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MessagePosté: 24 Oct 2016, 09:04 
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Ses derniers films sont d'horribles pensum moralistes de vieux con. Aucune chance que j'aille voir celui-là. J'adorais à ses débuts pourtant...

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 24 Oct 2016, 09:25 
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Le mec porte un regard avec une compassion pratiquement sans égale dans le cinéma contemporain, mais on veut toujours le faire passer pour un type qui méprise ses personnages. Le problème, c'est que ça passe par et ça s'adresse à l'intelligence et non au sentimentalisme le plus dévoyé. Le Teckel signe un retour en forme après un Dark Horse bon mais un peu ténu; le principe du film à segments permet à Solondz de renouer avec un univers moins étriqué, mais pas moins anémié, seul reproche que je trouve à faire à son cinéma.
En effet celui-ci me fait penser à la manière rentrée qui caractérise la bd indépendante américaine, de Chris Ware à Daniel Clowes, les personnages sont dans un état de prostration autistique quasi-permanent, et j'aimerais qu'il explore d'autres comportements. Son problème, c'est que ses préoccupations sont presque uniquement morales, et qu'il les règle, sans y répondre, par l'humour, la tristesse et une certaine recherche esthétique - ça donne un cinéma d'un détachement qu'on rencontre rarement, ce n'est pas l'isolement existentiel et chic des bourgeois chez Antonioni, c'est une forme de vacuité qui va au-delà qui l'intéresse.
Le film commence par un plan fascinant du teckel qui découvre sa cage à la fourrière pendant de longues secondes.
Kieran Culkin est pas loin de faire quelque chose de bouleversant en peu de temps et avec une sacrée économie de moyens. Le segment avec le couple de trisomiques est en effet réussi et devrait suffire à balayer les âneries qu'on peut lire ici et là quant au cynisme éventuel de Solondz.


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MessagePosté: 24 Oct 2016, 10:57 
bmntmp a écrit:
En effet celui-ci me fait penser à la manière rentrée qui caractérise la bd indépendante américaine, de Chris Ware à Daniel Clowes, les personnages sont dans un état de prostration autistique quasi-permanent, et j'aimerais qu'il explore d'autres comportements.


Ce reproche me semble plus vrai de Clowes que de Ware. Ware travaille plus l'objectivité de la mémoire et la puissance qu'elle possède à la fois de recréer et d'interprêter le réel, y compris au plan politique, un peu comme Proust finalement, mais appliqué à la classe moyenne, alors que Clowes me semble en effet un peu se complaire dans la représentation de l'incommunicabilité et de l'atomisation hyper-individuelle des vies. Même si c'est vrai qu'il y a peut-être à ce sujet une forme de manichéisme chez Ware (ses personnages féminins -qui sont d'ailleurs très beaux- échappent plus facilement au ratage existentiel et au renfermement sur soi que les hommes, et d'ailleurs seuls les hommes vieillissent chez lui)


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MessagePosté: 24 Oct 2016, 12:53 
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bmntmp a écrit:
Le mec porte un regard avec une compassion pratiquement sans égale dans le cinéma contemporain, mais on veut toujours le faire passer pour un type qui méprise ses personnages.

Bon faut peut-être pas exagérer non plus ;)
Pas de mépris pour ses personnages "principaux" mais je comprends que certains soient agacés de voir ce cinéma peuplés de connards. Les parents dans le premier sketch avec n'importe quel autre cinéaste c'est de toute façon impossible de les aimer.


bmntmp a écrit:
En effet celui-ci me fait penser à la manière rentrée qui caractérise la bd indépendante américaine, de Chris Ware à Daniel Clowes, les personnages sont dans un état de prostration autistique quasi-permanent,
Très juste.

bmntmp a écrit:
Le film commence par un plan fascinant du teckel qui découvre sa cage à la fourrière pendant de longues secondes.
Les plans du Teckel dans sa cage quand il est dans la famille sont assez bouleversants. Petit pincement au coeur de mon côté.

bmntmp a écrit:
Kieran Culkin est pas loin de faire quelque chose de bouleversant en peu de temps et avec une sacrée économie de moyens.
Je ne le connaissais pas, une vraie révélation pour ma part. La scène avec son frère trisomique est bouleversante.

bmntmp a écrit:
quant au cynisme éventuel de Solondz.
Le cinéma de Solondz a toujours été cynique, il faut arrêter de voir ça comme un défaut (se reporter à la définition contemporaine). Après, je comprends qu'on n'aime pas ce cinéma qui cultive le malaise et est peu aimable. Par contre, le second segment n'a rien de cynique.
Marianne définit le film comme une comédie triste, j'aime bien également cette critique :
Citation:
Todd Solondz signe un film où l’humour est plus que jamais la politesse du désespoir et renvoie l’image d’un monde triste à en pleurer, mais qui, au fil de cette impayable odyssée canine, se révèle en fait à pleurer de rire.

Déjà-vu, ils t'ont copié ;) (référence à la politesse du désespoir).


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MessagePosté: 24 Oct 2016, 16:35 
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La fameuse "politesse du désespoir" est un cliché journalistique, qui, il est vrai, s'applique à l'humour de Solondz.

Gontrand a écrit:
Ce reproche me semble plus vrai de Clowes que de Ware. Ware travaille plus l'objectivité de la mémoire et la puissance qu'elle possède à la fois de recréer et d'interprêter le réel, y compris au plan politique, un peu comme Proust finalement, mais appliqué à la classe moyenne, alors que Clowes me semble en effet un peu se complaire dans la représentation de l'incommunicabilité et de l'atomisation hyper-individuelle des vies. Même si c'est vrai qu'il y a peut-être à ce sujet une forme de manichéisme chez Ware (ses personnages féminins -qui sont d'ailleurs très beaux- échappent plus facilement au ratage existentiel et au renfermement sur soi que les hommes, et d'ailleurs seuls les hommes vieillissent chez lui)


Je connais très mal mais c'est ce qui me rebute dans beaucoup de bds américaines à la très flatteuse réputation. Je feuilletais le 23 prostitués de Chris Brown, l'autre jour et un Daniel Clowes, je trouve le trip solipsiste, dépressif assez facile. Quant à Chris Ware, je pense évidemment à son Jimmy Corrigan, que je connais mal et qu'il faudrait que je relise. Mais c'est quelque chose dans laquelle j'ai du mal à rentrer pour les mêmes raisons - le héros complètement dénué de social skills, incapable de parler et qui se réfugie dans ses rêves est assez proche du dark horse de Solondz, même si les envolées oniriques de ce dernier étaient beaucoup moins grandioses. J'associe tout ça à une esthétique less is more (c'est paradoxal pour Ware dont on voudrait faire une sorte de maximaliste) qui me parle plus ou moins mais qui a la fâcheuse tendance à effacer toute forme d'originalité et à tout rendre monocorde.
Je trouve la comparaison du cinéma de Solondz avec ceux de Hartley et de Stillman intéressante, ils sont très proches tout en étant complètement différents. Ils ont tous les trois une approche assez analytique, mais les préoccupations de Stillman, issu d'une grande famille WASP (son grand-père a inventé le terme je crois) et grand fan de Jane Austen, tournent autour des codes et des rituels sociaux (c'est un cinéma bavard), Hartley a une tournure plus dostoievskienne (ce qui s'explicitait dans l'un de ses premiers films, qui tournait en boucle sur un extrait des Frères Karamazov) et romanesque, ses films mettent en scène des individus isolés qui vont se retrouver pris dans une espèce de projet communautaire/narratif, chez Solondz, on est dans un humour juif cinglant débarrassé des coquetteries de la psychanalyse et de l'introspection fumeuse et qui s'épanouit dans les saynètes.


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MessagePosté: 24 Oct 2016, 16:39 
Chez Ware, je trouve que le monde de Rusty Brown ou Building Stories est plus riche et singulier que Jimmy Corrigan (qui tourne sur la situation plus éculée de la non-réconciliation avec un père mourant).
Le récit de science-fiction à la Bradbury dans Rusty Brown et "l'enchassement" de l'enfant dans les deux chronologies du père et de la soeur sont :shock: .


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MessagePosté: 24 Oct 2016, 16:51 
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A lire donc :wink: .

Abyssin a écrit:
Pas de mépris pour ses personnages "principaux" mais je comprends que certains soient agacés de voir ce cinéma peuplés de connards. Les parents dans le premier sketch avec n'importe quel autre cinéaste c'est de toute façon impossible de les aimer.


Hormis le fait qu'il ait réalisé le portrait humain d'un pédophile (qui faisait un retour bouleversant dans Life During Wartime), comme le dit ce type sur imdb, "Todd Solondz makes interesting movies about odd, unattractive people, the people you're trying not to be, while most of other movies Focus on idealized people".
Les gens qu'on n'aime pas qu'on leur présente un miroir, c'est tout.


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MessagePosté: 26 Nov 2016, 11:49 
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Localisation: Ile-de-France
Film qui part sur de bonnes bases mais reste toujours à une distance amusée de son sujet, ce qui n'est pas désagréable mais ne permet pas de creuser la surface. De bonnes idées malgré tout et quelques moments très sincères et émouvants comme les retrouvailles du jeune que l'on pensait psychopathe avec son frère trisomique ou les interrogations désespérées de la vieille de Requiem for a Dream.


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