alexandra a écrit:
Alors là faut ptèt pas tout mélanger quand même: les livres d'un Kerouac ou d'un Rubin n'ont pas de réel projet littéraire,
ils proposent plutôt un témoignage sur une autre façon de vivre une autre mentalité possible, et on peut les lire aujourd'hui presque comme des documents, il ne faut pas y voir autre chose. C'est intéressant, mais ce n'est pas parce que c'est écrit que c'est de la littérature! C'est amusant de lire ça comme témoignage d'une époque , où ils étaient à la recherche d'une autre idéologie.
On s'en fout quoi. Du reste, c'est passablement faux : non seulement les livres ne se donnent pas uniquement comme des témoignages, mais ils ont tous à des divers degrés des prétentions littéraires. Certains plus que d'autres, certes, mais Kerouac a d'évidence prétentions formelles. Il est curieux de vouloir retirer l'enjeu littéraire de ces écrits, enjeu qui est bien la seule chose qui pourrait les faire sortir de l'égoïsme scriptural qui est le leur et que tu prétends ne pas exister (c'est avoir une poutre dans les yeux à mon sens, mais bon). S'il y a une capacité à transcender cette "recherche" individuelle ou la dimension du "témoignage", elle est précisément dans la
littérature, ou bien elle n'y est pas et le récit en reste à un stade individualiste. Ce qui est bien ce que je disais. On ne peut pas défendre les deux positions à la fois.
Et du reste, c'est oublier l'impact de la beat generation dans l'histoire de la
littérature américaine, qui n'a pas considéré ces textes comme des témoignages mais bien comme des oeuvres. A partir de là, il y a bel et bien une rupture, et le fait qu'elle soit tout à fait annoncée par des auteurs comme Fante ne fait que renforcer ce fait.