Forum de FilmDeCulte

Je crois qu'après Tropical Malady, j'ai la confirmation que ce cinéma là n'est pas pour moi. C'est joliment fait, mais cette retenu, ce dépouillement, transforment chaque minute en heure. J'imagine que mon rejet de la culture asiatique ou du moins de ce qu'on nous en montre (je ne suis jamais allé en Asie, et je ne veux pas mettre tous les pays de ce continent dans le même panier non plus) explique que j'y sois totalement hermétique : voir des gens parler face à face, les bras le long du corps, sans faire le moindre mouvement, pendant dix minutes, ça me soule rapidement. En fait, le film parle de gens qui ne m'intéressent pas le moins du monde, et d'une façon manifestement très juste, très proche du réel, mais de ce réel qui lui non plus ne m'intéresse pas.
3/6 pour la composition des plans et les acteurs.

C'est ce qui me dérange le plus au final _indépendamment de ma propre expérience_ le fait que tout cela ne soit qu'une certaine idée de la Thaïlande et du spiritualisme asiatique,

Lol, on dirait du Yves.

Je crois qu'après Tropical Malady, j'ai la confirmation que ce cinéma là n'est pas pour moi. C'est joliment fait, mais cette retenu, ce dépouillement, transforment chaque minute en heure. J'imagine que mon rejet de la culture asiatique ou du moins de ce qu'on nous en montre (je ne suis jamais allé en Asie, et je ne veux pas mettre tous les pays de ce continent dans le même panier non plus) explique que j'y sois totalement hermétique : voir des gens parler face à face, les bras le long du corps, sans faire le moindre mouvement, pendant dix minutes, ça me soule rapidement. En fait, le film parle de gens qui ne m'intéressent pas le moins du monde, et d'une façon manifestement très juste, très proche du réel, mais de ce réel qui lui non plus ne m'intéresse pas.
3/6 pour la composition des plans et les acteurs.

que ça tient avant tout d'un exotisme propice à titiller l'imaginaire un brin colonial du cinéphile occidental. Les sensations, l'imaginaire décomplexé, la douceur de vivre & co, ça va bien deux minutes mais ça ne fait pas chez moi le grand cinéma. Ong Bak me parait à côté beaucoup plus authentique et proche de "l'âme thaïlandaise"...

Cosmo et la spiritualité, ça fait deux.

Disons que tu vois le mal partout. Et comme je l'écris dans la shoutbox, Ong Bak, ça reste des villageois thais qui font du kung fu pour récupérer une statuette de Bouddha....

Moi y a pas que les trips muets du film qui m'ont touché, j'ai aussi adoré cette douce redescente sur terre avec le passage comique du jeune moine, c'est un peu "notre bonne vieille civilisation est belle aussi", avec ses douches, ses pc pour chatter; et le mec qui fait ses comptes dans le café, ce morceau de rock final qui explose au moment d'un cut sur la femme, le moine et la fille affalés devant la télé... qui vient souligner encore la beauté de la quotidienneté. C'est de l'humour mais pas de l'ironie.
C'est sûr qu'on est loin de la pose genre "retournons dans la nature y a que ça de vrai".

Je sais même pas, au fond, si Weerasethakul veut vraiment discourir sur un fond spirituel aussi poussé que peut l'être l'animisme; ce qui m'est par contre accessible par son seul film, c'est comment il fait rentrer les formes de la jungle, de la grotte (jusqu'au bref plan sur les poissons qui vivent dans une ébauche de flaque au fond de cette grotte, là on a l'exemple d'un moment qui saisit instantanément, dans un geste de poétique pure, l'essence de ce que c'est la vie, la relation de l'animal à la nature, au minéral, à l'univers), d'un lac, ou même de la disposition d'une famille qui discute, comment il fait rentrer ces formes en symbiose avec la propre forme de l'esprit (esprit du spectateur comme esprit des personnages, d'ailleurs)... il y a un naturel harmonieux très puissant, et je crois que c'est simplement incroyable de savoir faire ça avec le média cinéma. C'est pour ça, je pense, que j'ai eu l'impression pendant la séance de faire corps avec son monde, sans réfléchir un poil. C'est juste de la sensation pure. Et c'est pour ça que les reproches sur un film supposément intellectuel passent mal chez moi aussi.

Un mot sur l'ennui que peut provoquer le film: perso il y a des moments où j'ai ressenti une certaine langueur aussi. Mais c'est aussi un monde de la douceur que veut saisir le cinéaste et on obtient pas ça sans laisser des plages de pure contemplation. Là ou c'est parfois difficile, c'est qu'il faut se lâcher et ne pas être en attente d'action, ni même d'ailleurs à la recherche de plans renversants: il y a des tas de moments où la beauté n'est pas du tout brillante, mais très simple, comme par exemple dans la musique des mots que tu décris ou encore la douce inquiétude des personnages qui se manifeste de manière touchante dans la mise en question de leur passé et de leur avenir.