Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 25 Nov 2024, 17:07

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 9 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Europa (Lars Von Trier, 1991)
MessagePosté: 10 Nov 2007, 19:32 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 06 Nov 2007, 19:55
Messages: 3
Alors que je viens de revoir Europa, et que j'avais lu quelque part sur ce forum que Lars Von Trier était un réalisateur sans finesse, je me devais de réagir au travers de l'un de ces plus beau film; donc Europa. Europa, c'est tout d'abord une mise en scène d'une maitrise rare, absolument brillante
et toute en référence subtile, pas de dogme, pas de caméra épaule mais un classicisme expressioniste fort et puissant s'extirpant de tout académisme. Et que dire de l'esthetisme pur? C'est pour moi plastiquement l'un des plus beaux films si pas le plus beau des années 90 et peut-être même des années 2000, il n'a pas vieilli et le pouvoir d'attraction de l'atmosphere et de l'image du film est toujours aussi forte. Pour terminer le tryptique de cette oeuvre, l'histoire, adaptation de l'"Amerika" de Kafka à la sauce européenne qui lui donne son titre, aussi tordue, intense, et déréglée que celle dont pouvait nous gratifier le génial auteur tchèque avec des personnages angoissants, des situations absurdes,.. avec en plus un etat des lieux tres pertinent de ll'Allemagne d'apres-guerre.

Europa 6/6

ps: Et pour en revenir à Von Trier lui-même, la ou je le trouve justement tres fin c'est qu'il aurait pu continuer sur cette lancée de film extrement abouti et presque parfait autant dans le fond que sur la forme, et il a préféré encore une fois se prendre de revers, ce qui est tout à son honneur, Breaking The Waves et Dancer in The Dark sont justement tres fins dans leur lourderie et dans leur non-finesse, Trier le sait qu'il fait des films manichéens et bourrées de clichés (et il le dit lui-même dans le making of de Dancer) , à l'image de ce conte 'Coeur d'or' dans sa deuxième trilogie est tirée, mais la ou d'autres se seraient laissé engourdir et submerger par cette lourdeur et ce sentimentalisme exacerbé sans même s'en rendre compte, Von Trier lui en fait la matière première de ses films, en joue, et de par cette contrainte qu'il se donne encore une fois arrive à tirer des films extremements puissants et touchants, tout en étant volontairement manipulateur certes.

Je n'ai encore jamais été décu par Von Trier (je n'ai pas vu le Direktor mais ca ne saurait tarder), ses films ne me laissent jamais indifférent, ne sont jamais mou. Ca manque de réalisateur de cette trempe en France!

Vous aurez compris que pour moi c'est l'un des plus grands cinéastes contemporains 8)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 31 Jan 2009, 12:05 
Hors ligne
Connaisseur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Déc 2008, 12:24
Messages: 189
" You will now listen to my voice.... "

L'intro de Europa m'avait complètement laissé sur le cul tant sa puissance hypnotique atteignait sur moi un niveau dingue.
Je ne suis absolument pas fan de Lars Von Trier, mais je considère Europa comme son chef d'oeuvre. Effectivement, on est ici loin de ses délires auteurisants de sa période Dogme, la mise en scène étant d'une rigueur et d'une précision plaisantes. Europa est bourré d'idées visuelles, que ce soit la scène d'Hartman dans la baignoire, ses jeux sur la couleur et le noir et blanc, son travail constant sur les surimpressions...
Mais Europa n'est pas qu'un bel objet formel ou un exercice de style vain. Trier sonde l'Allemagne post-45, ses désilusions, ses nazis continuant à agir, ses marchandages avec les USA. Certains ont accusé Trier de complaisance envers le nazisme, auquel celui-ci a répondu qu'il ne s'identifiait pas aux nazis, mais aux perdants de l'histoire de manière générale.
La scène finale est magnifique. Trier partira ensuite dans une direction dans laquelle je ne le suivrai plus.

