Forum de FilmDeCulte

J'y ai pensé en lisant Zad qualifier BRIGHT START "d'académique".

Je remarque que cet adjectif est surtout utilisé pour les "jolis films d'époque", comme si on transposait dans le language du cinéma ce terme issu à la base, il me semble, du commentaire sur la peinture "académique", avec ses sujets historiques, enjolivés, un peu pompeux.

Mais l'académisme aujourd'hui au cinéma, est-ce vraiment BRIGHT STAR ?

Est-ce que, pour prendre l'exemple de la France, et pousser l'analogie "peinture XIXe/cinéma XXIe" jusqu'au bout, on ne pourrait pas dire que "l'académie" aujourd'hui serait... la Femis ?

Ou les films estampillés CNC ?

Qu'un VRAI film académique, ce serait plutôt le court-métrage C'EST GRATUIT POUR LES FILLES, ou le long QU'UN SEUL TIENNE ET LES AUTRES SUIVRONT, ou UN POISON VIOLENT, avec leur sujet social/intime, leur jeu naturaliste, leur mise en scène à l'épaule, ou alors très discrète ?

Chépas ? Qu'en pensez-vous ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Pour moi l'académisme, c'est vraiment les films pour l'Académie, avec tout ce que ça a de correction millimetrée, de reconstitution, de flons-flons, d'importance du décorum et des costumes, de grande histoââre de passion, de l'histoire dans l'Histoire, etc, ce genre de trucs qui ne s'en dépatouillent pas, qui y vont d'un pas un peu lourd, refont ce qu'on attend qu'ils refassent, font leur grand théâtre ; ce qui fait que Bright Star, c'est exactement ça.

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Oui mais le but de mon message était de définir "académie".

Comme tu l'entends d'après ton message, on serait plutôt dans le domaine justement de "l'académie des Oscars", par exemple, qui kiffe ce genre de film.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

grosso modo, ouaiche

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Moi c'est quelque part entre vous deux.
Quand je pense "mise en scène académique", je pense à une mise en scène très propre, très carrée, jolie même, mais sans réelle personnalité ni folie...je pense à Revolutionary Road de Sam Mendes (alors que je trouve pas ses autres films académiques).

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Voilà, l'académisme c'est quand c'est appliqué et soigné mais totalement indifférent vis-à-vis de ce qui est filmé. Quand "forme" et "fond" sont hermétiques l'un à l'autre on pourrait dire.
Les films historiques tendent vers ça mais ça concerne tous les genres, tous les sujets.

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après moi ça m'arrive de parler de "nouvel académisme", en effet, pour des films modernes, comme le très chiant Le Quattro Volte qui a un "nouvel académisme de festival", consistant à filmer la nature et ses arpenteurs en plan très large ensoleillé, bon y s'y passe rien mais c'est normal, c'est l'art.

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Je ne trouve pas Bright Star académique aujourd'hui, avec sa narration très particulière...

L'académisme en costume c'est plus orgueil et préjugé à mon sens.

mais elle a quoi de particulière? C'est un peu de la technique de scénario bien appliquée, non?

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Oui voilà, en fait j'étais surtout à la recherche d'une définition d'un "nouvel" académisme.

Il y a des films aujourd'hui - parfois même d'assez bons films - qui cochent des cases, remplissent des critères de ce que doit être tel ou tel type de film (dans mon 1er message, je citais les films Femis sur la jeunesse par exemple).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

oui, je suis d'accord

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Je suis d'accord avec ça, à la différence près que pour moi ca passe pas forcément par une forme soignée et appliquée : les trucs genre Syriana, callés sur leur petit système endormi caméra à l'épaule et image crade en mode pseudo-documentaire sans réfléchir, façon "s'il baisse le bras, suivons à la caméra", c'est tout aussi académique. En somme, je trouve académique un film dont la forme est exercée à vide, sans aucun lien au film, quelque soit le visage que cette forme puisse avoir (rendre symétrique ou centrer n'importe quel cadre pour rien, ces temps-ci : chaque époque à ses tics).

Les sujets historiques aident, certes, vu que le "contenant" semble pouvoir se suffire à lui-même (spectacle de la reconstitution minutieuse, de l'histoire avec un grand H), mais ca n'est pas une fatalité. Bright Star, qui est à mon sens un parfait contre-exemple "piège", ça a les atours superficiels de l'académisme tel qu'on peut le concevoir habituellement (biopic d'époque, charge dans les costumes et décors, forme propre, cadres mesurés et discrets), mais en aucun cas ce n'est la preuve automatique de l'absence d'une construction, d'une mise en scène, d'un travail cinématographique, absence qui reste à démontrer : on parle juste là d'un look qui est celui associés aux films académiques, pas d'un problème de fond.

Si les films "Fémis" paraissent obéir à un académisme, et pas ceux de Desplechin et Despallières - qui sont pourtant dans l'exact même bain de thèmes et de "look" visuel - , c'est simplement que les seconds mettent leur films en scène et les premiers non. Et chez les tâcherons naturellement, il ne reste plus que la matière de base à observer, on ne voit que les automatismes tournant à vide... Les grands peintres classiques, contre qui on opposait les académiques fin XIXè, ne différaient pas de ces derniers par les sujets ou techniques choisis, mais simplement par leur capacité à en faire quelque chose. Je pense que c'est pas différent au cinéma...