Forum de FilmDeCulte

Pommelées... J'avais jamais employé ce terme pour parler de fesses. Mais ok.

'Microfictions' se présente sous la forme de 500 textes courts, d'une page et demi, 500 'fragments de la vie de gens' au sein desquels des milliers de personnages évoluent. Nées d'une même pulsion d'écriture, dans un temps donné et toutes d'un même format, d'une identique structure, ces histoires courtes (chacune a un narrateur, très souvent une narratrice) racontent leurs amours, leurs crimes, leurs lâchetés, leurs petits fascismes ordinaires, quelques moments de bonheur ou de félicité parentale, tout en donnant leurs points de vue sur l'existence, sur l'éducation des enfants, mais aussi sur celle des vieux.

Les petites recettes de Jauffret déclinées en 500 versions. Du point de vue du style ça reste tout aussi prodigieux que ses meilleurs jets, art lyrique et en transe conjugant orgasme stupéfiant des ivrognes et bébés décapités (ouais, Valérie Lemercier n'ouvrira jamais les Césars sur du Régis), même s'il y a parfois un côté plus convenu beaufi-beaufo dès qu'on se concentre sur le cul comme si la crudité était une fin en soi. Beaucoup plus à l'aise dans l'humour noir poison et le désarroi tête dans le four comme d'habitude.

Une réserve cependant, et c'était déjà un peu le cas avec Asile de fous, c'est aussi une écriture qui exige, à mes yeux, qu'on ne voie pas trop les poutres. Et je trouve que Jauffret tourne un peu à la formule là, au niveau du rythme, des contrepieds (des thèmes aussi mais bon), là où l'architecture des monologues intérieurs d'une Woolf restera "invisible". Sur 1000 pages, c'est encore un peu plus flagrant, aussi brillantissimes soient-elles.

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Doll, it's a heartbreaking affair

La nuit polaire est longue au Groenland. Pour la meubler, les chasseurs disséminés sur le désert de glace se racontent leurs aventures, véridiques ou pas, leurs racontars, devant une bouteille de schnaps. Un soir, à court d’idées, Mads Madsen invente Emma. Qui prendra vie mais lis-tu ce pitch petit rhododendron d’une manière assez imprévisible.

Comme chez Paasilinna (ouais moi je te fous Finlande et Danemark dans le même sac) je trouve le style trop sage pour le récit, trop pantouflard pour son ironie et son piquant de picolos magnifiques en banquise. Du coup les nouvelles se suivent comme un train qui passe et il ne m’en reste pas grand-chose. Peut-être passé à côté.

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Doll, it's a heartbreaking affair

par contre tu saurais pas qui a illustré la couverture? j'aime beaucoup

C'est de Rea Irvin (c'est vrai qu'elle est belle).

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Doll, it's a heartbreaking affair

merci!!!

Le petit carnet perdu
Jeanne de Berg

Alias Catherine Robbe-Grillet, qui raconte sa deuxième vie de maîtresse bondage et ses cérémonies sado-maso qu'elle consigne dans un petit carnet, et comment ce carnet a été perdu puis retrouvé, anoté par un malotru peine-à-jouir. Aucunement voyeuriste et croustillant malgré une large part du livre conscré à une cérémonie mêlant éphèbes humiliés et érotisme contrarié, ce récit est un petit précis d'exploration de sexualité alternative, à mi chemin entre l'auto-destruction psy, l'intimisme exhibé en toute franchise et désir de toute-puissance. J'avais découvert Catherine Robbe-Grillet dans la première création de Gisèle Vienne, Une belle enfant blonde où elle était la principale attraction, superbe de charisme sévère en donnant vie aux textes (pour la plupart nazes) de Denis Cooper. J'ai toujours en tête cette image d'elle quittant la scène après l'accueil un peu froid de la pièce de stature autoritaire, de maîtresse-femme. En plus elle écrit donc vraiment bien. Un régal.

D'ors et déjà le numéro uno de 2007, mais manque de bol il est sorti en 2005... un grand chef d'oeuvre passionel... Proust meets Seinfield (aec du cul, de la drogue et beaucoup de fougue)

Sous les rayons du soleil couchant, la plaine du Henan est rouge, rouge comme le sang. Ce sang que vendent les habitants du Village des Ding pour connaître une vie meilleure. Mais, quelques années plus tard, atteints de « la fièvre », ils se flétrissent et quittent ce monde, emportés par le vent d'automne comme des feuilles mortes. Seul le fils du vieux Ding, qui a bâti sa fortune sur la collecte du sang, continue de s'enrichir en vendant des cercueils et en organisant des « mariages dans l'au-delà » pour unir ceux que la mort a séparés.

Roman magistral que ce Rêve du village des Ding, une chronique lyrique racontée par le fantôme d’un gamin empoisonné sur un village qui s’étiole en même temps que ses habitants au sang malade tombent comme des feuilles et s’éteignent comme des bougies. Son auteur Yan Lianke, censuré en Chine, en fait une fable cruelle au décor de printemps éternel et aux relents d'Ames mortes, racontant aussi l'effondrement rural aux abords d'une ville transfigurée, avec au coeur de tout ça une histoire d'amour tourneboulante. Le plus beau que j'ai pu lire parmi les bouquins de cette année.

