Castorp a écrit:
Tu n'as toujours pas expliqué en quoi c'était irrationnel (même si tu l'as répété plusieurs fois) de questionner l'islam de France après le Bataclan.
A aucun moment je n'ai parlé de
questionner ou non "l'islam de France", ou "en France" ou "l'islam tout court" comme étant quelque chose d'irrationnel. Bien sûr qu'il faut soulever les interrogations les plus variées possibles à ce sujet.
Le choix de positionnement opéré en terme de façonnement du discours public en France sur la question de l'islam, c'est : pour les droites comme les gauches, diabolisation et/ou paternalisme.
Le paternalisme me paraît hautement rationnel puisqu'il vise à rendre soluble l'islam dans la république. De plus, comme je l'avais déjà détaillé il y a quelques mois, cela a parfaitement fonctionné aux US, les musulmans là-bas (en tout cas leurs représentants) ayant été phagocytés par l'intersectionnalité victimaire. L'islam est devenu la caution spirituelle d'une idéologique profondément matérialiste, post-marxiste, qui fait du statut de victime réelle ou imaginée le summum de l'expérience humaine.
Maintenant, en France, fidèles à la tradition du "
ils ont Elvis nous on a Dick Rivers, ils ont Le Parrain nous on a Le Grand Pardon, ils ont The Onion nous on a Le Gorafi etc." (vous captez la tendance générale), le paternalisme ça passe par quoi ? Hassen Chalghoumi. Un escroc au passé trouble doublé d'un débile mental, qui en plus est incapable de parler français correctement. Et c'est lui qui est hissé en porte-parole de la communauté, et surtout comme interlocuteur privilégié des journalistes et décideurs politiques. Le cliché de l'arabe dans la pensée d'extrême-droite. C'est risible, mais c'est rationnel : on décrédibilise, on détourne, on moque, on humilie, et par cela on exerce une forme de contrôle.
Le paternalisme a du sens, parce que l'islam en tant que système a un potentiel révolutionnaire et réactionnaire immense vis-à-vis de la vision du monde et de l'homme qui sert d'épine dorsale aux sociétés occidentales.
Et c'est précisément pour cela que la diabolisation (95% du discours politico-médiatique sur cette question) est irrationnelle : elle met la pression sur la majorité des musulmans, fait de leur religion et de leurs pratiques au sens large une charge mentale dès qu'ils ouvrent un journal, regardent la télé puis finalement sortent de chez eux. Ils se sentent suspectés, jugés comme complices au moins passifs de choses abominables, mis dans le même sac que celles et ceux qui les commettent. Ils doivent montrer patte blanche, parfois s'humilier pour se faire accepter, avec le succès tout le relatif que l'on connaît.
Dans le reste de la population, elle encourage la même chose mais dans le sens inverse, en direction des musulmans. Tandis que le paternalisme accomplit plus ou moins adroitement et durablement ses objectifs (englobement + contrôle), la diabolisation elle ne fait que contribuer à créer la situation qu'elle diabolise. C'est irrationnel parce que le rapport au réel est biaisé à l'avance... sauf si l'on considère effectivement que l'islam en soi est un problème et les musulmans aussi, peu importe ce qu'ils font ou non, et que le jihadisme est un mélange d'endoctrinement et de misère sociale (spoilers : c'est
considérablement plus compliqué). A ce moment là c'est idéal, oui, et de fait je raconte n'importe quoi.