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MessagePosté: 04 Jan 2016, 09:38 
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Sir Flashball
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J'aurais dû détester : c'est français jusqu'au bout des ongles avec cette sociologie de comptoir, une direction d'acteurs rigide et molle (quasiment tout le casting est mauvais, à l'exception de Cremer : mention spéciale aux figurants qui jouent les caïds, qui ressemblent à des BCBG du 16ème), un onirisme et un mysticisme sous acide, et surtout, encore et toujours cette sexualité absolument ridicule, où aucune femme ne peut exister sans être un fantasme sur pattes (ou elle est tentatrice, ou objet de masturbation, ou elle se fait violer, etc. ; le cinéma français a vraiment un gros problème avec le cul, et ce jusqu'à aujourd'hui cf. les personnages féminins à se flinguer du dernier Podalydès.)

Et pourtant...
Déjà, formellement, c'est beau à se damner : peu de réalisateurs ont le sens du cadre de Brisseau, capable de donner à la banlieue la plus crasseuse et l'appartement le plus miteux une dimension quasi élégiaque ; et quel talent dans l'utilisation des formes, des couleurs, des motifs, des lignes. La photo et l'éclairage sont également franchement beaux.

Quant à la noirceur de l'ensemble, si elle peut paraître de prime abord caricaturale, elle sert en fait à construire une imagerie quasi mythique de la banlieue, une prison macabre à ciel ouvert obéissant à ses propres codes, avec une espèce de violence sale qui exclut la loi (joli passage où la voiture de police est rejetée hors les murs). Brisseau parle d'absolu (violence absolue, indifférence absolue, désespoir absolu), et il exécute cet exercice de funambule avec un certain brio.

5/6

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MessagePosté: 04 Jan 2016, 11:55 
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Castorp a écrit:
un onirisme et un mysticisme sous acide, et surtout, encore et toujours cette sexualité absolument ridicule, où aucune femme ne peut exister sans être un fantasme sur pattes


Alors tu vas avoir beaucoup de mal avec les autres Brisseau. Il me semble que le cinéaste se targue d'être un des premiers à montrer la dureté des banlieues françaises. Peut être qu'il a raison.
Faudrait chercher.


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MessagePosté: 04 Jan 2016, 11:59 
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Sir Flashball
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Cantal a écrit:
Alors tu vas avoir beaucoup de mal avec les autres Brisseau.


Vu son actualité faits divers, ça ne métonnerait pas : c'est un film de gros pervers un peu taré, mais étrangement, ça marche.

Cantal a écrit:
Il me semble que le cinéaste se targue d'être un des premiers à montrer la dureté des banlieues françaises.


On est quand même dans le fantasme total ici.

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MessagePosté: 04 Jan 2016, 16:25 
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Le fantasme total de la banlieue dans les années 80? ça n'est pas "réaliste" dans mon souvenir mais c'est difficile de juger de la part de fantasme (hormis les apparitions de créatures fantastiques) d'un film datant de cette époque.
Apparemment Brisseau a enseigné dans les années 70 à Aubervilliers.
Être prof en banlieue, ça ne te confère pas d'office une légitimité, j'en suis conscient.

C'est un reproche qui est fait régulièrement à ce genre de films. Par exemple, sous prétexte que Ma 6-t va cracker se termine par une fusillade improbable filmée à la John Woo, certains vont te dire que c'est une banlieue complètement fantasmée.

Perso, j'en sais rien, mais oui, c'est du cinéma.

Au passage, j'avoue que je ne mets pas trop les pieds en dehors de Paris. J'ai pris le RER pour rentrer de Roissy et je suis toujours ébahi par la laideur d'une bonne partie des habitations en banlieue parisienne. De manière complètement empirique, je dirais qu'on a commencé à s'en rendre compte et les nouveaux immeubles utilisent une architecture et des matériaux beaucoup plus décents mais il y a certains architectes, promoteurs immobiliers et politiques qui ont les mains très très sales.


Dernière édition par Caribou le 04 Jan 2016, 16:40, édité 2 fois.

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MessagePosté: 04 Jan 2016, 16:36 
Les films de banlieue du cinéma français ont une histoire bien plus vieille que les annes 1980. Le problème de la "bonlieue" est est déjà présent "la Guerre est Finie" de Resnais, "l'Amour Existe" de Pialat et le "Joli Mai" de Marker. Voire "Playtime" de Tati ou même les films de Debord qui finalement décrivent de façon radicalement différente le même monde et le même système. Même les premiers Rivette ou des Godard comme "Bande à Part" sont travaillés par la banlieue. Rivette filme très bien la banlieue dans "Céline et Julie" ou même la "Bande des 4", même si c'est le rapport est exactement l'inverse du cinéma réaliste français: le récit mythique et symbolique est construit de manière visible et intentionnelle par les personnages, tandis que l'ancrage "social" réel fonctionne comme un sous-texte en partie refoulé ou caché.

