Forum de FilmDeCulte

fin octobre/début novembre sortiront deux films de Haim Bouzaglo, ce Janem, Janem (Mon âme, mon âme) et Distorsion, que je n'ai pas encore vu.

Mais Janem, janem augure d'une belle découverte et allume mon envie. Dès le synopsis, on sent le truc audacieux (casse-gueule, certes, mais intéressant) : A 40 ans, Eldi Nathan voit mourir son équipier militaire sous ses yeux. De retour chez lui, il dresse un bilan de sa vie en parallèle de l'histoire de son pays : Israël.
Il part pour Paris. Mais aussitôt passée la frontière, Eldi fait le tour de l'aéroport et rentre clandestinement dans son pays pour le voir autrement. Il se joint à un groupe de travailleurs étrangers et partage leurs conditions de vie et de travail.
Il devient étranger dans son propre pays, clandestin à quelques rues de son domicile.

Ca pourrait être donneur de leçons, misérabiliste ou d'un spectaculaire douteux (genre Frères d'exil, de Yilmaz Arslan, sorti en avril). Ca parvient pourtant à être tout le contraire. Un peu comme l'allemand Au loin, les lumières, Janem, janem compose un film choral social assez habile, départi de toute notion de jugement moral, aux accents documentaires vivants et chauds, et non pas refroidis par un prisme véiriste parfois contraignant. L'univers dépeint par Bouzaglo est rude, pas drôle, côtoie la misère. Il est pourtant habité par une chaleur humaine et une solidarité fortes, une joie de vivre jouisseuse, une quête du bonheur jusque dans la mouise.

Rien que pour ça, le film vaut déjà le détour. Sa narration, ensuite, éclatée en divers pôles de personnages, force également le respect en ce qu'elle ne s'égare jamais et se dispense d'effets superfétatoires de déconstruction trop appuyée, ou syndrôme Inarritu-petit-malin.

Là où ça pêche un peu, c'est au niveau de la réa: gros point noir, tout est, en gros, filmé avec la même échelle de plan. On est en plans très rapprochés, un tunnel de gros plans d'une heure et demie, le tout monté très cut, avec une caméra nerveuse, quelques effets de montage et sonores trop marqués, trop ostensibles... ça finit par donner le tournis, par être too much, et ça frustre un peu car on aurait envie que ça se calme, de temps en temps, d'autant qu'il y a vriament de beaux moments, touchants, marquants... Ceci sans même parler de la fin, inattendue, casse-gueule une fois de plus, et au final très bien abordée...

Voilà, j'ai envie de recommander quand même, malgré le trop-plein d'une mise en scène fougueuse mais manquant de nuance. Et je suis très curieux de volir Distorsion.

4/6

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