Forum de FilmDeCulte

À l'occasion du procès d'une jeune femme, Elsa, qui avait pratiqué l'euthanasie sur la personne de son amant, on assiste au démontage du mécanisme du jury et à l'analyse du comportement des jurés prisonniers de leur vie personnelle, de leurs habitudes, de leurs tendances secrètes. Le débat entre jurés consiste à comprendre si Elsa a tué son mari pour mettre fin à sa souffrance ou si elle l'a tué par intérêt personnel, étant amoureuse d'un autre homme.

J'ai vu peu de films d'André Cayatte (six, je crois), mais j'ai toujours conservé de lui une image liée à mon enfance, quand j'avais découvert Les Risques du métier. C'est un cinéaste qui avance avec une légèreté de pachyderme, mais appuie bien chaque plan, chaque dialogue, mais qui sait aussi retourner le spectateur d'une scène à l'autre, lui donner à réfléchir, le mettre dans une position sans cesse inconfortable parce qu'il n'y a jamais, dans ses films, de solution juste. C'est souvent lourd, et c'est encore le cas ici (la dernière scène, mon dieu...), mais ça fonctionne plutôt bien. Aussi parce que c'est magnifiquement joué par un défilé de gueules qui ont tous leur place dans la rubrique "On ne sait jamais comment il s'appelle" (Noël Roquevert, Antoine Balpêtré, Raymond Bussières, Marcel Perès, Mouloudji...).

3.5/6

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J'ai découvert ce film ainsi que quelques autres des Cayatte pendant le confinement et malgré d'évidents défauts, j'ai été plutôt séduit par ces films démonstratifs sur le système judiciaire.

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There is no such thing in life as normal

Je connaissais même pas de nom. Comme t'en parles on dirait le prédécesseur de Claude Sautet

Pas sûr d'avoir vu un seul Cayatte avant celui-là, par contre j'avais déjà entendu parler de lui de manière exécrable. Finalement plutôt positivement surpris par Justice est faite, sorte de préquel de 12 hommes en colère ce qui n'est déjà pas rien, avec même un point de vue intéressant sur la sélection des jurés et leur motivation (j'avais vu Runaway jury peu de temps avant, avec une scène identique où l'accusation et la défense récusent les jurés qui ne leur conviennent pas, ça m'étonnera toujours les associations que le hasard de mes visionnages génèrent). Et il faut lui reconnaître aussi qu'il n'hésite pas à traiter de sujets de sociétés que j'imagine assez clivant pour l'époque (il n'y a qu'à voir comment la question de l'euthanasie n'est toujours pas réglé en 2021 pour s'imaginer à quel point le sujet devait être particulièrement houleux en 1950), de la condition féminine, du racisme (avec des bouts de pétainismes dedans), c'est peut-être aussi l'un des défauts du film que d'être trop généreux dans son tableau des tares de l'époque, ce qui dilue nécessairement son propos (et lui donne parfois un aspect film à sketchs). Il aurait forcément gagner en force à se concentrer sur l'un d'entre eux.

Sinon le film souffre également, comme la majeure partie des films français de cette époque, de la prépondérance des dialogues et de la recherche du bon mot, et de rebondissements scénaristiques pas toujours très heureux (pour en revenir à la question de l'euthanasie, l'irruption du personnage de Auclair, s'il pose de nouvelles et intéressantes questions sur la liberté sexuelle de la femme, vient quasi annihiler la question initiale, ce que je trouve extrêmement dommageable). Après les acteurs oui, c'est toujours un plaisir de voir les gueules de Roquevert ou Buissières, des mecs toujours impeccables dans leur second rôle, des profils qui ne me semblent plus vraiment exister aujourd'hui.

C'est d'ailleurs surprenant comme ce film n'est constitué que de seconds rôles justement. Il n'y a pas de personnage principal (contrairement à 12 hommes en colère). Avec comme conséquence des moments moins intéressants, comme celui où le jeune couple choisit son lit...

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Dans le jury tu veux dire? Ça colle avec ce que Cayatte veut faire (chaque juré est l'incarnation d'une certaine France de l'époque), mais oui du coup il y a beaucoup trop d'à côté (perso l'histoire du paysan qui se fait cocufier par Mouloudji le temps qu'il assiste au procès je trouve ça totalement nul, même si je comprends bien ce que Cayatte veut nous donner à voir, cette France rurale et ultra-conservatrice sur laquelle il ne faudra certainement pas compter pour que les mœurs "progresse"), il se disperse alors qu'il a un sujet en or qui demande au contraire que la réalisation se concentre sur l'essentiel.