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MessagePosté: 17 Mar 2013, 00:02 
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The Lady Vanishes en VO.

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Dans un train en provenance d'Europe centrale, Iris Henderson voyage en compagnie de Miss Froy, une vieille dame britannique comme elle, dont elle a fait connaissance dans un hôtel la veille.


Et je n'en dis pas plus, parce que le pitch est superbe, et qu'il vaut la peine d'être découvert à la vision. Il me semble que c'est mon premier Hithcock anglais, mais finalement, en 1938, on est qu'à deux années de Rebecca... Le seul stigmate de cette première nationalité, c'est le flegme anglais réjouissant qui annonce peut-être déjà une certaine ironie postérieure, et dont le calme à toute épreuve prend une dimension absurde au fur et à mesure que le train vire dans le chaos.

Pour le reste, si son style est ici moins ostentatoire (et à la limite, l'absence d'effets de signature ludiques n'est pas pour me déplaire), Hitchcock est déjà en pleine maîtrise de son art. Le film a un gros défaut, c'est sa première partie à l'hôtel. Certes, on sent déjà à travers ce lieu plein à craquer un portrait multilingue de l'Europe, mais le train cosmopolite fait lui aussi très bien l'affaire : focalisé sur deux personnages qui deviendront très secondaires par la suite, ne reposant que sur ses effets comiques sans squelette narratif bien clair (le pitch en lui-même n'advient qu'après une demi-heure), ce premiers tiers patine gentiment dans la semoule.

Dès le retournement de situation, par contre, le film révèle ce qui fait sa saveur. Il y a quelque chose d'obsessionnel dans la chasse aux indices (dans l'installation du doute, dans les révélations, le saut de foi du personnage masculin) qu'Hithcock sait très bien saisir. Le film parvient en fait très longtemps à rester sur la corde raide entre deux voies futures du cinéma d'Hitchcock : la névrose psychologique, et le complot paranoïaque. Mieux, il accompagne cette confusion d'un comique, d'une sorte de joie de vivre, qui ne disparaît pas lorsque le scénario mute pour devenir plus noir et politique. Le mélange de toutes ces approches crée de ravissants mariages de ton.

Alors tout ça est parfois difficile à ficeler, le scénario (même en prenant compte de son extravagance) est plein de trous et de facilités, mais on le pardonne aisément tant le film est enthousiasmant. La vision étonnamment prophétique d'une Europe implosive, à l'aube de la guerre, et de la place que l'Anglais y prendra (comme dans Blimp, le pays semble s'interroger sur la survie de cet art de vivre), évite à cette comédie toute inconséquence, et achève d'en faire un film absolument charmant.


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MessagePosté: 17 Mar 2013, 01:16 
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Schtroumpf sodomite
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Revu récemment. Ca m'a vachement déçu.

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MessagePosté: 17 Mar 2013, 02:32 
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Tom a écrit:
Alors tout ça est parfois difficile à ficeler, le scénario (même en prenant compte de son extravagance) est plein de trous et de facilités

J'ai trouvé que c'était le cas aussi sur Spellbound. Assez déçu par ça.

Sinon, Une femme disparaît est un des quelques Hitchcock que j'ai vu, c'était y a longtemps mais ça m'avait très agréablement surpris.

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MessagePosté: 17 Mar 2013, 08:44 
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Tetsuo a écrit:
Revu récemment. Ca m'a vachement déçu.

Ah ouais, en quoi ?

Film Freak a écrit:
J'ai trouvé que c'était le cas aussi sur Spellbound. Assez déçu par ça.

Ah bah bien content de pas être seul sur ce coup-là, je lisais Hithcock-Truffaut après le film et Truffaut commence en s'enthousiasmant sur le scénario qu'il trouve génial... (enfin il a plein de qualités, certes, mais je trouve que c'est souvent Hithcock qui lui sauve la mise - et quand il y arrive pas, comme pendant la scène de bagarre, tu sens soudain combien ça peut être faible).