5.5/6


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 31 Jan 2009, 12:26 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Sep 2007, 09:31
Messages: 5008
BuzzMeeks a écrit:
Mais Europa n'est pas qu'un bel objet formel ou un exercice de style vain.


Ben moi j'ai pas pu y voir autre chose justement. Bien que ce soit un des noir et blanc les plus somptueux que j'ai pu voir, c'est quand même de la bonne grosse pignolade à mes yeux.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 31 Jan 2009, 13:11 
Hors ligne
Connaisseur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Déc 2008, 12:24
Messages: 189
oeil-de-lynx a écrit:
BuzzMeeks a écrit:
Mais Europa n'est pas qu'un bel objet formel ou un exercice de style vain.


Ben moi j'ai pas pu y voir autre chose justement. Bien que ce soit un des noir et blanc les plus somptueux que j'ai pu voir, c'est quand même de la bonne grosse pignolade à mes yeux.


En quoi ?


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 31 Jan 2009, 17:14 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Sep 2007, 09:31
Messages: 5008
Bah, c'est beau, tout le monde joue bien, y'a de la belle musique et puis il y même de l'expérimentation parce que Lars von Trier est âââârtiste, mais tout ça pour un histoire fort classique et cousue de fil blanc. J'ai regardé ça poliment, quoi.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 31 Jan 2009, 17:31 
Hors ligne
Connaisseur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Déc 2008, 12:24
Messages: 189
oeil-de-lynx a écrit:
Bah, c'est beau, tout le monde joue bien, y'a de la belle musique et puis il y même de l'expérimentation parce que Lars von Trier est âââârtiste, mais tout ça pour un histoire fort classique et cousue de fil blanc. J'ai regardé ça poliment, quoi.


On peut pas dire que l'histoire soit classique : le héros américain qui débarque dans une Allemagne filmée comme l'enfer, la sympathie évidente du réalisateur pour les anciens collaborateurs du nazisme, je ne sais pas trop dans quels films on a pu voir tout ça avant Europa.
Cousus de fil blanc, la fin dans le wagon avec l'eau qui monte ? Les enfants assassinant les dignitaires ? Le suicide ?


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 31 Jan 2009, 17:47 
En ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Sep 2007, 09:31
Messages: 5008
?

J'avais dû dormir, je me rappelle pas de grand chose dans tout ça à part l'esthétique.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 02 Fév 2012, 03:09 
Hors ligne
Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
Image

Leopold Kessler, une jeune Américain d'origine allemande, vient de son plein gré travailler dans l'Allemagne de 1945. Employé comme contrôleur de wagons-lits, il découvre un pays au climat délétère, ravagé par les bombardements alliés.


Element of Crime, film formaliste tout mort / tout propre de premier de la classe, m'avait bien refroidi concernant cette première période. Je continue à penser que Lars Von Trier naît avec Médée d'abord, puis réellement avec The Kingdom ensuite - pas tellement parce que sa caméra y commence à trembler, mais parce que l'expérience du tournage prend alors une vraie place dans son geste cinématographique, et que sa maîtrise d'horlogerie y dialogue enfin avec un chaos à sa mesure. Europa, tout sur-maîtrisé qu'il soit, n'est cependant pas à ranger aux côtés de son très stérile premier film : c'est déjà plus fort.

Déjà parce que cette espèce d'approche vaguement héritée de Stalker (humide, rouillée, dépressive) n'est plus le calque automatiquement posé sur tout le film. Chargée d'une mission particulière, celle de façonner la vision du continent après la guerre, elle se fait beaucoup plus intelligente, réactive, vivante ; la scène à l'église, par exemple, n'a aucun mal à utiliser les propriétés de cet univers pour s'abandonner à un certain lyrisme, fut-il glacé. Il y a globalement, au-delà d'un film un peu sage, un projet formel que je trouve enfin habité. L'ouverture hypnotisante, qui semble nous prendre par la main pour nous amener au fond de la nuit, pour nous faire replonger aux racines intérieures et secrètes de notre ADN européen, résume déjà toute la puissance narrative (jamais départie d'une dimension séductrice, joueuse) que j'adore chez ce cinéaste.

