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MessagePosté: 11 Nov 2006, 13:48 
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Matou miteux
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George est engagé dans l'entreprise de son oncle Eastman. Il devient l'amant d'une ouvrière, Alice, puis rencontre Angela Vickers, une jeune bourgeoise qui s'éprend de lui.

Et ça va déconner bien fort. Un mélo plus sombre et tourmenté que flamboyant technicolor (en n&b de toute façon donc pfiout) où le poids de la religion pèse sur les enjeux dramatiques, sur l'éducation de son héros, sur le sentiment de culpabilité, sur la superbe mise en scène de Stevens avec ses discussions "à confesse" et ses cadrages de dos + la lumière noire et élégante de Mellor. De ce point de vue le film est d'une grande force et une grande classe, même si je trouve dommage de faire peu à peu du personnage de Shelley Winters un boulet, affaiblissant un peu le trio qu'elle forme avec Montgomery Clift, pas la moitié d'une bombe, et Liz Taylor. Alors que Stevens est plus subtil dans sa façon d'insérer une réminiscence affligée en un léger fondu enchainé (le baiser échangé par Clift et Taylor), ou rebondir sur tel ou tel personnage par petites touches. Les acteurs sont excellents et portent le film à leur niveau.

5/6

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Doll, it's a heartbreaking affair


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MessagePosté: 26 Mai 2013, 00:09 
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Je ne sais pas s'il faut un certain mood pour se manger de la grande machinerie hollywoodienne certain jour (en plus j'ai enchainé sur Andrei Roublev après donc ça le casse encore plus pour la journée), mais là c'est vraiment ça, l'impression de regarder une pure machine narrative (mais vraiment bien foutue, effectivement plein de cadres, travelings et fondus qui donnent ce qu'il faut de ration minimum, ses scènes suggestives vraiment parfaites dans la première partie entre Clift et Winters...).
Le héros a l'air de sortir limite de chez Camus pendant un bon moment et le tout joue pas mal de certaines ambiguïtés, même si au finish ça rattrape la tarte à la crème de la culpabilité bien comme il faut (encore que, s'est-il simplement fait rattraper par la rhétorique des prètres ?) Enfin, je crois quand même que ce genre de récit de pauvre gars investissant un milieu upper-class jusqu'à être pret à tout pour y rester, ça a tendance à me saouler, et Liz Taylor n'est pas extraordinaire ici.
Il y a une scène vraiment étonnante quand même, celle de la fuite de Clift dans les bois sur ce superbe morceau de Waxman (à 5'13),
et la manière très calme dont il se fait cueillir par les flics et le procureur
. L'impression d'un moment dans le film qui casse la grosse dynamique bien huilée du reste. Pauvre Shelley Winters entre ici et Lolita elle compose deux beaux boulets effectivement...


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MessagePosté: 26 Mai 2013, 00:24 
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Mr Chow a écrit:
Je ne sais pas s'il faut un certain mood pour se manger de la grande machinerie hollywoodienne certain jour (en plus j'ai enchainé sur Andrei Roublev après donc ça le casse encore plus pour la journée), mais là c'est vraiment ça, l'impression de regarder une pure machine narrative

Heeeey, c'est effectivement l'impression que j'avais de loin et qui me décourage d'aller voir à quoi ça ressemble... Je prends bien note.


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MessagePosté: 30 Avr 2016, 19:04 
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Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
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Mr Chow a écrit:
même si au finish ça rattrape la tarte à la crème de la culpabilité bien comme il faut (encore que, s'est-il simplement fait rattraper par la rhétorique des prêtres ?)

Mongtmorery Clift est une espèce de négatif de Mitia Karamazov pour avoir délaissé l'ouvrière au profit de la roturière, mais leur culpabilité est comparable, ils ne sont pas passés à l'acte mais le seul fait qu'ils aient pensés au meurtre les rends coupables, y compris à leurs yeux.

Ça faisait longtemps que j'avais pas vu un film avec M. Clift, et je le trouve tout de même assez limité comme acteur, le fait d'avoir une belle gueule ne fait pas tout. La référence à Camus est pertinente, mais je me demande si ça ne tient pas plus de son jeu que du rôle... Par contre Liz Taylor je la trouve rayonnante dans ce film. Il faut que je check sa filmo, j'ai pas souvenir de l'avoir vu aussi jeune à l'écran, probable que les films plus tardifs où elle ne m'a jamais convaincu ont biaisés mon jugement sur elle.

Sinon comme le mentionne Blissfully la réalisation est bien mieux que ce à quoi je m'attendais (je craignais un film classique à la M. Curtiz), excellente découverte.


