Forum de FilmDeCulte

L’EXPÉRIENCE BLOCHER, c’est l’histoire du leader politique le plus haï et admiré de Suisse. C’est aussi l’histoire d’un face à face, étrange et singulier, entre un réalisateur et un homme de pouvoir. Une fable sur le pouvoir qui capture l’esprit d’une époque où, partout dans cette Europe en crise, se lève le vent des nationalismes.

Souvent, on peut dire d'un documentaire qu'on n'aime pas trop que la forme est scolaire, que ça manque de rythme, que sa place serait plutôt à la télé... Ici au contraire, Jean-Stéphane Bron est juste passé à côté de son sujet, portrait de la figure de proue de l'extrême droite suisse qui au fait de sa gloire fédéra près d'un tiers des électeurs. On prend souvent la Suisse pour une patrie réactionnaire vis-à-vis des résultats anti-immigration de ses referendums, mais c'est oublier que le pays repose sur cette démocratie directe, et qu'il ne faut pas se leurrer, vu l'état de haine latente la société française, on aboutirait sûrement aux mêmes résultats, avec des marges sans doute bien plus larges. Il suffit d'une pétition recueillant cent mille signatures pour aboutir à un vote, résultat, il y a une quinzaine de referendum par an qui parachèvent la domination de ces tribuns populistes à la Blocher, qui a pourtant fait fortune sur un modèle de management spéculatif à la Bernard Tapie alors qu'il est vénéré par une base électorale rurale.

Et Bron, pourtant réalisateur du saisissant Cleveland vs Wall Street, se fait balader par Blocher qu'il filme la plupart du temps à l'arrière de sa voiture en enchaînant les coups de fils dont le spectateur se fout un peu, alors qu'il a eu accès au personnage dans une phase clé de sa déchéance. Mais non, on l'entend tout au mieux plaisanter avec Blocher, alors qu'il enchaîne ensuite sur un procédé très petite bite où il ajoute une voix off sentencieuse faisant l'apologie de son ascension politique en évitant systématiquement la confrontation. Résultat, l'animal, beaucoup plus soft dans ses propos que son virulent successeur Oscar Freysinger, s'en tire sans laisser de plumes grâce à une communication verrouillée, achevant un film qui ne repose plus que sur de maigres intentions.
2/6

J'avais déjà trouvé ça moins incroyable que prévu, Cleveland vs Wall Street