L'intuition plastique est ainsi souvent bonne, elle est juste exploitée trop loin, le fignolage prenant le pas sur la portée des idées. L'image indécise et onirique (à la fois couleur & noir et blanc, toujours mutante par le jeu des rétro-projections) est par exemple une idée brillante ; mais le film la surligne et en gâche l'évanescence, par ses inserts explicites à la Sin City ou ses scènes de rêves lourdingues. Dans le même genre, on pourrait aussi parler de la maîtrise qu'a LVT du scénar... Une trop grande science de l'écriture, comme toujours, qui lui permet de faire passer la pilule de rustines narratives peu inspirées, ou qui pour créer l'oppression ambiante se réfugie parfois dans la facilité d'un petit programme kafkaïen pépère (la scène de l'examen, pénible). Quant à la vision fugitive des camps de la mort, on pourrait franchement s'en passer : le film évoque tellement la chose par toutes ses pores (ne serait-ce que par son décor principal) que ça relève de la provocation de petit con. Au final, tout cela donne parfois le sentiment désagréable que LVT n'est pas tellement concerné par son sujet, et que celui-ci ne lui sert qu'à montrer les muscles.

J'avais lu que LVT trouvait à présent le film ennuyeux, trop maîtrisé, et c'est effectivement un sentiment qu'on partage plusieurs fois, notamment devant des personnages pantins trop univoques (à commencer par le héros tête-à-claque ; heureusement qu'Udo Kier, ou le perso de son père, traînent dans le coin). Mais il y a quand même énormément de potentiel, d'ampleur contenue, de promesses qui en font déjà un film assez passionnant, si l'on veut bien fermer les yeux sur ses longues plages désincarnées, et sur sa perfusion d'influences un peu étouffantes.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 29 Mai 2020, 17:26 
Hors ligne
Vaut mieux l'avoir en journal
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22935
Localisation: Paris
Quand tu veux voir un film depuis trente ans, forcément tu en attends peut-être un peu trop. Avec son Jean-Marc Barr à tronche d'ahuri, et son alternance aléatoire de couleur et noir et blanc, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à cette histoire qui part dans tous les sens. Je me demande si ce n'est pas le LVT que j'aime le moins.
1/6

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 9 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Melancholia (Lars von Trier - 2011)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 8, 9, 10 ]

Karloff

141

13369

18 Nov 2014, 00:47

Caribou Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Manderlay (Lars Von Trier - 2005)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Karloff

31

4525

25 Nov 2005, 22:29

Zad Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Antichrist (Lars von Trier - 2009)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 11, 12, 13 ]

Karloff

190

16967

03 Fév 2016, 16:53

Mr Degryse Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Dogville (Lars Von Trier, 2003)

BuzzMeeks

14

2503

31 Mai 2009, 05:13

Baptiste Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Direktør (Lars Von Trier - 2007)

Zad

7

1726

26 Mar 2007, 14:31

Agent X Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Nymphomaniac, Volume 2 (Lars Von Trier, 2014)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

Art Core

58

7474

12 Juil 2017, 16:10

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Nymphomaniac partie 1 (Lars von Trier 2014)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 4, 5, 6 ]

Karloff

86

9620

12 Juil 2017, 19:40

DPSR Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Dancer in the dark (Lars Von Trier, 2000)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Mr Chow

31

3516

28 Juin 2013, 12:25

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The house that Jack built (Lars von Trier, 2018)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Abyssin

30

3802

31 Déc 2018, 15:51

bmntmp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Yummy (Lars Damoiseaux, 2019)

Abyssin

0

540

03 Sep 2022, 22:59

Abyssin Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 25 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web