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MessagePosté: 11 Juil 2025, 07:39 
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il y a du woody allen, ces marivaudages chez les 1% new-yorkais où les tourments du coeur révèlent les tourments des âmes.
il y a une sundancerie des 90s, avec ce culte des dialogues, ce regard acéré d’une artiste new-yorkaise sur ses contemporains, ces stars qui viennent jouer des vrais rôles entre 2 conneries plus lucratives.
il y a du meg ryan de la grande époque là-dedans - dans l’absolu ce pitch sur une matchmakeuse qui hésite entre un client qui coche toutes les cases, mr parfait pour toutes les femmes du monde - et son ex petit copain qui vaut que dalle sur le marché, ça aurait pu être avec meg ryan, jennifer lopez et qui sais-je encore. le ton aurait été différent mais en vrai le séquencier aurait été à 80% identique.

donc potentiellement pas mal de trucs pour me plaire ?

nan.

tout est ton et contexte. et elle a fait un truc hyper contemporain : l’adaptation des articles qui ont fleuri ces derniers mois sur l’épouvantable dating game new-yorkais - le squid game de l’ "amour" et du sexe où tout le monde a sa valeur sur le marché et cherche le meilleur parti, sans pitié sans états d’âme et en mode warrior. bref, le dating game en version stéroïdée, à l’américaine quoi. et déjà en lisant ce genre d’article j’étais un peu mal à l’aise. en quoi les malheurs sentimentaux des 1% new-yorkais nous concernent-ils ? ce sont des articles safaris - "regardez ces gens là comment ils vivent" à lire avec avec un frisson d’effroi qui nous rassure sur nous mêmes ? mais ce sont des américains, on les regarde avec fascination et répulsion, on est fondamentalement destinés à les imiter d’une manière ou d’une autre, du coup en vrai c’est censé inspirer les 1% parisiens à faire de mêmes ?

bref, mal à l’aise et surtout : rien à branler.

ça s’est de fait incarné pendant le film. rien à branler de tous ces gens. la meuf n’est pas particulièrement antipathique en soi mais enfin qu’elle couche avec l’un ou avec l’autre vraiment, dans les mots éternels de jacques-henri jacquard : mais qu’est-ce que ça peut bien nous foutre ?!
le positionnement du film m’a lui-même mis mal à l’aise. je ne doute pas que celine regarde tout ça avec effroi et en discutera dans ses propres soirées new yorkaise, une coupe de champagne à la main, pour dire « oh my god i’ts so crazy ». mais moi le délire de se tenir la main pour nous rassurer sur le fait qu’on est vraiment formidables de penser ce qu’on pense et que les gens qui ne pensent pas pareil sont vraiment épouvantables - c’est pas mon truc. donc vraiment les 45 premières minutes j’avais beaucoup de mal. et quand vient le questionnement « moral », j’étais aussi mal à l’aise parce que les gens qui sont dans ce game n’ont pas besoin que celine vienne leur faire la morale sur la manière de vivre leur vie. et la pirouette finale m’a mis franchement mal à l’aise, j’avais du mal à croire que ce soit vraiment la fin qu’elle voulait mais c’était quand même éloquent sur l’impasse de ce film mega new-yorkais qui veut donner des leçons aux new-yorkais - mais pas trop.
le traitement de « la violence sexuelle » était aussi intéressant. vraiment au sommet absolu de la hiérarchie de horreurs que peut subir une personne. rien au dessus. même pas besoin de préciser de quoi il s’agit. la simple évocation du terme est, en soi, suffisante. et c’était intéressant parce que dans l’article que j’avais lu ils disaient que désormais ils allaient bel et bien jusqu’à signer un consent form sexuel avant le date - ça faisait partie de la galerie des horreurs. pas de mention de ça ici, juste la mention d’un incident de nature sexuel qui fait donc basculer le destin de tout le monde. un regard « critique » mais les deux pieds fermement dans le game quand même.

et le tout, donc, avec un scénario qui sous ses petits airs est fondamentalement celui d’une romcom tout à fait classique sauf que du coup c’est pas feel good, c’est pas charmant, on tombe amoureux de personne, qu’ils crèvent tous.
les acteurs sont quand même sympas, ça rend triste pour cette génération sacrifiée parce que c’est des movies stars correctes qui n’ont évidemment pas eu l’occasion d’avoir les vraies carrières de movie stars auxquels ils auraient pu prétendre.

affreux.


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MessagePosté: 12 Juil 2025, 22:35 
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Malgré mon appréciation de Past Lives, je ne partais pas convaincu pour ce deuxième long avec sa bande-annonce de romcom basique et ses retours peu enthousiasmants. Je pensais avoir un avis similaire à celui de FingersCrossed.

A l'arrivée, je suis le premier surpris mais j'ai trouvé ça pas trop mal, intéressant, même si pas complètement convaincant.

Dans un premier temps, après une intro à la préhistoire qui flaire bon la démonstration, tu te dis que tu es dans une sorte de version genderswapped de Hitch à l'ère algorithmique, les techniques de pick-up artist cédant la place au matchmaking le plus froid et calculateur et le tout au service de riches connards et connasses antipathiques dans leurs exigences de riches.

Puis, bien que le film ne surprenne globalement jamais dans son déroulé, suivant un schéma de romcom, il étonne toutefois par sa subversion des codes du genre et surtout de la comédie de remariage, imprimant son rythme en contre. On devine aisément comment ce film aurait été monté et joué dans les années 40 en screwball comedy pleine de mordant avec son héroïne cynique et ses prétendants charmants, mais Song dirige ses acteurs de façon à ce que les répliques ne soient pas cinglantes, simplement des constats cliniques, elle laisse toujours quelques secondes en plus entre chacune d'entre elle. Elle réfute la comédie pour le drame. Elle épouse ainsi la subjectivité d'un triangle amoureux de post-trentenaires cachant derrière un pragmatisme détestable un amour propre tombé dans le caniveau.

Derrière l'appart à 12M$ ou le métier de vendeuse de rêve, il y a avant tout des personnes qui clairement se détestent elles-mêmes et ça se retrouve finalement chez cette cliente qui nous paraissait si privilégiée et capricieuse au début. C'est le portrait de célibataires abîmés par un monde qui n'a de cesse de te dire que tu n'as aucune valeur. Y a une scène de dispute dont la phrase de conclusion m'a limite trigger dans sa justesse sur ce que les carences financières peuvent faire à un couple.
"We hate each other because we're poor."
J'aurais sans doute préféré que le film s'intéresse à la vie de ces gens-là plutôt qu'à celles de new-yorkais qui font 200K€ minimum par an mais en même temps, je comprends le choix pour la démonstration.

J'en reviens à ce mot parce que le film n'évite pas un certain côté didactique dans son exposé. Tout est "exposé" justement, il n'y a jamais de non-dit, de sous-texte. En un sens, ça va de pair avec le côté "j'ai passé l'âge de tourner autour du pot" des personnages mais Song remplace un peu trop souvent une progression naturelle des arcs par des confrontations un peu arbitraires supposés mener à une révélation pour la protagoniste. Quand c'est pas des gros raccourcis.
Le coup de la cicatrice sur la jambe...soit tu la caches, soit elle a été vue avant, mais là c'est n'importe quoi.
Et la plus maladroite des "péripéties", c'est ce rebondissement central bresom, surprenant pour le coup, mais exploité davantage pour l'évolution de l'héroïne que pour ce que ça indique vraiment.
"Ma cliente s'est faite violer, je dois remettre en question ma vision du couple." WTF
Tout le dernier acte est évidemment téléphoné, voire limite forcé, et Song sort son épingle du jeu en mettant une fois de plus à nu ses personnages (offrant d'ailleurs à Dakota Johnson et Chris Evans l'opportunité de donner parmi leurs meilleures performances) mais j'ai beau croire aux mêmes valeurs, c'est un peu too much dans le contexte d'un film plus honnête.

Et j'ai trouvé la mise en scène subtilement impactante à plusieurs moments, notamment dans ses longs two shots de profil illustrant une égalité qui tranchent avec les champs-contre-champs le reste du temps.

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MessagePosté: 13 Juil 2025, 09:44 
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Film Freak a écrit:
Le coup de la cicatrice sur la jambe...soit tu la caches, soit elle a été vue avant, mais là c'est n'importe quoi.


oui, vraiment un truc de scénario avec de grosses coutures. c'est d'ailleurs vrai aussi du set-up, avec la copine qui lui raconte ça 30 minutes avant, incroyable coincidence. à la limite j'aurais préféré que ce soit une exigence d'une cliente ("je veux un mec de 1m80 minimum mais qui n'a pas eu d'opération pour rallonger les jambes, ça fait un corps bizarre je n'aime pas...") et ça aurait en plus justifié l'aspect "honteux" du mec avec ça.


sinon c'est pas dit que c'est un viol, si ? elle dit assaulted, que le mec l'a suivie aux toilettes, j'imaginais plus une offensive qui en droit français relève de l'agression sexuelle.


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MessagePosté: 13 Juil 2025, 14:00 
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Oui oui, ils ont sans doute pas été jusqu'au viol caractérisé parce que c'est déjà limite de se servir d'une agression sexuelle pour l'avancement de l'arc d'un autre perso.

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MessagePosté: 14 Juil 2025, 08:31 
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Robot in Disguise
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Etrange film qui en effet semble à la confluence des sous-genres. Ça des atours de comédie new-yorkaise jusque dans la typo de l'affiche - s'il n'y a pas la frénésie anxieuse d'un Allen ou d'un Baumbach, ça évoque plutôt du Whit Stillman moins blasé. En même temps comme dit Fingers ça pourrait tout à fait être un Meg Ryan de 1998.

Et le film est étonnamment désarmant, simple, presque à nu. Je m'attendais à un truc tellement plus retors et c'est un film effrontément frontal.

Le sujet m'intéresse grave et j'avoue avoir ressenti un certain plaisir à sonder les affres de l'hypergamie, surtout qu'il y a une pointe de voyeurisme mi-moqueur/mi-jaloux qui accompagne le visionnage.

Après j'ai franchement du mal à m'attacher à qui que ce soit dans le film. Tout le monde est au fond pas méchant et c'est sympa de les observer mais je ne ressens guère d'émotion. Y a juste quelques phrases "note d'intention"/radiographie du couple, certaines relevées par FF, qui touchent juste.

Pas foncièrement efficace ni cruel, au final pas si arty ni poseur (ce n'est pas l'objet "pop" cool qu'on pouvait attendre), le film reste aussi insaisissable à la fin qu'il l'était au début. En fait je crois que je reste à distance car je sens aussi chez Celine Song quelque chose d'un peu trop parfait, vraiment la super bonne élève quoi. Et de la même manière que jadis je ne voulais pas boire une bière avec Nolan, bah là c'est un peu pareil, elle me renvoie à des complexes et j'ai envie d'un peu l'ignorer.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 14 Juil 2025, 09:47 
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Elle coche pas tes cases loooool

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