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MessagePosté: 14 Avr 2009, 04:50 
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Dans le top Hitchcock du forum, ce film obtient beaucoup de 5/6 honorables mais polis, j'ai l'impression. Dommage, tant c'est pour moi un des plus fascinants et poignants ouvrages du maitre.
En faisant fusionner une histoire d'amour entre deux personnages tourmentes et une affaire d'espionnage de la plus haute importance, Hitchcock produit la un film enorme, intense jusqu'au bout dans un final tendu jusqu'a la corde... qui debouche sur un des plans les plus terribles qui soient en noir et blanc, faisant un peu penser au final de Monsieur Verdoux dans le registre du sordide.
Les sequences magistrales s'enchainent, personnellement celle qui m'a le plus impressionne est l'arrivee initiale dans la maison des espions allemands, avec cette musique troublante, presque sinistre, qui vient de pieces alentours; et puis la mere de Claude Rains, que l'on voit en plan fixe d'ensemble descendre les escaliers, spectrale et menacante, pour se presenter a l'heroine.
Les "enchaines" sont eux magnifiquement interpretes par Cary Grant et, surtout, Ingrid Bergman. Personnellement cette femme me tue, parmi les grandes actrices d'Hollywood c'est vraiment elle qui me touche le plus, et davantage. Tellement de classe, de beaute, d'intelligence, de fierte aussi, matinee d'un sens de la derision et d'un humour peu communs. Dans le film, Ingrid Bergman est tout ca a la fois, et Cary Grant fait presque fade a cote, un comble. Claude Rains est tres bien lui aussi, tantot ridicule, touchant, et intimidant, bref, humain.
Pour la petite histoire le film m'a fait penser a True Lies, film d'enfance ou la femme du heros doit prendre son courage a deux mains et seduit pour tromper. Cameron, entre autres bien sur, s'est sans doute enormement inspire des Enchaines...
Gros gros coup de coeur pour ce film, au dela de son statut de "classique", je le situe tout la haut dans mon pantheon hitchcockien.

6/6


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MessagePosté: 14 Avr 2009, 09:02 
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Schtroumpf sodomite
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MessagePosté: 14 Avr 2009, 20:28 
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Poupée qui fait non
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Et gros scandale à l'époque car on n'avait jamais vu un baiser si long au cinéma !

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Janet


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MessagePosté: 14 Avr 2009, 20:35 
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Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
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ah oui, d'ailleurs il est sublime ce moment, mais ce qui est malin de la part de pervers-hitch est de briser sa continuite regulierement pour faire durer la sequence! :D


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MessagePosté: 02 Fév 2013, 16:06 
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Notorious en VO.
Une autre photo, déjà parce que c'est superbe...

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... et aussi parce que mea culpa, c'est pas de Gregg Toland (qui était que chef-op de deuxième équipe), mais le dernier film d'un autre chef-op, un certain Ted Tetzlaff.

C'est sans doute l'un des plus beaux Hitchcock. Il y a là-dedans une épure, une évidence, qui donne l'impression d'assister à un film de suspense comme au ralenti, résolument calme (peu de personnages, peu de péripéties, suspense intense tendu à partir de peu d'éléments), mais aussi étonnamment sobre (très peu de musique même aux moments-clés, le climax surpuissant qui se refuse tout épanchement lyrique). Un peu à la manière d'un Rebecca où ça fonctionnait moins bien (ou dans une certaine mesure, à la manière d'un L'Ombre d'un doute où ça fonctionnait bien mieux), j'ai l'impression que l'essence joueuse de son cinéma (le cinéma plus fier/ludique/cynique des années 50-60) établit un compromis avec la grande forme hollywoodienne, comme un terrain d'entente : avec sa pureté formelle, sa dimension romantique voire mélodramatique, sa célébration de l'amour, son premier degré (très peu de mélange de ton ici, très peu d'humour).

Je trouve ça très beau, Hithcock qui raconte une histoire d'amour, et non une histoire de chasse ou de désir. Il ne laisse rien passer de mignon ou d'idéaliste : timide chez Grant, doucement tragique chez Bergman (absolument exceptionnelle), la romance est sobre elle aussi par son peu d'effusions - alors que les rapports quasi sado-masochistes qui s'établissent à chaque rencontre (un homme contraint de prostituer la femme dont il est épris) sont d'une violence sentimentale inouïe. Il y a une sorte de pudeur là-dedans que je trouve bouleversante, jusqu'au méchant (l'allemand amoureux) dont les émotions sont maniées avec une délicatesse remarquable.

Non, vraiment, je trouve ça assez magnifique, avec un final exceptionnel. Faudrait le revoir dans de meilleurs conditions (malade et pas en forme, j'ai du faire plusieurs pauses), mais je pense que c'est l'un de mes Hithcock préférés.