6/6

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Doll, it's a heartbreaking affair

La solution à 7% de Nicholas Meyer

Nicholas Meyer, réalisateur de C'était demain (où HG Wells poursuit jack l'Eventreur dans le San Francisco moderne) est surtout connu pour sa contribution aux films Star Trek. C'est simple, il a réalisé ou scénarisé tous les bons épisodes avec l'équipe originale : la revanche de Khan, Retour sur Terre, et Terre Inconnue (c'est la règle des nombres pairs).
Ce qui a l'a lancé, c'est ce bouquin.
La solution à 7%, c'est le mélange que s'injecte Sherlock Holmes. Complètement accro, il est persuadé que son ancien tuteur (le Professeur Moriarty), est un génie criminel (ce qui, dans la version de Conan Doyle, est le cas). Watson décide donc de l'en sortir, et imagine un stratagème avec Mycroft, le frère de Sherlock, pour l'amener jusqu'à Vienne, où un docteur emploie de nouvelles méthodes (on est en 1891, je vous laisse imaginer de qui il s'agit).
Meyer, sous le prétexte d'un manuscrit inédit de Watson, propose donc une version alternative de la fameuse "mort" de Holmes (il est tué par Moriarty aux chutes de Reichenbach, en Suisse). Outre une rencontre délicieuse de Sherlock et du fameux Docteur, on a droit une véritable enquête tendance géopolitique où les deux prodiges s'unissent. Bref, c'est super bien, j'ai eu envie de me faire tous les Holmes et tous les Star Trek.

Le soleil se lève aussi - Ernest Hemingway



Un groupe d'expatriés américains fait la fête à Paris. Un jour, ils décident de tous partir en Espagne. Pour faire la fête. Et boire. Beaucoup...

Toujours exploration de l'oeuvre de l'ami Ernest qui décidement n'arrête pas de toucher au coeur avec moi. Ici, il s'agit d'un roman qu'il écrit en 1926, et qui prend place dans le Paris de la génération perdue. De jeunes hommes qui sortent de la guerre, qui boivent sans cesse, et qui ont perdu tout illusion et qui partent en Espagne avec une nana dont ils sont tous plus ou moins amoureux.

Une vraie histoire de paradis perdu, avec encore une fois ce passage de l'age adolescent à l'age adulte et la confrontation de ses dures réalités, notamment au niveau sentimental. C'est encore une fois écrit avec une simplicité déconcertante, mais d'une clarté rare: Les descriptions des villes espagnoles mais surtout des corridas, c'est du grand art. On sent l'amour d'Hemingway pour cet art, pour l'alcool, pour la bouffe, pour les femmes. Egalement une partie de pêche, véritable bravoure littéraire.

Tout est mélancolie ici. Les histoires d'amour sont impossibles, le personnage féminin est terriblement perdu et désabusé, les hommes sont seuls et tristes... C'est un très très beau roman.

Une chronique provinciale qui a quelque chose de Maupassant dans la peinture de son décor rural, ses douleurs sourdes, ses secrets, ses bonheurs tranquilles et ensommeillés, qui permet d'apprécier une nouvelle fois l'écriture épurée et fluide d'Irène Nemirovsky, fluide comme l'eau dans laquelle on se noie ou celle qui rejette ses personnages comme une mer trop agitée. C'est un nouvel inédit qui fait surface après Suite française, celui-ci est plus "mineur" mais reste superbe.

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Doll, it's a heartbreaking affair

Les Lettres d'Edith Wharton

A Paris, la jeune Lizzie West tombe amoureuse de Vincent Deering, le père de la petite fille dont elle est l'institutrice. Devenu veuf, Deering doit repartir aux Etats-Unis. Les amants se promettent de s'écrire, mais rapidement Lizzie ne reçoit plus aucune lettre. Quelques années plus tard, elle le croise par hasard..

Tout compte fait Clochette, je ne te le conseille pas.
L'histoire en elle même n'est pas mal et au début ça va mais plus on lit, plus on trouve ça chiant, un peu scolaire peut être. En plus, on croirait qu'il manque des passages (on passe du l'instant à présent à 2 ans plus tard qui dure 4 pages puis on arrive à 3 ans plus tard sans détails, sans transitions entre les parties).
A la rigueur, le lire dans les transports.

Salopes
Dennis Cooper

Gloire et déchéance d'un escort boy au travers de fiches clients, de fax, mails et conversations MSN qui s'il excelle dans la description d'une sexualité sado maso jusqu'au boutiste et de la schizophrénie déraillée du cul sur le net (le petit minet mineur adulé pour son cul finira en bouillie, explosé de coup, démembré, castré, brûlé), se perd un peu dans son concept qui ressasse son trash et dans la fausse excuse des envolées flippantes finalement mytho.



Cartographie des nuages
David Mitchell
Gros buzz mérité pour cet écrivain anglais multinominé au Booker Prize et marathonien d'autres récompenses grâce à ce best seller 2004 qui sort enfin en France. Grand roman, d'une ambition littéraire démesurée, rapportant les correspondances d'un juriste dans le Pacifique en 1850, l'enquête d'une jiournaliste d'investigation sur la piste d'un complot nucléaire dans la Californie des années 70, les lettres d'un compositeur bisexuel belge vpué au supplice, les déboies d'un éditeur britannique, ou l'oraison funèbre d'un cyborg. Cinq miniromans séparés par le temps et le style (lettres, roman chapitré, conversations, interviews...) dont les intrigues se répercutent deux fois dans le bouquin avec une chronologie inversée maligne parfaitement huilée par de savants effets ricochets. Quand la métafiction rencontre un écrivain surdoué (seulement deux bouquins et déjà star en Grande Bretagne)... Très envie de découvrir son Ecrits fantômes qui jouait déjà visiblemet avec son grand zapping de destinées ezntrecroisées.