernière réplique ou la transition vers la scène d'après, les ellipses vénère que le récit opère parfois, et ça jou également beaucoup sur le rythme et sur, bah, la violence de cette histoire (alors même qu'il y a genre 2 baffes et 3 effusions de sang à peine). C'est un film qui fait mal.

Bref, mortel.

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MessagePosté: 07 Mar 2024, 17:11 
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Maintenant je me demande bien ce qu'il se passe dans Maman j'ai raté l'avion, que j'ai pourtant du voir plusieurs fois.


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MessagePosté: 07 Mar 2024, 17:19 
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Bah t'as toute l'intro avec la grande famille déjà, l'engueulade puis le départ.
Et après c'est Kevin tout seul.
Kevin qui chante.
Kevin qui fait les courses.
Kevin qui se met de l'aftershave sur les joues et a mal.
Kevin qui commande une pizza et utilise une réplique de film de gangster pour faire fuir le livreur et éviter de payer.
Kevin qui a peur du vieux voisin.
Kevin qui parle au vieux voisin.
Et ça alterne avec des scènes de la daronne qui essaie de rentrer.
Et le repérage par les casseurs flotteurs.

Et accessoirement c'est bidon.

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MessagePosté: 07 Mar 2024, 23:36 
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Erreur.

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There is no such thing in life as normal


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MessagePosté: 07 Mar 2024, 23:45 
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Ah si je t"assure, c'est nul.

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MessagePosté: 07 Mar 2024, 23:59 
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Film Freak a écrit:
Sérieusement, y a pas de topic?

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En 1997, j'ai découvert le film dans les pires conditions possibles : en VHS (enregistrée à la télé, si je me souviens bien), en VF, en pleine journée et en plusieurs fois, pendant les pauses déjeuner du stage de 3ème que j'effectuais dans le magasin photo de mes parents. Résultat : j'avais trouvé ça bidon.

En 2001, au cours d'une nuit au Max Linder, avant le moyen Intuitions de Sam Raimi et l'infâme Ring d'Hideo Nakata, j'ai pu voir donc dans les meilleures conditions possibles la version longue et ça m'avait bien fait flipper (sans pour autant que je sois à donf).

En 2024, je revois donc seulement pour la troisième fois ce film dont je pensais me rappeler assez clairement dans les grandes lignes mais dont mes seuls souvenirs sont dus en réalité à la version rejouée par des lapins en 30 secondes.

Par conséquent, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un film dont le personnage qui lui donne son titre ne débarque qu'au bout...d'1h40 (sur 2h13).
Ça m'a rappelé Maman j'ai raté l'avion dont la partie "Kevin vs. les bandits" ne dure pas presque tout le film comme je m'en rappelais mais quinze minutes à la fin.

Sauf qu'ici, tout ce qu'il y avant est excellent.

Ça prend grave son temps, dès l'intro, qui dure, cultive le mystère sur ce qui interroge Merrin, puis dans toute la mise en place, la présentation des personnages, le processus d'élimination des causes potentielles du tourment de Regan...

Aller chercher Friedkin pour son approche documentaire était une riche idée. Bien qu'il se fasse moins invisible dans la mise en scène (notamment par le biais de mouvements de caméra non-motivés par les personnages) et que l'écriture ne fasse plus dans l'épure en ce qui concerne la caractérisation (au contraire, les trois personnages principaux ont chacun une existence qui précède l'élément déclencheur et informe leur trajectoire), l'esthétique se défait de beaucoup d'oripeaux du genre, dans la photographie très rarement stylisée par exemple ou l'absence quasi-totale de musique, tandis que l'intrigue déroule son traitement une fois de plus procédural qui, à mon grand étonnement, ne lasse jamais là où on est généralement agacé quand on a une longueur d'avance sur les protagonistes n'acceptant pas encore le surnaturel pour lequel on a acheté le ticket.

Ici, tu es déjà cramponné à ton siège quand il s'agit uniquement de suivre minutieusement une intervention médicale (presque plus glaçante que tout ce qui se passera dans la chambre). Ça en dit long sur la force que permet un tel ancrage dans le réel, quitte à mieux l'abandonner par la suite (nulle ambigüité sur une potentielle explication scientifique in fine, elle est possédée, point ; pas fan d'ailleurs des apparitions "subliminales" du démon dont je trouve la représentation limite ridicule alors que le maquillage de Regan par Dick Smith, et les effets sonores, sont iconiques). Là vraiment, c'est un truc improbable qui arrive à ta fille quoi, même si sa mère n'est pas Mme Tout-le-monde. C'est une actrice (qui joue dans un film elle est contre des étudiants révoltés) et Friedkin s'en donne à cœur joie pour mettre à mal la sacro-sainte figure de l'enfant (devenue rebelle pécheresse sur-sexuée et criminelle) et cette privilégiée désemparée (tout son argent payant tous ces médecins pour rien) face à un mal viscéral, ancestral (et les deux patriarches qui la sauvent...crèvent). Un côté "personne n'est à l'abri" assez kiffant.

Plus encore que la mise en scène, l'aspect formel qui m'a le plus épaté, c'est le montage. Il y a une citation de Thelma Schoonmacher qui revient souvent sur Twitter quand on lui parle de la violence dans les films de Scorsese et qu'elle répond "ils ne sont pas violents jusqu'à ce que je les monte". J'ai vraiment ressenti ça ici face aux cuts souvent abrupts, à la façon d'écourter des scènes pour augmenter l'impact de la dernière réplique ou la transition vers la scène d'après, les ellipses vénère que le récit opère parfois, et ça jou également beaucoup sur le rythme et sur, bah, la violence de cette histoire (alors même qu'il y a genre 2 baffes et 3 effusions de sang à peine). C'est un film qui fait mal.

