The Door se frotte à l'horreur sans rentrer réellement dedans, tout en épousant bien le tableau psychologique et dramatique des acteurs. Johannes Roberts établit un pur produit de consommation qui devrait se perdre quelques semaines après sa sortie. La bande annonce, une fois dévoilée, m'avait beaucoup intrigué dans son côté ésotérique. Celui-ci est d'ailleurs confirmé car le film tente de mêler des aspects mystiques propres à la culture indienne (la mort, la réincarnation, l'âme) à des thématiques propres au surnaturel et au monstrueux (la faucheuse réincarnée en être bizarre, maléfique, avec des bras pour office de visage).
Si la première partie met plutôt bien en place les personnages, la seconde partie, censée faire ressortir le côté horrible et glacial du film, se fragmente de trop et tombe dans le ridicule simplet. Tout le début jusqu'en milieu d'heure, on peut observer un jeu sincère avec toute cette dimension psychologique, une famille terrassée par la perte d'un fils dans un accident de voiture, qui essaie d'avancer mais qui ne parvient pas à oublier.
D'ailleurs, j'ai accueilli favorablement le choix du réalisateur à ne pas débuter immédiatement par l'accident mais nous le révéler qu'après, une fois que les bases étaient posées. Fragile, elle décide de mettre fin à ses jours en avalant une bonne dizaine de pilules mais miraculeusement, elle s'en sort. Et de là, va partir l'intrigue. En effet, la servante de la famille, qui a vécu un drame analogue, lui propose de rencontrer une dernière fois son fils dans un lieu reculé, dans un temple plus exactement. Rencontrer est un mot un peu fort, je l'avoue (on va s'en rendre compte). La mère décide de suivre les indications de la servante et part pour quelques jours sécher ses larmes dans ce sanctuaire perdu. Là-bas, après quelques gestes d'incantation, notamment en versant les cendres du fils mort devant l'entrée du sanctuaire, celui-ci devrait revenir et rentrer en communication avec sa mère.
Cependant, la servante a précisé qu'il ne fallait surtout pas ouvrir la porte sous peine de manifester tous les maux du monde. Mais, éprise de chagrin, trompée par la mort elle-même, la mère décide d'outrepasser cette règle. Les portes du sanctuaire étant ouvertes, en pleine nuit, il n'y a personne. Puis, peu à peu, apparaissent des espèces de prêtres un peu sauvages et terrifiants. Ils pointent du doigt la jeune femme. Celle-ci, très perturbée, décide de rentrer chez-elle rejoindre son mari et sa fille.
Donc, on nous divulgue une adaptation difficile, un retour à la vie normale délicat, en tout cas, pour la jeune mère. Tout ce qui vient d'être exposé à l'instant concerne la première partie. C'est bien mené, franchement, le jeu des acteurs cristallise une juste maîtrise de la dimension psychologique qui se renferme, progressivement, sur cette famille. The Door est fort lorsqu'il demeure dans sa phase de progression des personnages (le tissu écrit se sent), de l'histoire, de l'horreur. Mais dès qu'il intègre le sujet de son genre plus sérieusement, tout s'écroule. Les émotions ne se véhiculent pas, l'horreur comme on l'entend parvient à peine à se dessiner. Surtout, The Door offre au spectateur une ambiance peu généreuse, uniquement focalisée sur du bruitage, une forme d'exorcisme inutile
(lorsque la mère se dirige à plusieurs reprises dans la chambre de son fils, son esprit perturbe et fait déplacer les objets)
et surtout, le comble, la représentation iconographique de cette malédiction est lamentable. On part sur des idées biscornues, les personnages perdent en véracité, on sent la confusion s'installer, en particulier,
avec les prêtres qui se pointent dans la maison.
Vous l'avez compris, The Door pouvait rester sur sa première partie, l'allonger, lui donner de la consistance et concocter un univers psychologique et dramatique. Cependant, Johannes Roberts a préféré accoler de l'horreur, consolidée laborieusement, et surtout mal-interprété par le spectateur. Par contre, surprise en ce qui concerne la fin
(la mère meurt et se retrouve à la place de son fils, derrière la porte, à l'appel de son mari qui semble réaliser la même erreur).
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