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 Sujet du message: Excalibur (John Boorman, 1981)
MessagePosté: 09 Avr 2020, 21:40 
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Naissance, vie et mort du Roi Arthur.

Merveilleux.

Boorman arrive à compiler énormément d'éléments du mythe arthurien dans un scénario cohérent, tout en respectant l'esprit des mystères inhérents à la littérature médiévale. Pas besoin d'expliquer tout ce qui arrive, ni de fil rouge. Et un fatalisme dont la seule bouffée d'oxygène est l'espoir, qui tient lieu de foi.
Cet espoir, c'est le Graal qu'on ne trouve qu'au-delà de notre conscience, dans le monde des rêves chers à Boorman, qu'il place au même niveau que l'état entre la vie et la mort.
"Excalibur", c'est une épopée païenne, mystique, magique. Mais dont l'Homme est le pivot.
Parce que pas un seul instant le Graal n'est ramené à Jésus (qui est résumé au visage d'un homme durant le mariage) mais à Arthur, figure messianique. Qui fait aussi office de prophète, annonçant des jours meilleurs.

"Excalibur", c'est sur la naissance de la nouvelle religion, celle de l'Homme. Mais un Homme néanmoins humble face aux forces de la Nature.
A Camelot, qui commence dans la Nature, avant ses murs, on croise partout des effigies de dragons, à peine quelques croix chrétiennes. On y croise aussi les sciences et techniques. Et avant d'avoir le droit de connaître les mystères de la magie, il faut d'abord prouver ses connaissances en physique, chimie et botanique.
Film illustrant la naissance de l'humanisme et de la raison, rappelant que leurs racines remontent à ces Âges Sombres. Mais l'Homme reste peu de choses et n'a d'autre choix que de servir une cause plus grande que lui. Et échoue plus souvent qu'à son tour.
Ce refus du raisonnable, dans les attitudes et les discours, dialogues et toutes les scènes assumant complètement l'artificialité, tout en tragique, gagne en cohérence dans cette intégrité.

"Excalibur", c'est des acteurs grandiloquents, une direction artistique splendide de tableaux préraphaélites, romantiques, baroques, symbolistes à la Klimt, des paysages irlandais magnifiés (les mêmes que "Zardoz"!).
Une narration pour une vie opératique, en 3 actes, dans des scènes et plans exubérants et de chevaleries trop classes (l'adoubement d'Arthur, le duel Gauvain/Lancelot, la dernière chevauchée), on retrouve les traditionnelles questions de courage, de loyauté, de l'honneur inhérent au genre. Sans oublier la jalousie, la fierté, la luxure et la violence. Toujours ces éléments qui font l'Homme.
C'est le film qui réunit, en les devançant "Conan le Barbare" et le "Seigneur des Anneaux". Le Camelot de "Excalibur" pourrait être une terre parallèle comme la Terre du Milieu, voire une autre planète, mais il s'inscrit complètement dans notre réalité, car les personnages sont outrageusement humains.
Merlin, le seul non-humain, tire de moins en moins les ficelles à mesure que le film avance. Pour se retirer du monde, souffrant de ne pas connaître les sentiments humains. Quand il s'en approche sous le charme de Morgane, c'est là qu'il se fait piéger. Avant de revenir par la grâce de ces mêmes humains, mais à travers leurs rêves, et donc leurs espoirs. C'est aussi le seul personnage a toujours manier l'humour, comme une preuve de sa capacité à savoir se détacher de la gravité du monde.
L'autre qui arrive un temps à le faire, par sa naïveté et sa simplicité, c'est Perceval, ce sera lui qui trouvera le Graal.

Toujours les thématiques chères à son auteur qui ajoute à la question de l'héritage biologique, déjà aperçu dans "Zardoz", une dimension plus tragique, non plus seulement vivre avec le regret de ses actes (Arthur, Lancelot, Guenièvre) mais sur l'héritage de l'œuvre d'une vie, ce qui restera après son passage. Accepter que les choses ne seront plus sans renier ce pourquoi on a vécu.
Difficile de faire plus simple illustration du conflit des générations que la lutte Arthur / Mordred (que s'est accaparé la mère). Echo à Leo the Last, alors que Leo refuse le poids de l'ascendance qu'il ne trouve pas légitime, Arthur la refuse à sa descendance. Sauf que le premier a matière à être optimiste alors que le second entérine un échec.

Le boormanien rapport à la Nature va très loin dans la symbolique du corps humain, en l'occurrence celui du roi Arthur, qui souffre d'avoir abandonné le territoire, et réciproquement. Sur ce point, Boorman a eu l'excellente idée d'intégrer en Arthur les caractéristiques relevant traditionnellement du Roi-Pêcheur. Sans parler de l'utilisation de la succession des saisons. Et cette omniprésence de l'eau, avec la renaissance de Perceval qui rappelle celle de Voight dans "Délivrance" et, forcément, la naissance, ce passage du monde liquide au monde extérieur.

Et de belles trouvailles de mise en scène. Ce vert omniprésent, la lumière est un truc de malade dans ce film, le Dragon qui est la Terre elle-même et son souffle est sa force et chaleur tellurique. Combien aurait montré un "vrai" dragon ?
Une utilisation de la bande-son qui se fait de plus en plus diégétique, comme une aura autour des objets et personnages. Le summum étant quand le lieutenant de Mordred dit à ce dernier que les Chevaliers de la Table Ronde approchent: ce ne sont pas les chevaux qu'on entend se rapprocher mais le O Fortuna !

Et putain, à l'heure de l'esthétique plombée par les CGI, je rêve que tout film de fantasy soit d'abord filmé comme "Excalibur" (ou le "Dracula" de Coppola) avant que des CGI ne soient incrustés pour corriger les minimes défauts d'effets.

