Forum de FilmDeCulte

Le 11 janvier 2008, Josh Cohen et ses associés, avocats de la ville de Cleveland, assignent en justice les 21 banques qu’ils jugent responsables des saisies immobilières qui dévastent leur ville. Mais les banques de Wall Street qu’ils attaquent s’opposent par tous les moyens à l’ouverture d’une procédure.
Cleveland vs Wall Street raconte l’histoire d’un procès qui aurait dû avoir lieu. Un procès de cinéma, dont l’histoire, les protagonistes et leurs témoignages sont bien réels.

Pur film de prêtoir à l'opposé du sensationnalisme d'un Michael Moore, ce doc convainc par la force de ses témoignages plus édifiants les uns que les autres sur la crise des subprimes aboutissant à une expropriation des pauvres par le grand-banditisme du système bancaire. Rappelant Bamako dans sa tenue d'un procès avec des protagonistes réels (y compris les jurés et les avocats, notamment celui des financiers qu'on croirait tout droit sorti d'une série américaine empêchant les témoins de rentrer dans le fond des choses en les obligeant par répondre par oui ou non ou en menant ses interrogatoires et sa plaidoirie d'une manière très narquoise), Cleveland contre Wall Street s'en démarque par un sentiment très amer de la désillusion politique et de la triste réalité où chacun ne veille que sur ses propres intérêts. On pourra également reprocher que le film s'attarde sur les jurés dans des séquences où chacun expose individuellement son avis qui m'a limite fait penser aux séquences d'élimination du maillon faible et qui cadre mal au dispositif ascète (le procès, et rien d'autre), mais il n'empêche que la fin m'a foutu les larmes aux yeux.
4-5/6

Perso je trouve que cette scène de délibération est le moment le plus fort du film : c'est lui qui va sonder vraiment l'état de la société américaine. Et même si le procès est "perdu", je trouve que la discussion qu'ils ont ensemble est ce qui véhicule l'espoir. Ils sont conscients que le rêve américain se fait sur leur dos. Et c'est un putain de pas de géant pour ce pays.

Ensuite, le film a vraiment de beaux moments. C'est dommage que le réalisateur appuie parfois un peu trop avec sa caméra (la gueule de l'avocat des banques à la fin, c'est presque interdit comme plan) parce qu'il n'en a pas besoin. La force est ailleurs et dans la saisie froide des témoignages (on est pas chez Depardon dans 10° Chambre mais presque) qui sont édifiants. Le film sait être intelligible dans son propos, éclairant sur les mécanismes qui sont en jeu. Et si le film fait le procès de Wall Street, il s'attaque au fond au système dans son ensemble. Tâche ardue s'il en est mais les séquences dans les rues de Cleveland sont absolument désolantes. On se croirait dans le décor de The Wire.

Y'a quelques goodies qui sont bien sympas aussi, comme ce dealer recruté par une société de prêt hypothécaire pour pouvoir appeler son ancienne clientèle.

Au final c'est déprimant mais également plein d'espoir sur la capacité de l'être humain à se révolter.

Si j'étais eux j'aurai mieux signalé que le procès se déroule en janvier 2008 (il me semble).

Parce que s'il déroule après le mois de septembre, c'est fini, les banques se font condamner.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Condamnées par quoi, par qui?

Ca ne change absolument rien au film et à son propos.

Par le jury.

Je pense qu'il y aurait une valeur pédagogique à dire plus précisément quand le procès se déroule.

Tu fais le même truc aujourd'hui, après le meltdown financier, etc., le jury les condamne.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mais le fait que le moment de dire si les banques sont condamnées ou pas soit ellipsé montre que l'intérêt est ailleurs. Ca en devient presque anecdotique.

Oui mais on comprend qu'elles sont acquittées... et c'est peut-être le révélateur d'un état d'esprit du public d'avant - allez on va dire septembre 2008 -, état d'esprit qui a sans doute pas mal changé depuis.

Je sais pas si je me fais comprendre en fait.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste