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MessagePosté: 24 Avr 2023, 09:55 
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Trouvé ça assez moyen et loin de l'enthousiasme général sur film.
En fait j'ai plusieurs problèmes majeurs avec le film. Le premier, assez rédhibitoire, est que je ne crois pas une seconde au personnage de Miralès (super nom ceci dit). Mec ultra cultivé qui cite Montaigne à la volée, a lu tout Herman Hesse, qui a fait un CAP cuisine, qui se fringue comme une sous racaille du 93 à base de vieux survet eclatés avec la sacoche en bandoulière et qui deale du shit. Il y a un truc qui colle pas, attention pas qu'un mec qui a fait CAP cuisine ne puisse pas être cultivé ou quoi mais juste là j'y crois pas. Ca rejoint un autre problème, c'est les premières minutes et la caractérisation des persos et de la situation à la serpe. Tout est trop évident tout de suite avec une lourdeur quand même. Que ce soit la domination Miralès/Dog (le coup du jeu avec les doigts là), que ce soit Dog beaucoup trop en retrait (le mec est quasiment mutique, tu as envie de lui mettre des claques), que ce soit leur relation trouble (la tentation homosexuelle qu'on n'évoquera plus jamais, posée là avec cette scène de chatouille - les mecs ont au moins 25 ans qui fait ça à cet âge là ?) etc... Le mec étale les cartes de manière trop grossière, c'est pas assez organique, je vois l'écriture en permanence.

C'est dommage parce que le film représente quelque chose de foncièrement original, surtout en fait pour son implantation dans ce village provençal et son personnage principal très charismatique. Et le film va connaître un climax lors d'une scène génial, la scène du restaurant, pour totalement se casser la gueule derrière. Parce que le réalisateur semble ne pas assumer la direction que prend le film (la relation amicale devient carrément toxique, voire mortifère), il détourne le regard et ne sait plus comment raconter son histoire, s'égarant un peu par ci par là (la scène nulle avec les cartes à gratter, là encore trop évident dans sa volonté d'être "authentique") et surtout trépignant d'impatience pour retomber sur ses pattes. Et c'est là qu'est mon plus gros problème avec le film où il devient limite problématique. On va donc évacuer COMME UNE MERDE le personnage féminin, rajouter une histoire NULLE avec des gitans et faire se réconcilier les deux copains à travers LA PIRE modalité, la confrontation virile et violente. Presqu'en totale contradiction avec tout ce que le film avait tenté de développer sur justement la figure masculine et la difficulté de la définir (Miralès qui est visiblement puceau...) le film se vautre dans une fin ridicule où les copains se réconcilient autour d'un acte violent et d'une démonstration d'amitié virile. Cringe as fuck.

C'est vraiment dommage parce que le film a vraiment des qualités notamment toute cette partie centrale où on s'enfonce un peu dans un malaise où tu te demandes où ça va aller (le dialogue sur le Canada, la scène du bar) mais le réal assume pas, c'est assez fascinant à voir, il détourne le regard de la violence psychologique de son propre scénario. Et cet ancrage territorial est vraiment réussi, ces plans du village, des routes qui s'en éloignent, ces grandes étendues quasi désertiques etc... Il y a quelque chose. Et comment ne pas mentionner Raphaël Quenard et son phrasé si particulier ? Ce mec ni vraiment beau, ni moche, sans âge, insaisissable et qui a une aisance impressionnante. Son personnage (même si je n'y crois pas totalement) tellement unique, improbable, à la fois sympathique et détestable. C'est la réussite du film.

Bien aimé la dernière scène sinon, pas de défaitisme et de fuite en avant au contraire. On peut être heureux dans le village, travailler, trouver sa place. C'est assez beau.