Ce film est un enchantement.


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MessagePosté: 09 Avr 2020, 21:50 
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J'adore ce film.


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MessagePosté: 09 Avr 2020, 22:31 
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Robot in Disguise
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Film que je sur-adore pour beaucoup de raisons très bien pointées par Bêtcépouhr plus haut. Mais ma dernière vision l'an dernier est moins bien passée, sans doute parce que je le montrais à une fille qui accrochait moyen et donc chaque défaut ou parti-pris extrême du film me mettait mal à l'aise.

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MessagePosté: 09 Avr 2020, 22:48 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Film que je sur-adore pour beaucoup de raisons très bien pointées par Bêtcépouhr plus haut. Mais ma dernière vision l'an dernier est moins bien passée, sans doute parce que je le montrais à une fille qui accrochait moyen et donc chaque défaut ou parti-pris extrême du film me mettait mal à l'aise.

En général, c'est plié quand Uther, tout en armure, couche avec Igraine. Il reste 2h de film.


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MessagePosté: 10 Avr 2020, 06:54 
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Garçon-veau
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J'adorais gamin. Et puis j'ai le souvenir d'une dernière vision où le montage (image mais surtout sonore, avec de bêtes fondus musicaux dignes d'un travail amateur) m'ont bousillé le film.

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MessagePosté: 10 Avr 2020, 10:42 
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Le Cow-boy a écrit:
J'adorais gamin. Et puis j'ai le souvenir d'une dernière vision où le montage (image mais surtout sonore, avec de bêtes fondus musicaux dignes d'un travail amateur) m'ont bousillé le film.


OBSESSION.

Revu l'année dernière : c'était encore meilleur que dans mon souvenir. Faut que je me le refasse au projo.

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MessagePosté: 10 Avr 2020, 10:43 
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MessagePosté: 10 Avr 2020, 11:18 
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Garçon-veau
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Castorp a écrit:
OBSESSION.

Revu l'année dernière : c'était encore meilleur que dans mon souvenir. Faut que je me le refasse au projo.

Non mais sans déconner, j'avais souvenir d'un truc hyper propre, dantesque, épique, et je me suis retrouvé devant une déception cosmique, un truc fait avec le cul bourré de flitres glow ridicules. Tant mieux si pour vous ça vieillit bien. Je vous retrouverai le nom de la meuf qui m'a fait de la rééducation orthoptique.

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MessagePosté: 10 Avr 2020, 12:17 
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J'aime beaucoup mais faut reconnaître que ça a vieilli.

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MessagePosté: 10 Avr 2020, 12:42 
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Art Core a écrit:
J'aime beaucoup mais faut reconnaître que ça a vieilli.


Ca dépend ce que tu appelles "vieilli". Même il y a 20 ans, le parti pris lyrique over the top était facile à rejeter.
Moi, en tout cas, je trouve ça beaucoup moins ringard que les films bourrés de CGIs qui sortent aujourd'hui.

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MessagePosté: 10 Avr 2020, 12:48 
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Le Cow-boy a écrit:
Castorp a écrit:
OBSESSION.

Revu l'année dernière : c'était encore meilleur que dans mon souvenir. Faut que je me le refasse au projo.

Non mais sans déconner, j'avais souvenir d'un truc hyper propre, dantesque, épique, et je me suis retrouvé devant une déception cosmique, un truc fait avec le cul bourré de flitres glow ridicules. Tant mieux si pour vous ça vieillit bien. Je vous retrouverai le nom de la meuf qui m'a fait de la rééducation orthoptique.


Nan mais quand tu parles de montage, y a quand même une part de déformation professionnelle qui fait que tu es VACHEMENT plus pointilleux que le commun des mortels. Et de petits défauts deviennent des machins rédhibitoires.

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MessagePosté: 10 Avr 2020, 12:55 
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Castorp a écrit:
Art Core a écrit:
J'aime beaucoup mais faut reconnaître que ça a vieilli.


Ca dépend ce que tu appelles "vieilli". Même il y a 20 ans, le parti pris lyrique over the top était facile à rejeter.
Moi, en tout cas, je trouve ça beaucoup moins ringard que les films bourrés de CGIs qui sortent aujourd'hui.


J'ai été profondément marqué par le film étant gamin, je me rappelle avoir demandé à mes parents de le relouer plusieurs fois. Je l'avais revu y'a plus de 10 ans, j'avais étais pas loin de l'indifférence, et je trouvais le film assez vieilli. Mais j'ai très envie de le revoir effectivement, je suis peut-être mieux à même d'accepter les partis pris.


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MessagePosté: 10 Avr 2020, 12:57 
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Il faudrait que je le revoie. J'avoue que mon côté cartésien n'avait pas su outrepasser certaines choses : la scène d'accouplement où le personnage garde son armure avec la voix off qui parle de "fruit de la concupiscence" avait suscité chez mon frères et soeurs et moi des rires gênés. Peut-être étions-nous impressionnés


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MessagePosté: 10 Avr 2020, 13:01 
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Jerónimo a écrit:
J'ai été profondément marqué par le film étant gamin, je me rappelle avoir demandé à mes parents de le relouer plusieurs fois. Je l'avais revu y'a plus de 10 ans, j'avais étais pas loin de l'indifférence, et je trouvais le film assez vieilli. Mais j'ai très envie de le revoir effectivement, je suis peut-être mieux à même d'accepter les partis pris.


Je me le refais ce WE.

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MessagePosté: 10 Avr 2020, 13:13 
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Il porte les stigmates des années 80 notamment dans la lumière comme beaucoup de films de cette époque. Ca m'avait frappé.

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