Persuasion (Jane Austen)
(oui, je sais c'est déjà marqué au-dessus)Je m'essaie à Jane Austen, qui s'avère être super facile à lire (dévoré en une demi-journée - bon c'est très court, mais quand même, vu que je lis jamais...). J'y retrouve exactement ce qui m'avait déjà plu dans les adaptations cinématographiques (notamment celle de Wright) : des aventures intérieures, des tempêtes d'interprétations de regard, de signes, d'expressions fugitives. Une cathédrale de raisonnements et de stratégies qui se bâtissent sur les plus infimes humeurs observées, slalomant en non-dits sur la montagne de codes offerte par la société Géorgienne. La midinette inside me est comblée par les amants faussement indifférents, l'amour idéalisé et contrarié, et ça marche très bien. Et puis y a quelques grands passages (l'écriture de la lettre à rebours, puissant !)
Je suis un poil surpris par le côté un peu bouillonnant, voire instable du style (pas tellement de la maladresse, mais l'impression que dans l'élan, l'écriture brûle un peu le fignolage sur son passage). Peut-être aussi la traduction est-elle en cause : me suis rendu compte après avoir lu le bouquin que c'était celle de 1882. Mais il y a un côté parfois butor, une grosseur du trait moral (qui paradoxalement se double d'une finesse dans la description de cette société) qui partitionne les personnages entre gentils et méchants, entre glaciaux et joviaux, ces derniers étant décrits avec un tel enthousiasme qu'ils emportent implacablement l'adhésion (me suis dit à chaque fois, dès qu'un nouveau marin arrive : "putain, je me fais encore avoir"). Ça se concrétise notamment dans un dernier chapitre surprenant, rapide au point d'en paraître bâclé, qui mène à terme de manière assez cash et inattendue une tendance au conte qui jusque là était restée à l'état de discret parfum (toute l'histoire évoque grave Cendrillon, mais toujours avec élégance, sans appuyer). Il y a globalement la sensation d'un roman un peu court, comme si une fois tous les personnages réunis on attendait une sorte de troisième acte à Bath.
Mais mis à part ça je kiffe, et c'est marrant de reconnaître là-dedans beaucoup de JK Rowling (oui, on fait avec les références qu'on a).
Sais pas trop quoi essayer ensuite, ayant déjà vu le Wright et le Lee. Si un de ses autres romans à votre préférence...