3/6

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MessagePosté: 26 Avr 2023, 16:37 
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j'y suis allé parce que j'avais vu deux courts du réalisateur : "le bal", gros machin produit par toutes les institutions susceptibles de donner des subventions et que j'avais trouvé sans intéret, formaté et pas grand chose à dire. puis "vrai gars", film quasi autoproduit pour 19 balles et que j'avais vraiment bien aimé.

c'est clairement ce dernier qui a servi de carte de visite pour celui-là, tant les points communs sont nombreux, et tant l'argument du film semble rachitique. donc même milieu social et géographique, ces white trash, petites racailles franco-franchouilles pas méchantes, dans un petit village rural - j'ai l'impression que c'est filmé dans le même. même capacité à créer un personnage assez insaisissable, pas aimable mais touchant. même talent pour créer le malaise, le regarder dans les yeux, et en tirer la vérité humaine.

mais effectivement, l'impression de voir un film mi-cuit. c'est un long, mais en vrai ça aurait pu être un moyen, ou un court. c'est un premier film, mais ça pourrait être un 19ème tant rien de tout cela ne semble viscéral ni nécessaire. sans tomber dans la mystique d'une histoire enfouie dans le coeur du cinéaste et sortant telle quelle, le fait est que des pans entiers du film semblent être issus de réécritures, de retours, d'ajouts... au final, le coeur battant du film est vraiment très maigre.

mais pourquoi pas ! c'est une chronique, un portrait psychologique. sauf que c'est pas très riche ni profond, on a effectivement compris assez rapidement, les évolutions venant ensuite d'artifices de scénario plus que de quelque chose de vraiment organique. donc le personnage principal est vraiment saisissant, y a des scènes puissantes, c'est génial de plonger dans un milieu social que l'on voit si peu, mais c'est quand même vraiment pas grand chose.


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MessagePosté: 02 Mai 2023, 17:53 
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Art Core a écrit:
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Trouvé ça assez moyen et loin de l'enthousiasme général sur film.

Pareil.

Citation:
En fait j'ai plusieurs problèmes majeurs avec le film. Le premier, assez rédhibitoire, est que je ne crois pas une seconde au personnage de Miralès (super nom ceci dit). Mec ultra cultivé qui cite Montaigne à la volée, a lu tout Herman Hesse, qui a fait un CAP cuisine, qui se fringue comme une sous racaille du 93 à base de vieux survet eclatés avec la sacoche en bandoulière et qui deale du shit. Il y a un truc qui colle pas, attention pas qu'un mec qui a fait CAP cuisine ne puisse pas être cultivé ou quoi mais juste là j'y crois pas.

Au contraire, moi j'y crois assez, à ce mec, fils de peintre, érudit, qui a fait un CAP cuisine mais s'invente des excuses pour pas taffer, prétextant l'exigence, comme pour son célibat, et se gâche à zoner en asseyant sa domination sur les autres pour compenser.

Citation:
Ca rejoint un autre problème, c'est les premières minutes et la caractérisation des persos et de la situation à la serpe. Tout est trop évident tout de suite avec une lourdeur quand même. Que ce soit la domination Miralès/Dog (le coup du jeu avec les doigts là)

Je trouve ça plutôt bien vu parce que tout est déjà là mais on est encore dans le registre du jeu.

Citation:
que ce soit Dog beaucoup trop en retrait (le mec est quasiment mutique, tu as envie de lui mettre des claques)

Ca c'est davantage un souci. Déjà, c'est effectivement grossier jusque dans le nom du perso (Dog, sérieux?) mais surtout, comment avoir de l'empathie pour un mec qui se laisse autant chier dessus et devant tout le monde? (oui je fais du victim-blaming)

Citation:
que ce soit leur relation trouble (la tentation homosexuelle qu'on n'évoquera plus jamais, posée là avec cette scène de chatouille)

A-t-on besoin d'en avoir plus en même temps?

Citation:
C'est dommage parce que le film représente quelque chose de foncièrement original, surtout en fait pour son implantation dans ce village provençal et son personnage principal très charismatique. Et le film va connaître un climax lors d'une scène génial, la scène du restaurant, pour totalement se casser la gueule derrière. Parce que le réalisateur semble ne pas assumer la direction que prend le film (la relation amicale devient carrément toxique, voire mortifère), il détourne le regard et ne sait plus comment raconter son histoire, s'égarant un peu par ci par là (la scène nulle avec les cartes à gratter, là encore trop évident dans sa volonté d'être "authentique") et surtout trépignant d'impatience pour retomber sur ses pattes. Et c'est là qu'est mon plus gros problème avec le film où il devient limite problématique. On va donc évacuer COMME UNE MERDE le personnage féminin, rajouter une histoire NULLE avec des gitans

D'accord avec tout ça. Tant qu'il s'agit de faire la peinture d'une relation toxique et d'un cadre, le film est convaincant (même si pas foncièrement intéressant) mais dès lors qu'il s'agit d'en faire quelque chose puis de conclure, il a recours à des artifices grossiers et peu crédibles (la bite sur le capot, starfoulah).