Bref, mortel.


Très envie de le revoir depuis quelques temps, sachant que j'ai plus ou moins le même parcours avec le film vu la première fois en cinquième sur une VHS que mon pote Thierry avait enregistrée et qu'on avait maté en mode "c'est le film le plus flippant du monde askip".

Revu à la hausse de beaucoup vers 2010 et pas revu depuis.

Ta critique donne envie, et ce bout de critique que j'avais lu récemment dans un article commémoratif pour les 50 ans du film dans Starfix m'a bien chauffé:

Citation:
L’Exorciste, nous le comprenons seulement aujourd’hui, cinquante ans après, est surtout un film d’amour. Un amour inconditionnel : celui d’une mère pour sa fille (magnifique Ellen Burstyn), celui d’un fils pour sa mère (déchirant Jason Miller), celui d’un prêtre pour l’humanité (le père Merrin). Si le Diable perd (momentanément) à la fin, c’est que sa jeune victime était entourée d’un amour insupportable pour lui. Et c’est en suggérant cela, sans insister, par les nombreux silences de la bande-son, que Friedkin est un immense cinéaste : ce sont les silences de la mère lors des examens médicaux douloureux que subit la petite ; ce sont les silences du père Merrin face à l’ignorance heureuse de ses contemporains ; ce sont aussi et surtout les silences intermittents de Satan, entre deux provocations verbales.

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MessagePosté: 08 Mar 2024, 07:36 
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Puck a écrit:
Ta critique donne envie, et ce bout de critique que j'avais lu récemment dans un article commémoratif pour les 50 ans du film dans Starfix m'a bien chauffé:

Citation:
L’Exorciste, nous le comprenons seulement aujourd’hui, cinquante ans après, est surtout un film d’amour. Un amour inconditionnel : celui d’une mère pour sa fille (magnifique Ellen Burstyn), celui d’un fils pour sa mère (déchirant Jason Miller), celui d’un prêtre pour l’humanité (le père Merrin). Si le Diable perd (momentanément) à la fin, c’est que sa jeune victime était entourée d’un amour insupportable pour lui. Et c’est en suggérant cela, sans insister, par les nombreux silences de la bande-son, que Friedkin est un immense cinéaste : ce sont les silences de la mère lors des examens médicaux douloureux que subit la petite ; ce sont les silences du père Merrin face à l’ignorance heureuse de ses contemporains ; ce sont aussi et surtout les silences intermittents de Satan, entre deux provocations verbales.


Donc ils ont mis cinquante ans à comprendre que ce qui sauve la fille, c'est à peu près tout sauf le rituel catholique de l'exorcisme.

L'exorciste parvient pourtant à poser la véracité de ce rituel, sa pertinence et son efficacité, et donc par extension la véracité de la foi avec tout ce que ça implique, sans pour autant être un film catholique. On avance souvent que le christianisme a effacé ou supplanté les panthéons polythéistes, qu'en gros l'Eglise a fait à ces anciennes religions ce que nos civilisations ont fait du catholicisme : le réduire à une foi parmi d'autre, et en remettre en question la vraisemblance. C'est défendable, mais seulement d'un point de vue culturel et sociologique, donc avec un biais très moderne. Car d'un point de vue théologique, il s'est passé quelque chose de plus stimulant, ne serais-ce que pour l'imagination : les pères de l'Eglise ont surtout affirmé que la plupart des divinités qui étaient adorées dans ces régions désertiques étaient en fait des démons. Ils n'ont pas nié leur réalité ni leur pouvoir d'agir, les ont intégrées comme des émanations de Satan, consacrant leur nature dangereuse et malfaisante. Et c'est exactement ce qui se passe dans le film avec Pazuzu.

Aucune raison pour Starfix d'être aussi frileux et dans l'évitement en parlant seulement d'amour dans ce qui vient à bout de l'antagoniste.

La version longue est sortie au cinéma alors que j'étais collégien, c'est celle que j'ai toujours connu et adoré, précisément pour certaines des raisons soulevées par FF. La brutalité et la froideur du corps médical, qui est néanmoins impliqué et dévoué à sa manière malgré une impuissance croissante. La même violence dans le rituel, qui fonctionne avec une cohérence et une absence de caricature inédite dans la dépiction de ses origines, avec tous les postulats que ça implique. Friedkin tire vraiment parti de son approche de "montreur", en poussant la logique de cette posture jusqu'au bout. Le film réussit à montrer que l'Eglise a raison, mais sans faire de prosélytisme, sans être malhabile ou gênant, sans bavure qui questionnerait le spectateur de manière inadaptée sur son rapport à la religion. Il montre une procédure. Et aussi tout ce qui se passe autour.

C'est très parlant aussi que le film ait donné naissance à un sous-genre particulièrement pourri, et ce dès ses suites (même si le III a quelques qualités éparses, mais pas du tout dans le même registre ni le même mode). C'est bien la preuve rétrospective que Friedkin et Blatty ont réussi l'exploit de trouver un équilibre tellement rigoureux qu'on en attend toujours un équivalent.

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MessagePosté: 08 Mar 2024, 11:26 
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Sir Flashball
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Film Freak a écrit:
Plus encore que la mise en scène, l'aspect formel qui m'a le plus épaté, c'est le montage.


Someone's getting ready for Traqué.

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MessagePosté: 08 Mar 2024, 12:04 
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