Ce qui est troublant et frappant c'est que la prise de conscience de la représentation de la banlieue au cinéma en France est compètement liée et dépendante du problème de la représentation de la guerre d'Algérie et que l'on n'en est pas sorti.
C'est frappant dans la littérature avec "Élise ou la Vraie Vie" qui est un beau roman, peut-être surécrit et un peu trop lyrique ce qui en dilue la lucidité politique, d'ailleurs aussi adapté en film en 1970. Même si "la Guerre est Finie" est sur le franquisme, il prolonge quand-même Muriel en étant le versant romanesque et désabusé de ce qui dans Muriel était encore un lien entre discours politique et "nouvelle" subjctivité. On peut penser par exemple "Indigènes" et "Hors la Loi" dont les acteurs se projettent dans une histoire qui n'est sans doute pas tout à fait la leur, celle du nationalisme algérien et de la constitution du partit-FLN, comme si la msie à jour de cet héroïsme restituait une voix à la banlieue et était une explication sociale (Lyotard a peut-être bien vu que le succès militaire du FLN impliquait au contraire une coupure entre pouvoir et peuple déjà dans la révolution). Même si les films de Bouchareb surmontent un refoulement et sont légitimes, ce n'est pas tout à fait la même histoire que celle du racisme en banlieue et la ségrégation par l'habitat et le sous-développement des infrastructures sociales.

[le seul brisseau que j'ai vu est "Choses Secrètes", qui n'a pas grand chose à voir avec la banlieue même s'y a un sous-texte social, qui m'avait semblé pas mal , mais un peu trop Fassbindérien tendance drague télévisuelle navrante à la Gainsbarre, et avec une fin archi-ratée).

Au début du "Mandat" de Sembène (1968) il ya aussi une courte scène qui est marquante sur la banlieue parisienne (même si elle se passe en fait à Paris, et qui pointe un décalage réelle: les diaspora africaines vivant en France sont ostracisées par la banlieue, mais souvent perçues comme petite-bourgeoise par la famille affricaine restée au pays, qui ne peuvent pas articuler non plus la situation des files d'immigrés avec la notion de prolétaires).

Venant de l'étranger mais ayant des proches à Paris (jadis au centre et maintenant en banlieue) c'est vrai que le cloisonnement est impresionnant à Paris (plus encore qu'à Bruxelles qui n'est pas non plus une référence). Entre la Garenne-Colombes et Bezons à l'ouest ou Montreuil et Vincennes à l'est les habitants ne se mélangent pas et ne se voient pas, , il y a peu de circulation directe , on passe par des strates d'habitat très dfférentes alors que les communes sont séparées de 500 m.Z la limite Les réseau de transport sont aussi parallèles en focntion des classes sociales : RER à Vincennes, Fontenay, Saint Maur (4 stations !!! une porte même le nom de Champigny qui est beaucoup plus populaire et derrière la Marne et une colline), mais aucune station à Montreuil ou Bagnolet qui sont les bouts du métro. Quelqu'un de Montreuil n'a aucune chance objective de sortir avec quelqu'un de Saint-Maur. Dans l'ouest pareil il est plus facile d'aller du centre de Paris à Saint-Germain en Laye, Maison-Laffitte ou le Vésinet que vers Bezons ou Argenteuil qui sont pourtant plus proches. C'est hallucinant qu'un mec qui habite Paris présente la prise du RER comme un voyage en avion.


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MessagePosté: 04 Jan 2016, 17:38 
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Sir Flashball
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Précisions intéressantes, merci.
(c'est mieux quand tu sautes des lignes)

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MessagePosté: 04 Jan 2016, 17:43 
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Brisseau c'est très bon.
Moi j'aime bien ses films pervers fauchés : Choses secrètes, Les anges exterminateurs, A l'aventure, La fille de nulle part. Je te conseille d'en voir au moins un. Après il ne faut pas se le cacher, Brisseau tente, il y a quelques scènes ridicules qui ne passent pas mais ça vaut vraiment le coup d'essayer et ça rompt totalement avec la première partie de sa carrière (regarde Noce blanche).


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MessagePosté: 04 Jan 2016, 17:46 
Un jour je retrouverai mon niveau, ma syntaxe et mon fighting spirit et je me souviendrais des raisons pour lesquelles je trouvais the Wire réactionnaire, et j'expliquerais sur ce forum comment aller de Mairie d'Ivry à Olympiades sans traverser la Seine et ce sera mon chef d'oeuvre et les femmes reviendront sur ce forum, vous aurez plein de jolies étudiantes rancéro-bourdeusiennes qui vous réponderont. Et peut-être même des artistes.


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MessagePosté: 04 Jan 2016, 18:15 
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Jamais vu The Wire mais il m'arrive de lire sous la plume d'écrivains noirs que j'apprécie que c'est une série qui perpétue des stéréotypes racistes sans vrai fondement dans la réalité.
Sans s'appesantir.


