Forum de FilmDeCulte

Comme d'habitude chez Sokurov, c'est visuellement splendide. Pour cette chronique des derniers jours de guerre (celle de 39-45) vus par l'Empereur Hiro Hito au Japon, le cinéaste enchaîne les scènes certes lentes (le film est aussi étouffant dans sa première partie que Moloch), mais d'une splendeur dans la gestion du cadre et des couleurs, dans le positionnement des personnages par rapport à la caméra, à couper le souffle. Pas un plan n'est prévisible, Sokurov parvient sans cesse à surprendre, par le biais de cadrages sans cesse décalés, par lesquels il isole ses personnages au milieu de décors factices (l'empereur vit dans la dernière demeure épargnée par les bombardements des alliés). Chaque scène est un tableau vivant dans lequel les acteurs se retrouvent engoncés dans les traditions ancestrâles si figées qu'elles bloquent les personnages et par extension le pays (Japon). Au milieu du film (tourné intégralement à St-Petersbourg), une scène hallucinante, qui tranche avec le reste du film et avec toute l'oeuvre du cinéaste : une vision de Tokyo en flammes, bombardé par des avions en forme de poissons volants. Une claque visuelle, une véritable vision de l'enfer, qui sépare le film en deux parties : une claustrophobique, l'autre plus allégée, plus sereine, absolument sublime, qui culmine dans l'abandon, par l'empereur, de son statut divin. Avec cette scène, c'est tout le destin du personnage qui est remis en question : peut-il mener son pays à sa perte ? Est-il un dieu comme le veut la tradition, ou bien un homme comme il le ressent lui-même ? Est-il vivant, ou bien aussi mort et figé que ces animaux noyés dans le formol qu'il passe son temps à étudier ? Contrairement à Hitler (Moloch) ou à Lénine (Taurus), Hiro Hito est un homme qui éprouve un réel désir de vivre, et qui ne se sent pas véritablement à l'aise dans l'exercice du pouvoir, qu'il ne cesse de remettre en cause. Et Sokurov, à travers le destin de ce personnage, remet en cause toutes les traditions féodales et religieuses, celles du Japon (où il a vécu et travaillé de nombreuses années), mais aussi, bien entendu, celle de son propre pays. Un film magnifique, donc, sans doute difficile d'accès (encore une fois, c'est excessivement lent), mais véritablement hypnotique.

5/6 + Ca vieillit très bien dans ma tête.

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J'avais moyennement accroché à Moloch, L'Arche russe comprte des moment sublimes mais dans l'ensemble ça m'a ennuyé. J'aurais aimé oir Taurus, mais Le Soleil m'intéresse encore plus. La seule photo que j'ai vu du film est assez fascinante, surtout par cette ressemblance de l'acteur avec Hiro Hito.

J'ai pas grand chose à en dire. C'est très beau, la technique numérique est en parfaite cohérence avec la mise en scène, bref, c'est une putain de démo visuelle. Mais comme pour l'Arche Russe, je n'ai pas grand chose à en dire. L'ennui m'a submergé.

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Ce film m'a passionné, il est visuellement stupéfiant et j'avoue marcher à fond dans les films historiques ... Ca m'a vraiment donné envie d'en savoir plus sur Hirohito. Je retiens surtout la confrontation incroyable avec Mac Arthur ainsi que le "rêve" en CGI montrant des poissons-chats bombardant Tokyo, complètement iréel mais traumatisant.

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"It was in the reign of George III that the above-named personages lived and quarreled ; good or bad, handsome or ugly, rich or poor, they are all equal now."

Je ne gagnerai pas l'Oscar cinéphilie de l'année, j'ai trouvé ça assez soporifique.

Formellement c'est admirablement mis, le travail sur le cadre, les couleurs, et surtout cette façon d'avoir en quasi permanence une caméra en mouvement parfois à peine perceptible, en s'approchant de son acteur ou en effectuant un travelling circulaire très léger (ou autre chose en fait, en repassant certains extraits je ne suis pas bien sûr du mouvement), et qui donne souvent l'impression étrange d'un décor flottant, mobile alors que non. Tout ça pourrait nourrir pas mal un aspect hypnotique (qui s'installe par exemple lors du magnifique bombardement de poissons) mais pour le reste, la narration, le jeu d'Issei Ogata, c'est assez insubmersiblement glacial et ennuyeux.

2/6

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Doll, it's a heartbreaking affair

Et bien, il a fallu deux films pour me rendre compte de l'évidence: Sokourov est bien l'un des plus grands réalisateurs vivants. Bien sûr il faut être éveillé et peut être s'intéresser à l'histoire du Japon pour apprécier le film, mais plus le film avance, plus son approche hypnotique m'a fasciné, de l'incroyable scène du bombardement de Tokyo à la trajectoire de l'Empereur, filmé comme un simple homme qui renonce au Divin. La fin est absolument sublime, le travail des cadres et de la photographie un ravissement constant des sens.

4-5/6, prix d'interprétation et de la mise en scène possible pour Mon Festival de Cannes saison 2.

PS: je viens de lire que le film avait suscité la polémique pour son approche humaine de Hiro Hito. C'est vrai qu'il n'est jamais filmé comme vraiment responsable de la guerre lancée par les Japonais...

Et maintenant rue toi sur Moloch, Taurus et Père et fils.

Père, fils plutôt. Sinon tu risques une grosse surprise

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Bon, je vais essayer de voir Moloch et Taurus lors de mes prochains festivals... Père, fils, je l'ai vu (et je me suis ennuyé).