Forum de FilmDeCulte

À New York, le jeune ambulancier Ollie Cross fait équipe avec le très expérimenté Gene Rutkovsky. Le jeune homme va découvrir les risques du métier et être confronté à l'enfer quotidien de la violence et de la détresse humaine. Cela va le pousser à revoir sa vision de la vie et la mort.

Pas fan de Sean Penn, ni de Bringing Out The Dead que je n'ai jamais pu finir, mais la BA m'avait parue bien tendue.

C'est au final un drame institutionnel qui coche toutes les cases, du débutant qui prend de plus en plus cher au vieux briscard qui finit par perdre pied, en passant par le bully de service et le supérieur noir acariâtre (Mike Tyson, pas mal). Ces poncifs confèrent une armature confortable et attendue au récit, sans prise de risques, sans ennui non plus. Là où Sauvaire m'a semblé plus aventureux, avec un regard plus singulier, c'est dans le choix d'insister autant sur un facteur en particulier propice au burn out dans ce genre de métiers, au-delà des sempiternels (mais très réels) manque de moyen/de reconnaissance et conditions de travail lamentables, à savoir : le public. A plus forte raison, le public d'une grande ville.

Les mecs enchaînent les interventions auprès de criminels, dealers, toxicos et malades mentaux au cours desquelles ils se font insulter, menacer, agresser. Parfois c'est simplement tragique, d'autre fois presque amusant, mais la plupart du temps on voit bien l'assaut ne serais-ce que verbal et psychologique que subissent les intervenants de première ligne face au lumpenprolétariat, conséquence directe, palpable de toute la formidable déliquescence humaine et sociétale qu'il annonce et accompagne fidèlement. Assauts quotidiens qui entament les capacités au détachement et à la distance professionnelle nécessaires à l'accomplissement de tâches et gestes urgents, qui broient la vocation, et qui ne sont pas pansés par une institution débordée elle aussi par l'urgence et les procédures, laissant les agents livrés à eux-mêmes donc d'autant plus à risque de faire n'importe quoi (seul moment où l'institution se réveille, comme souvent).

Ces scènes sont finalement les plus intéressantes du film, car les plus vraisemblables, celles qui en disent le plus long sur le sujet ici abordé et, bien sûr, au-delà sur la monocultre occidentale. Ca vit plus que les poncifs narratifs qu'il y a autour : si l'histoire et les personnages avaient été moins engoncés dans cette formule sécurisante qui vient mitiger toute l'ambivalence morale des scènes d'intervention, propices à donner à réfléchir de manière inconfortable, ça aurait été d'un autre niveau. Mais le contexte n'y est pas propice, malheureusement (la scène d'excuses à la fin vient rajouter une bonne dose d'humanisme rassurant : ça va aller).

Honnête.

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Looks like meat's back on the menu, boys!