Dernière édition par Tom le 02 Fév 2013, 23:32, édité 1 fois.

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MessagePosté: 02 Fév 2013, 18:23 
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:D


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MessagePosté: 02 Fév 2013, 22:46 
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Je pensais avoir vu pas mal de Hitchcock mais celui la je ne le connais pas DU TOUT. Paye ta filmo interminable.


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MessagePosté: 02 Fév 2013, 23:08 
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Vu il y a très longtemps et j'avais été fasciné par la richesse et la sophistication du film construit sur le fondement d'une intrigue extrêmement simple (une histoire d'espionnage + 2 hommes amoureux de la même femme). Très fort, vraiment.


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MessagePosté: 02 Jan 2016, 19:22 
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Sir Flashball
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Meet le film sur lequel MI : 2 a tout pompé.

Je dois avouer que je n'aime pas trop la première demi-heure, qui cumule tous les défauts de l'âge d'or hollywoodien, à savoir une sur-écriture constante, et une incapacité à porter les aspects légers de la romance, toujours filmée sous un angle tragique/emphatique (même s'il est vrai, la scène du baiser est assez innovante à ce niveau-là).

Heureusement, Hitchock parvient à désagréger tout ça dans la deuxième partie, en faisant de l'acte d'espionnage non pas le centre de son film, mais le catalyseur autorisant la romance à exister au-delà de son postulat je t'aime/moi non plus. Ce qui est magique ici, c'est que le suspense se double donc d'une vraie tendresse, laquelle permet à l'acte d'héroïsme de ne plus être une opération de séduction, mais bel et bien le sacrifice ultime.
Et ce dernier plan...

5/6

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Dernière édition par Castorp le 02 Jan 2016, 19:55, édité 1 fois.

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MessagePosté: 02 Jan 2016, 19:30 
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Faut absolument que je le voie celui-là...

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MessagePosté: 02 Jan 2016, 21:34 
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Schtroumpf sodomite
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Castorp a écrit:
Meet le film sur lequel MI : 2 a tout pompé.


Et c'est totalement assumé, hein.

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MessagePosté: 02 Jan 2016, 21:37 
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Sir Flashball
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Ah oui, clairement. La scène de l'hippodrome, c'est une copie conforme.

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MessagePosté: 11 Déc 2016, 23:43 
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Moi qui n'aime pas trop Hitchcock, j'ai trouvé dans ce film une émotion et une sophistication qui m'ont beaucoup touché. C'est (jusqu'ici) le film le moins cynique du réalisateur que j'ai vu mais aussi paraodoxalement le plus formel: ainsi les incursions dans le psychédélisme pour montrer l'alcoolisme puis l'empoisonnement du personnage de Bergman, avec des cadrages et mouvement de caméras que je n'ai jamais vus dans aucun autre film. Il y a dans ces visions une sorte d'opposition mort "honnête", silencieuse mais commensurable au monde des choses, comme les cafetières qui déchirent l'écran au moment où Bergman comprend qu'elle est piégée, et une mort "fasciste", qui est posée pour elle-même, sans symbole, mais qui parle (la mère de Sebastian). Bergman est extraordinaire, crédible à la fois comme femme perdue, abandonnée et vibrante et maître-espion, précise et impavide.

Il y a une grande thèse sur l'espionnage et le rapport de l'état à la vie privée des citoyens. Ce que la CIA utilise pour faire chanter Bergman et la forcer à coopérer n'est pas la menace possible de divulguer un vice qui serait de toute manière visible et conforme à un ordre social ou politique (même si cet ordre a été vaincu), mais au contraire, sa vertu et sa force morale cachée, qui fonctionnent comme une source de culpabilité secrète presqu'aussi compromettante qu'une faute, et qui de toute manière, dès lorsq qu'elels sont emplyables, lui interdisent toute vie privée et intimité véritable (celle-ci est un jeu et un programme, même si les sentiments sont réellement éprouvée).
Mais le chantage qui pèse sur elle est d'autant plus fort que l'état et la fonction police sont des objets de projection amoureuse de sa part . Lorsqu'elle lorsque voit pour la première fois Grant, il est une ombre immobile et muette comme une poupée, filmée de dos, obstruant le champ de la caméra, dans la même position que le spectateur réel du film, à qui elle dit de but en banc "vous je vous aime déjà", le spectateur est identifié au flic qui en même temps l'admire et la condamne, et qu'elle aime en retour. Le film inverse le rapport habituel: les personnages de l'intrigue, conscients que le film les confronte au fascisme, filmé par Hitchcock comme un mal absolu qui les dépasse mais qui fonctionne assi comme un code à forcer, essayent de se projeter dans les spectateurs pour le quitter; ils doivent par ailleurs déjouer ce que les spectateurs projettent de leur côté sur eux et qu(ils avaient initialement accepté d'endosser pour survivre.
J'ai rien dit sur l'érotisme du film, la mise en scène d'un couple sacrifié puis retrouvé , les messages de Baptiste et Tom ci-dessus en parlent de manière plus sensible que je ne pourrais le faire.

