Allez, tiens, ça me motive pour parler de quelques lectures récentes.
Beau roman sur la Première guerre mondiale, parfois un peu lourd dans son délire sur la fougue adolescente et les déchirements entre hommes (pour une femme, bien sûr, et pas très finaudement caractérisée), mais un bel hommage aux soldats de la Grande Guerre, et une juste reproduction de l'esprit sacrificiel qui régnait à l'époque chez beaucoup d'appelés. Quelques belles pages sur l'aviation également, même si ça reste très en-deça de Saint-Exupéry.
Mais Kessel, auquel je n'avais pas touché depuis le collège, me semble être un auteur intéressant.
Mon premier Manchette, et si j'étais pas à fond, j'ai quand même trouvé ça très sympathique, surtout par le côté extrêmement français de l'ensemble, malgré la fascination parfois un peu lourdingue pour l'Amérique que l'on sent poindre dans la prose sèche et assez étriquée de Manchette. Un auteur auquel je ne renonce donc pas, mais je n'en fais pas une priorité. J'ai été beaucoup plus convaincu par Simenon récemment.
Même si c'est un véritable page-turner (roman terminé en une après-midi), j'ai quand même été déçu par l'incapacité de Ballard de sortir du système qu'il crée lui-même, comme s'il se laissait emporter par l'absurdité de ce qu'il décrit, jusqu'à un final ridicule dans sa radicalité. Au début, ça marche franchement bien, mais plus on avance, plus on sent que la métaphore plie sous le poids de la péripétie, et finalement, le jusqu'au boutisme du truc transforme la fable absurde en une espèce de roman de genre pas désagréable, mais assez vain. Dommage.
Merveilleux roman de cosmic horror même pas traduit en français, beaucoup plus feutré que du Lovecraft : l'histoire de la mort étrange d'un professeur d'université, consommé par un feu inexplicable, et l'apparition concomitante d'une femme étrange, froide comme la glace. J'ai trouvé ça superbe, tant ça prend son temps pour poser une ambiance, pour donner corps à son mystère, avec une fin plus mélancolique qu'horrifique. Je conseille à ceux qui lisent l'anglais.