Citation:
et faire se réconcilier les deux copains à travers LA PIRE modalité, la confrontation virile et violente. Presqu'en totale contradiction avec tout ce que le film avait tenté de développer sur justement la figure masculine et la difficulté de la définir (Miralès qui est visiblement puceau...) le film se vautre dans une fin ridicule où les copains se réconcilient autour d'un acte violent et d'une démonstration d'amitié virile. Cringe as fuck.

Je n'ai pas la même lecture que toi sur cette fin.
Miralès revient par loyauté et virilité mais perd son chien (ce qui interrompt la baston où tout le monde se regarde penaud et ça sonne comme un wake up call) sans en gagner un autre (Dog part à l'armée).
Mais après, je suis d'accord que je crois pas du tout à cette soudaine évolution de Miralès.

Citation:
Bien aimé la dernière scène sinon, pas de défaitisme et de fuite en avant au contraire. On peut être heureux dans le village, travailler, trouver sa place. C'est assez beau.

Ouais bah justement, j'y crois pas du tout.

Citation:
Et comment ne pas mentionner Raphaël Quenard et son phrasé si particulier ? Ce mec ni vraiment beau, ni moche, sans âge, insaisissable et qui a une aisance impressionnante. Son personnage (même si je n'y crois pas totalement) tellement unique, improbable, à la fois sympathique et détestable. C'est la réussite du film.

Clairement.

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MessagePosté: 12 Mai 2023, 08:41 
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Un jour trois films (Les 3 Luxembourg, 17h20).

J'avais lu le scénario que j'avais trouvé correct et dont je me rend compte qu'il a quelque peu changé avant le tournage. En tous cas on y voyait déjà la qualité principale du film, ce décor de village occitan white trash jamais pittoresque, à rebours des clichés aussi bien ruraux que de banlieue. Un netherworld unique en son genre et trop peu montré au cinéma.

Tout ceci est à l'image de Miralès, protagoniste insaisissable et constamment fascinant. Cultivé mais glandeur, charmant et irascible, amical mais possessif, il est plein de contradictions et l'interprétation de Quenard est géniale. Ça faisait longtemps que j'avais pas vu un personnage aussi mémorable dans un film. Même Bajon, pourtant un bon acteur, paraît presque faux à côté.
En règle générale j'ai de toute façon apprécié le cast. L'accent de Galatea Bellugi est extra, on ne voit normalement jamais ça dans les films français. Même les seconds rôles (Paco, le gitan...) sont pas mal.

