Forum de FilmDeCulte

en 1890, le parcours d'un fils de bonne famille qui devient un grand cambrioleur.

il y a bien des années, je lisais le voleur de georges darien et je décidais que c'était l'un de mes livres préférés.

des années plus tard, je regarde ascenseur pour l'échafaud, que j'adore, je décide de regarder les films de louis malle dans l'ordre, et je décide que j'adore j'adore j'adore ce monsieur, que le feu follet est l'un de mes films préférés, et j'arrive au voleur et je réalise que c'est tiré de ce livre, et ça me confirme, ému, que louis et moi, c'est du sérieux.

j'avais été alors un peu déçu, n'y retrouvant pas toute l'ampleur et la richesse thématique du livre.

la lecture du livre étant désormais lointaine, mon lien avec louis plus fort que cet amour de jeunesse, j'y suis retourné dans sa version restaurée (insupportable logo "festival lumière" au début du film, qui s'en fout du festival lumière ?, vraiment fremeaux qui pisse sur les films pour dire que c'est à lui, insupportable).

et le film est tellement louis malle. les éléments autobios, évidents : le fils de famille bourgeoise qui prend la tangente pour un métier de marginal, dans lequel il se débrouille comme un chef. et sa personnalité, profondément rebelle et critique envers la société tout en restant poli, calme, bien élevé. et le fait est que le film est dévastateur dans le fond tout en étant tout le temps parfaitement conforme aux normes dans la forme, à l'image de son personnage principal qui viole les règles et les lois tout en étant bien coiffé, avec sa jolie moustache, et tout le temps aimable.
et c'est là le coeur du film, que j'aime tant. c'est un exploit car je suis cambrioleurphobe, je les hais, terriblement, alors suivre les aventures d'un cambrioleur sans avoir au bout de 4 minutes envie de le défoncer à coup de marteau piqueur c'est un exploit. mais le film déroule sa thèse anti-capitaliste, anarchiste, qui hait la société. tout le monde est un voleur, c'est le coeur de la chose : le grands bourgeois de droite qui donnent des leçons de travail et de réussite, les religieux, les politiques, les patrons, les femmes de la grande société, les pays qui accommodent très bien de ces activités, toute la société fonctionne sur des règles qui ne sont qu'hypocrisie, le vol en est le fondement, et la loi n'est là que pour protéger les riches des pauvres. et le film raconte un de ces hommes qui réussit ces vols en s’intégrant parfaitement aux règles de cette société, son intelligence est sociale - sa capacité à s'intégrer aux codes de chaque milieu est son atout principal.

je ne sais pas si je suis d'accord avec tout, mais la radicalité et la violence du propos, sous ce vernis de film splendide, presque académique, aux décors et costumes splendides, à la photo magnifique, avec sa grande star en lead, son récit sentimental en toile de fond, je suis totalement fan. de manière peut-être injuste mais commode, j'ai tendance à blâmer l'incontournable jean-claude carrière pour les éléments les moins audacieux, cette manière de se focaliser dans la deuxième partie sur les enjeux humains qui font un peu retomber l'intéret, parce que pour le coup les états d'âme d'un cambrioleur incapable de vivre une vie normale parce qu'il aime trop le crime - je m'en cogne.

ça reste fondamentalement la limite du film, une absence de souffle, un aspect bizarrement timoré dans sa deuxième partie. le film devient trop poli. peut-être pour plaire à belmondo et réussir à se financer. peut-être pour faire passer l'extraordinaire scène de modification de testament, qui serait trop antipathique si le reste n'était pas plus "doux".

il n'en demeure pas moins un film que je trouve assez unique, une histoire extraordinaire, une splendeur formelle, un incontournable de mon bb d'amour louis malle.

Un peu comme toi. Le voleur était un de mes livres préférés. Un grand livre anarchiste ! J'avais donc été aussi déçu lors de la découverte du film. Long métrage que j'ai grandement réévalué à ma re-vision à la mort de Belmondo. Peut être son son plus grand film pour moi.

en cherchant s'il y avait déjà un topic, je suis tombé sur tes propos à d'autres occasions et je comptais bien sur ton intervention ici pour abonder dans mon sens effectivement !

Pas mal de monde je pense (et heureusement pour le cinéma de patrimoine). En quoi est-ce que ce logo serait à considérer différemment de celui de n'importe quel autre festival ?

la flambée de logos depuis quelques années m'énerve déjà dans un premier temps, et ensuite non le festival lumière n'a un retentissement médiatique que très très secondaire en dehors de twitter, rien de comparable avec cannes / berlin / venise, etc. c'est clairement un abus de thierry pour faire monter le festival, sauf que du coup cette version restaurée sera jusqu'à la fin des temps avec ce logo au début.

mais on est clairement dans une ère où chaque festival petit ou grand, chaine de télé, boite de production executive, service de catering et studio de mixage se sent légitime à reclamer un logo au début de tous les films, oui.

Rien de pire qu'un film espagnol pour ça, enfin ce ne sont pas tant les logos que tous les fonds de soutien dans la co-pro.


Façon de s'accaparer un film/une œuvre qui a été reprochée à Frémaux à la sortie de Lumière ! L'aventure commence, non ?

Le Festival Lumière c'est quasiment 200 000 spectateurs, je ne sais pas quel est son écho dans les médias mais c'est clairement l'une des pierres angulaires pour les restaurations des films de patrimoines avec celui de Bologne.

notons que je n'ai pas reclamé autre chose que la présence du festival lumière sur le même panneau dont se contente courageusement le cnc pour indiquer que la restauration a été financée par les sous dont ils ont la gestion. mais un logo au début je trouve que c'est très clairement une :

[quote]Façon de s'accaparer un film/une œuvre qui a été reprochée à Frémaux à la sortie de Lumière ! L'aventure commence !/quote]