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MessagePosté: 17 Mar 2013, 09:28 
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Dans mon souvenir très vague (incroyable comme j'en ai peu de souvenirs de celui-là, sauf du plaisir pris) c'est l'un de mes Hitch anglais parlant préféré avec le bordélique Quatre de l'espionnage et surtout le très noir Sabotage, mais je me rends compte que je ne suis pas friand plus que ça de cette période.

Il y a beaucoup de ces mélanges de tons dont tu parles ici dans les années 30 d'Hitch justement, la comédie investie beaucoup de films comme Jeune et Innocent ou l'Homme qui en savait trop, avec des aspects très décalés et des personnages sans grands charismes : c'est un peu un laboratoire à posteriori avec des récits souvent assez lâches je trouve (même les 39 marches d'ailleurs). Je n'ai rien contre la nonchalance et cet esprit brittish, mais j'aimerai sans doute plus sans connaitre la puissance prise dans le reste de la filmo.


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MessagePosté: 17 Mar 2013, 09:57 
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J'imagine bien que la période anglaise est pas la panacée de cette filmo, mais je prend plaisir à découvrir Hithcock en dehors de sa gloire 50'-60', sans les "grandes scènes hithcockiennes" fières dont je me suis un brin lassé.


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MessagePosté: 17 Mar 2013, 10:10 
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Je ne sais pas si Hitchcock est tant que ça "fier" en même temps. Il est clair que la mise en scène devient plus porteuse et conceptuelle, alors qu'au début elle est plus ludique. Mais est-ce de la fierté ? Et puis des films comme Fenêtre sur Cour ou Psychose et Les Oiseaux, ce sont plus des concepts global de mise en scène qui les portent tout du long que des idées de "grandes scènes épate gogo" je trouve. Pareil pour un L'Ombre d'un doute en matière de récit.
Faut laisser de côté Hitchcock / Truffaut si ça t'as lassé :)


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MessagePosté: 17 Mar 2013, 10:15 
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Non non, Hitchcock/Truffaut c'est très bien, un peu frustrant parfois car ça va vite sur chaque film (la filmo est longue), mais j'admire beaucoup la simplicité des idées émises et l'absence totale de partage en branlette - puisque je te parlais l'autre fois de l'absence de bons bouquins sur le cinéma classique, en voilà un qui pourrait faire en partie l'affaire.

Pour le Hithcock 50/60, c'est pas tellement un jugement de valeur qu'une lassitude : ces films je les ai vu tout petit, ils me font juste moins d'effet. J'ai quand même un peu l'impression qu'il y a dans ces années une focalisation insistante sur des scènes, sur de gros morceaux tour-de-force, dans une sorte de dialogue très audible avec le public, et moins d'attention portée au reste du film dans son ensemble - ce qui me plaît d'avantage dans des films plus égaux sur la longueur, comme L'ombre d'un doute justement, où j'arrive d'avantage à m'accrocher aux personnages.


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MessagePosté: 25 Juin 2016, 18:21 
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Sir Flashball
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Assez fascinant de voir ce film au lendemain du Brexit, parce que c'est fou à quel point ici, avant d'être un thriller politique, Une femme disparaît est une réflexion amusante et amusée (mais néanmoins assez pessimiste) sur ce que c'est être anglais dans un monde en plein changement. Bien sûr, Hitch pense surtout l'Angleterre par rapport à la guerre qui se profile à l'époque, mais pris 75 ans plus tard, ça n'a pas pris une ride à ce niveau-là, ça reste actuel à tous les niveaux.

Pour le reste, assez d'accord avec Tom, même si j'aime assez la première demi-heure contrairement à lui, puisqu'elle est finalement assez logique lorsque prise dans l'optique sociologique que je souligne plus haut. J'aime aussi cette joie de vivre contagieuse même au coeur du mystère, malgré quelques faiblesses d'écritures ici ou là et un final assez interminable.

Ce n'est pas un grand Hitch, mais c'est très solide quand même.

4.5/6

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