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MessagePosté: 15 Mai 2019, 23:56 
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Non c'est vraiment un très mauvais film, même s'il laisse entrevoir que le roman d'origine peut être intéressant. La mise en scène est lourdement illustrative et manque de rythme, on n'est pas chez Nicholas Ray et les Amants de la Nuit où la camera semble voler et être surprise par l'action voire en fuite elle-même. Les deux liaisons amoureuses sont stéréotypées et manquent de consistance, le film ne leur laisse aucune durée (Shelly Winters appelle Montgomery Clift pour lui demander d'avorter, et aussitôt après Liz Taylor lui propose au téléphone la sortie au bal mondain, d'où besoin de Dafalgan chez Clift...dans la vraie vie cela ne se passe jamais comme cela, Douglas Sirk arriverait à filmer l'épaisseur du monde qui relie les situations morales, en en faisant justement ce que la mise en scène doit reconstruire, par l'artifice). Dommage car Liz Taylor (dont je ne sais rien finalement, malgré ou à cause du mythe) apparaît ici une bonne actrice, mais elle n'a rien à jouer (la manière dont elle et Clift s'avoue leur amour est juste ridicule, rien n'indiquait auparavant qu'ils se désiraient, c'est un accessoire narratif sorti de nulle part pour y retourner, tout comme la carte de visite du début).

La fin, qui place la chaise électrique en substitut de la providence divine, à la fois injuste (pédagogiquement productrice de sens) et aimante (consolatrice de ce sens) est quant à elle vraiment douteuse, et sans doute en contresens avec l'esprit du roman, on comprend ce que Frtz Lang a cherché à déconstruire dans ses derniers film.

La même année Shelley Winters (rôle en fait assez curieux, attachant en fait... c'est une bonne actrice car dans Winchester 73 elle joue un rôle de femme très forte, apparemment plus âgée, aux antipodes de son rôle ici) a donc bien été noyée dans deux films (La Nuit du Chasseur). La pauvre en effet.

De temps en temps il y a de bonnes scènes (le dialogue entre Winters et le médecin qui refuse l'avortement... le jeu de séduction de Taylor autour de la table de billard... les rares scènes à deux) mais leur force apparaît liée aux acteurs, ce sont des fragments isolés. Les seuls trucs que Stevens réussit stylistiquement ce sont les ellipses (le passage de la nuit au matin lors de la nuit avec Winters), autrement la caméra a l'air de peser 15 tonnes. Le procès est également stéréotypé, la plupart des temoins accablant Clift n'existent pas dans le film avant ce moment ( l'espace social et l'espace judiciaire sont complètement confondus, sur fond de religiosité diffuse, le film est prémonitoire de notre présent mais de façon plate et sans la moindre ironie). Il ne se donne même pas la peine de filmer l'apparition dans le champ du tacot "dust bowl" qui emmène Clift en ville en pleine autoroute... alors que cela aurait pu signifier à la fois un changement d'époque et une conscience de la permanence de certaines questions politiques.

Dans mon souvenir Mildred Pierce de Curtiz a plus de profondeur et d'énergie justement.

Je ne comprends pas la cote du film, peut-être liée à la figure de Dreiser.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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MessagePosté: 16 Mai 2019, 06:27 
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J’aime bien, presque autant que son remake officieux, Match Point.

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MessagePosté: 16 Mai 2019, 07:12 
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Ha oui en effet, les personnages masculins sont très proches et McGregor reprend le jeu de Clift (mais les fantômes remplacent le prêche, heureusement).
Cela m'a aussi rappelé l'esprit (et une forme de lourdeur) de certains Fincher, Gone Girl notamment.

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MessagePosté: 16 Mai 2019, 15:47 
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Film qui occupe une place centrale dans Zeroville de Steve Erickson, un roman qui vient d'être adapté par James Franco, et qui est une sorte d'ode un peu nunuche mais émouvante au cinéma. Le film dans mes souvenirs est un peu le symbole de la fascination adolescente exercée par le cinéma et de sa destinée tragique, par l'intermédiaire de ses deux acteurs, Elizabeth Taylor qui avait seize ans, et Clift à la biographie tout aussi cabossée.


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MessagePosté: 16 Mai 2019, 16:05 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Mais enfin, c'est en train de devenir un film-culte limite branchouille alors qu'il y a pleins d'autres oeuvres de cette période dans la même veine, à l'articulation du film noir et du mélodrame, qui sont formellement et thématiquement beaucoup plus intéressantes chez Mankiewicz pour prendre un cinéaste lui-aussi académique par exemple).

Un peu comme si Delannoy devenait une icone dans le milieu de Vernon Subutex.

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