Le film fait aussi beaucoup penser au"Stranger" de Welles sorti la même année . Ces deux films se complètent, l'un montre le passé immédiat et le nazisme par l'image, l'autre par la voix, le refoulé du Welles est le mal radical porté sans remorde par criminel en fuite, celui de l'Hitchock est non pas la culpabiltié mais l'idéologie, avec le disque de confession "démocrate" de Bergman a abdiqué sa lucidité dans une tranaction sentimentale, refusé de critiquer le père de son vivant, renoncé à laisser des traces, l'image dans Welles incrimine le coupable lui-même, le son dans le Hitchcock, qui trahit un refus secret, une résistance avortée puis tue, l'héritier ou plutôt la génération suivante. Paradoxalement (ou pas) la phrase la plus forte du film est dite par le personnage d Claude Rains: "Beaucoup de choses sont mortes mais nous devons vivre". Frappant de constater que les deux films qui ont dit le plus rapidement des choses justes sur le nazisme et la nécessité des survivants comprendre leur propre culpabilité politique (y compris du point de vue des alliés) pour reconstruire une société, dès 1946, ont du passer par le genre du film noir, en en faisant un sous-texte. C'est finalement un traitement radicalement à l'opposé du cinéma de Resnais, qui ne filme non pas des communauté, mais plutôt la foi ou les valeurs qui la fonde, alors que le Welles et le Hitchcock essayent de faire la critique de ces valeurs, de franchir cette limite, tenter de montrer la commauté elle-même en consommant d'abord l'idéologie dans la fiction, là où chez Resnais l'idéologie est au contraire ce qui permet plutôt au récit de se répéter et de se maintenir à travers différents avatars, et qu'il doit conserver sans forcément l'adopter.
wks


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 11:16 
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Mouais, le personnage qu'Ingrid Bergman incarne si magnifiquement déteste viscéralement les flics («They make me sick »), et l'image même la fait charnellement évanescente, etc. Enfin oui c'est la question du nazisme (plus précisément que le fascisme) qui tient ce film noir, de l'idéologie politique, et de son avancée dans l'intime des vies. Du totalitarisme au sens d'Hannah Arendt. L'aveu d'un patriotisme américain qu'on lui arrache par la conversation avec son père enregistrée sur disque est une scène géniale, enfin presque toutes les scènes de ce film sont géniales, j'en vénère chaque dialogue, chaque plan. Il s'agit bien de montrer un empoisonnement idéologique (métaphoriquement), et l'empoisonnement vient bien des deux bords (nazis-mafieux et démocrates-CIA), me semble-t-il. Femme intoxiquée, corps intoxiqués, diminués dans leurs puissances, par les idéologies politiques. Il s'agit bien aussi de questionner la place du spectateur-flic.

Pour moi c'est le second plus grand film d'Hitchcock après Vertigo, si je dois faire un classement, d'un formalisme épuré mais charriant des thèmes de cinéma, des thèmes politiques, d'une puissance rarement vue (et entendue en effet vu la place que le son occupe dans ce métrage), et émotivement je mords la table, ou le siège devant moi, etc., à chaque vision de ce film, amoureux transi de ce lambeau de pellicule, snif.


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 11:50 
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Plus le film évolue plus elle a quand-même des rapports cordiaux avec le big boss que Cary Grant lui-même (scène géniale à l'hôtel où il reste avec ses chips sur le lit et il dit presque "appelez-moi si vous mourez") qui, tout compte fait, demande peut-être à se faire muter en Espagne plus à cause de son chef que de la relation Bergman-Rains.
Bizarrement le cynisme indifférent et misogyne du chef lui donne plus d'air que l'amour de Grant ; qui énerve quand-même Bergman en faisant de son propre sentiment une sorte de transaction censée la rembourser de l'honneur perdu et du risque qu'elle encourt (deux choses dont elle n'a rien à faire), et passe le film sur son banc à se demander si elle est bourrée, malade, une "sainte" politique à la Simone Weil, ou un peu folle, sans comprendre, même quand le film vire au tragique, qu'elle est un peu tout cela à la fois. Le personnage de Grant, séducteur fatigué, technocrate émotif, espion molasson, mari borné et infantilisé, patriote frustré à qui sa hiérarchie refuse le prestige du sacrifice, féministe muet, amoureux un peu con, est peut-être finalement le plus singulier, le plus complexe et le plus fort du film.


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