
un million d'années qu'il était sur ma liste. il est difficile à récupérer mine de rien, mais il était là, dans l'horizon, plein de promesses et je n'ai jamais renoncé.
et il a tenu toutes ses promesses.
le fait est que le cinéma français - et mondial, hein - ne produit plus vraiment de "nanars". des navets, des trucs atrocement mauvais, plein de choses, mais ce segment spécifique de "nanar" plus vraiment. et puis c'est dur à définir, un film qui se sait mauvais mais l'est au delà de ce qu'il avait lui-même prévu ?, et souvent un peu limité à des films de bonhomme et du genre bis ou, en france, à des comédies de max pécas quoi.
mais en 1997, m6 nous a offert ce film issu d'une autre galaxie, écrit tourné sorti en moins d'un an pour surfer le plus rapidement possible sur la vague dance machine / ophélie winter.
le premier charme du film est celui de ce grand bain dans ce moment des années 90, le meilleur de l'eurodance de l'époque (gala intervient) tout comme le pire (la chanson titre qui offre la gloire à l'héroine est digne d'un reject de g-squad), les visuels, les clichés, ce casting (sami nacéri, edouard moumoute et le 3ème mec qui est mort peu après qui seront tous les 3 dans taxi 1 an plus tard ! bernard le coq en producteur cynique et tout puissant ! une lead actrice atrocement mauvais qui n'a plus jamais rien fait !), le dance machine, vraiment un instantané de pop culture trash de l'époque, c'est extremement drôle.
le scénario est ensuite construit d'une histoire mega basique de petite meuf (17 ans, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un bodycount de 2 producteurs trentenaires en 1h30 de film) qui monte à paris pour devenir un vedette ce qui lui permettra de prendre sa revanche sur son père qui ne le sait pas, grand producteur de musique ! c'est du ab production de bout en bout, le tout n'ayant vaguement aucun sens (la meuf qui force l'entrée à bercy et erre dans les coulisses à la recherche du producteur alors qu'on nous a dit 5 minutes avant qu'elle a son adresse...?), raconté n'importe comment (il y a un segment de 30 minutes où elle devient une star imbuvable affublée d'une perruque atroce... et ce alors quelle n'a pas encore sorti son single...?)...
et le tout construit autour d'ophélie winter donc, dont les apparitions sont concues comme les scènes d'action dans un james bond : une toutes les 20 minutes chrono. pour 2 ou 3 minutes à chaque fois, le temps de débloquer miraculeusement une sitation ou de donner une leçon de sagesse. le tout en popant sortie de nulle part telle la fée du poitou (il y a une scène où la jeune héroine la... croise dans la rue, suivie par 2 caméras on sait pas pourquoi, le temps de discuter 2 minutes et voilà). la stardom d'ophélie winter ayant elle-même duré 2 ans chrono, la représentation faite de madonna puissance 10 du showbiz français parait légérement exagérée mais participe au delicieux bain d'années 90.
et puis alors il y a le film lui-même, la mise en scène digne d'un série ab, sami nacery qui insulte tout le monde et parle trop mal on sait pas pourquoi, cette impression générale de "on a pas le temps" mâtiné de "on s'en fout".
les deux peaks absolus sont atteints dans la scène où un personnage se fait broyer le bras dans une benne à ordure pour se retrouver 2 plans après (littéralement, 2 plans, 10 secondes) allongé au lit avec les bras intacts mais... un pied dans le platre ?!?
on a aussi ce moment où on quitte la jeune héroine en train de marcher dans la rue à paris avant de la retrouver dans le plan suivant inconsciente à l'hopital à marseille sans aucune explication de ce qu'il s'est passé - j'ai pensé à la cité de la peur quand une bobine saute et que dominique farrugia que là il ne comprend plus rien à l'histoire.
qu'est-ce qui a bien pu se passer ?
et c'est assez magique et touchant comme jerome cornuau a quand même continué à tourner, des trucs sympas puis une belle carrière télé. il y a vraiment de quoi faire une soirée ciné club d'anthologie avec un public d'homosexuels déviants et un q&a forcément génial avec lui après.
mon mari a dit qu'il n'avait jamais vu un truc pareil et que c'était pire que ce qu'il pensait, moi c'était pile conforme à mes plus fous espoirs. on a bien ri, on s'est repassé 5 fois de suite le plan du broyage de bras / jambe cassée, un très beau moment de cinéma.
2,3/10 sur imdb <3