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MessagePosté: 02 Aoû 2016, 23:57 
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J'étais vraiment à fond jusqu'aux 20 dernières minutes où Brisseau choisit d'enfermer son film dans un glauquisme extrême. La rupture fait mal, au spectateur mais également à l'oeuvre je trouve, qui aurait pu s'en tirer de façon plus élégante.

Citation:
Brisseau parle d'absolu (violence absolue, indifférence absolue, désespoir absolu), et il exécute cet exercice de funambule avec un certain brio.


Moi j'ai trouvé ça un peu trop bourrin justement. De bruit et de fureur ressemble pendant longtemps à certains films de Bertrand Blier comme les Valseuses et je pense surtout à Buffet Froid, qui sont également violents, drôles, surréalistes mais déjà la violence dans ces films n'est pas aussi sombre mais surtout Blier sait en tirer une poésie incongrue qui sauve habilement ces films de la déprime ambiante et qui les rende même franchement émouvant. Brisseau choisit lui d'enfoncer son film dans une noirceur vraiment brutale, je trouve personnellement que c'est de trop.


J'aime ce film malgré tout, qui m'a vraiment fait rigoler à certains moments ! 4/6


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MessagePosté: 04 Aoû 2016, 09:04 
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Voilà, y'a rien de bien au ciné, donc on relance le challenge Tom Willis.

#lesvrais

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MessagePosté: 04 Aoû 2016, 09:15 
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Je suis chaud ! J'ai matté Black Book hier, finalement ça me permet de vider ce qui trainait dans mon dossier "à voir" depuis 10 ans


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MessagePosté: 04 Aoû 2016, 09:19 
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J'adore ce film. Un des grands films français des années 80.

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MessagePosté: 20 Déc 2023, 16:34 
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ce riche topic, c'est chouette !

moi je ne connaissais pas du tout ce film, je l'ai découvert en me renseignant sur le thé au harem d'archimed. j'ai été surpris du thème parce que je ne savais pas que brisseau avait fait quelque chose dans sa vie sans avoir la main dans le slip, mais le thème m'intéresse donc go.

mais déjà, même pour un faire un film sociologico-tragique sur la banlieue, brisseau avait quand même la main dans le slip et j'ai trouvé ça vraiment détestable. comme le dit castorp, toutes les femmes sont des fantasmes sur pattes, que des jeunes et jolies jeunes filles manifestement castées parce qu'il voulait se les faire. tous les corps féminins sur dénudés, molestés, agressés sexuellement, brutalisés, et aucun n'a le droit d'avoir une vraie personnalité (et à part la prof, une storyline). pendant ce temps naturellement les garçons restent solidement habillés, même quand ils sont interrompus au milieu d'une baise, mais ce n'est qu'un élément parmi d'autres pour dire que c'est pas du male gaze qui est à l'oeuvre c'est du gros pervers dégueullasse gaze et vraiment, pas mon délire.

après, en tant que 'film sur la banlieue', j'ai pas eu l'impression d'en avoir pour mon argent. il est forcément cocasse de voir l'époque où les racailles de banlieue s'appelaient jean-roger, mais le fait que la population soit 100% blanche et en mode loubards tradis - alors que le thé au harem... qui date de 3 ans avant montre que le changement de population de ces cités et de délinquance était déjà entamé m'a fait pensé que le film était un peu déconnecté de la réalité. d'autant que il mêle des trucs qui semble semi factuels (les rixes à coup de couteau...) et des trucs grand-guignolesques (le père qui s'entraine au tir dans son appart). j'ai trouvé le regard sur les gens assez condescendant, ça n'aide pas à comprendre grand chose, vraiment bof.

reste l'histoire elle-même, qui ne manque pas d'intéret dans l'absolu (un petit gars qui se retrouve contaminé par les bandes, en gros) mais qui reste très légère et traitée avec une distance qui empêche une vraie empathie ou émotion. il y a une mise en scène et un ton qui se complait dans une aura intello (artistes intellos la main dans le slip dans les années 80 aimant les fraiches jeunes filles, je crois que c'était une petite caste très sympa) alors que vraiment c'est pas brillant ni très riche. le ton faux, les dialogues artificiels, le scénario écrit et figé, c'est son style et c'est pas mon délire.

reste effectivement que c'est visuellement plutôt beau malgré une laideur très années 80. les cadres sont splendides (4/3, pas de mystère), les immeubles sont impressionnants, françois négret est troublant, et y a des jolies choses à droite à gauche. et surtout, restauration splendide - je voyais les screens de true lies et vraiment quelle chance on a de prendre un tel soin de notre patrimoine pour que même des films pas forcément hyper connus ou prestigieux comme celui ci aient droit à une restauration de cette qualité.


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MessagePosté: 20 Déc 2023, 16:42 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Je suis en pleine rétro Brisseau (enfin si j'arrive à mettre la main sur les films qui manquent) et il devient l'un de mes réalisateurs français préférés. J'aime quasiment tout.

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CroqAnimement votre


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