En fait c'est vraiment ça la moelle du film, et elle est précieuse. Car ce qui va autour est davantage convenu: relation de domination/soumission, homoérotisme larvé, village-boulet... On connait ça par coeur, et pourtant grâce à la caractérisation et l'incarnation le film réussit à nous marquer.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 28 Oct 2023, 22:50 
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L’autre jour, je fais du stop du côté de Bédarieux. Je vois une mercedes un peu déglinguée débouler et deux jeunes s’arrêter. « Tu vas où ? » « Au prochain village » qu’ils ne connaissaient pas. Ils allaient, disaient-ils, aux champignons. Je monte, il y a une 16 ouverte à côté du conducteur et un parfum de bière flotte dans l’habitacle. Forcément, ça donne envie de voir Chien de la casse. Et c’est franchement moyen.
D’abord avec ses intentions trop visibles, en essayant de faire du personnage de Quénard un personnage fuyant, rétif aux stéréotypes que sa dégaine survit-requin dans un petit village de l’Hérault pourrait susciter, la phrase de Montaigne dès la première minute, c’est comme une carte trop vite abattue. Pareil pour la scène où l’on voit que sa mère fait de la peinture abstraite. Deuxième problème, le réalisateur ne sait clairement pas cadrer Quénard et son personnage qui aime bien s’écouter parler est un peu insupportable. Cette manière de penser qu’il suffit d’égrener quelques mots comme cacochyme pour impressionner le spectateur, c’est un peu insulter son intelligence - même si bien sûr ça marche. Le problème, c’est que tout ce qui constitue des problèmes dans le film, ce sont ses sujets. Ainsi le personnage fuyant de Quenard : il a un accent bizarre car il vient de Grenoble (comme l’acteur). Mais il monopolise tellement la parole qu’on croirait que c’est le seul avec une pointe d’accent du sud-ouest dans le sud. Ça explique facilement que son accent soit approximatif. Donc on a un type du cru et qui n’est pas du cru, un zonard qui n’en est pas vraiment, c’est le principe, le film essaie de cadrer une réalité sociologique un peu fuyante, qu’on peut croiser dans la vraie vie mais bon. Les personnages vont et viennent un peu n’importe quoi (ainsi en va-t-il de la disparition de la jeune fille), le film avance cahin-caha mais sans montrer grand chose, assez cheesy, très propret, avec cette petite fin en demi-teinte tel que le cinéma en fabrique à la chaîne.


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MessagePosté: 28 Oct 2023, 23:01 
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Je me faisais justement la réflexion que les auto-stoppeurs avaient disparus du paysage, tu es une espèce en voie de disparition.


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MessagePosté: 28 Oct 2023, 23:08 
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Ce n'est pas dans mon habitude mais on m'avait dit que ça fonctionnait bien dans le coin pour des courts trajets - ce que je confirme. Après les clichés façon Superbourrés sont un peu vrais.


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MessagePosté: 02 Nov 2024, 10:18 
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Je me retrouve un peu dans ce que disent Art Core et bmmntp
L'atmosphère et le travail d'écriture touchent. Le passage avec la fille est vraiment bon.

Mais le réalisateur utilise une forme de dispositif et d'humour à la fois édifiant, symbolique et un peu cynique pour empêcher son film de verser dans le cinéma plus social (Guillaume Brac), qui en étouffent la fin. Je pense au redoublement du personnage de Dog par un chien réel, le seul à mourir, un signifié qui se sacrifie pour le personnage qui l'utilise comme symbole, rendant le titre littéral et programmatique. Ou au fait que Mirales mette finalement du fromage dans la carbonera au restaurant, image un peu macronienne de la rue à traverser pour trouver du boulot (alors qu'il est prêt à se brouiller avec mère par intégrité culinaire). Et les scènes avec l'Idiot du Village et ses billets de lotto sont faciles.
Il y a une forme de tension entre la situation des personnages, dans un monde fragile mais socialement structuré et sans risque fort (même si le personnage de Miralès est finalement un dealer, intimidant - sa culture est assez crédible car c'est une stratégie de pouvoir et aussi une couverture) et une recherche individuelle de légitimation et d'explication radicales, qui semble commune au réalisateur et ses personnages. Chacun sait qu'il n'a pas de point de vue et s'en plaint, le sens est érotisé : on le désire et on en a peur, on le voit comme une fatigue possible. En ce sens c'est un dispositif plutôt qu'un récit, du faux naturalisme (bien imité). Dans la réplique finale de Miralès sur son père explicite un peu cette idée : en dealant il fuit les rêves car ils annoncent le réel, comme si la causalité et la représentation étaient à elles seules des tragédies, mais aussi des clés interprétatives. La quotidien est rassurant tant qu'il est hermétique.

Le film est peut-être aussi un peu dominé par le souvenir de Sans Toit ni loi de Varda qui se passe un peu (plus vers Nîmes et Arles je crois) dans la même région (mêmes couleurs hivernales, même type de musique, les femmes agées artistes mélancoliques, tolérantes mais (car) seules, rappellent le personnage de Marina Vlady, même Gallatea Bellugi ressemble physiquement à Bonnaire. Les Peugeot du films renvoient aussi aux années 80).

Maintenant cela reste intéressant, il y a 45 minutes vraiment très bonnes

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


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