Ma vision du film a été biaisée par un intérêt récent pour les maladies chroniques et mystérieuses, qui étaient le sujet d'une série documentaire récente de nextflix "Afflicted", laquelle a fait beaucoup parler, notamment les malades qui y étaient présentés et qui ont eu le sentiment que la série donnait une fausse image d'eux et de leur symptômes en suggérant que tout était dans "leur tête".
Je ne savais pas, avant de voir
Safe, que c'était l'un des sujets du film. Alors, qu'en penser ? J'ai aussi pensé à Antonioni, j'ai trouvé que c'était compétent mais finalement frustrant comme tous ces films qui ménagent de l'ambiguïté pour ne rien sacrifier sur l'autel de l'interprétation. Trop facile à mon avis, alors que le film dans son versant angoissant, limite grand-guignolesque (cette intoxication aux éléments chimiques ne manque pas d'être grotesque dans la manière dont elle se manifeste), fonctionne bien, on ne comprend pas parfois où Haynes veut en venir, désireux de laisser des pistes, et après tout la fiction lui en donne le droit.
Quelles sont ces marques qui apparaissent sur la tête de Carol ? La question est comme pudiquement tue. Sont-ils censés montrer que sa maladie est réelle ?
Que doit-on penser quand son mari fait remarquer la gigantesque maison du gourou, qui ressemble à la Maison Blanche, et surplombe les bungalows de la communauté ? Cela constitue sans doute une sortie hors de la subjectivité de l'héroïne et une remarque de bon aloi en passant sur le fait que les charlatans s'enrichissent et profitent du mal être des malades. Un peu banal.
Le film donne quand même le portrait intéressant d'un moi dévorant et qui tend à se renfermer de plus en plus sur lui même - ainsi que le montre la scène finale. La maladie, fût-elle vraie, apparaît comme une forme ultime de narcissisme.
Citation:
“What you are seeing outside is a reflection of what you feel within,” they’re told by their de facto guru Peter (Peter Dunning). “What I am seeing is a global transformation, identical to the transformation that I revel at, within.” That way of seeing — of viewing the world entirely through your specific prism, and gravitating towards those who feel the same — has been around forever, but as recently as 1995, it was still fringe behavior. In 2014, it’s a way of life, whether you’re Tea Partier, a Bircher, an InfoWars-er, an environmental terrorist, or a mainstream political party, and the Internet (still a luxury back in ’95) has only made it easier to find those who share your thinking, and assure you that you’re not alone.
ça fonctionne pas mal oui.