Forum de FilmDeCulte

A Asuka, ancienne capitale du Japon, deux hommes s’affrontent pour le cœur d’une femme sous le regard des montagnes qui entourent le village. Cette lutte à la vie à la mort pourrait provoquer des tempêtes et des éclats de voix, des crises de larmes et des scènes d’hystérie. Pas chez Naomi Kawase, réalisatrice japonaise habituée de la sélection cannoise – elle a reçu la Caméra d’or pour «Suzaku» et le Grand prix du jury pour «La Forêt de Mogari -, qui enveloppe toujours de sa douce caméra les états d’âme et le fracas des cœurs. Ici, elle place son triangle amoureux dans un récit presque cosmique, en insistant sur le caractère intemporel des rapports humains. Rien ne change, si ce n’est qu’il manque des enfants au village, et que le marketing a pris le pas sur notre mode de vie, semble nous dire la réalisatrice d’une voix sereine, il y aura toujours deux hommes qui convoiteront la même femme.
La rosée qui perle

Comme à son habitude, la cinéaste de «Shara» filme les arbres comme les hommes et les hommes comme les arbres et revendique une approche presque documentaire de la mise en scène. Elle s’intéresse autant à la détresse du mari quitté qu’aux oiseaux accueillis par l’amant, laisse les séquences s’écouler comme l’eau d’une rivière et rejette toujours le spectaculaire hors champ. Le rapprochement thématique avec «The Tree of Life» est évident, tant il s’agit là encore de replacer l’Homme et le récit au cœur d’un flux temporel et divin. Mais là où Terrence Malick sublime le religieux par des séquences oniriques extatiques, Naomi Kawase le met elle en scène avec une rare économie d’effets. Et si elle filme comme personne d’autre la pluie qui tombe et la rosée qui perle, son nouveau poème n’a pas la puissance évocatrice de celle de son voisin texan.

4/6

Je suis mitigé concernant Naomi Kawase. J'avais adoré le bouleversant La Forêt de Mogari mais m'était pas mal ennuyé (malgré des qualités) devant Shara.
Je suis très décontenancé par le film que je n'ai pas compris. Je n'ai pas compris de quoi il parlait vraiment. Il y a un dialogue profond et mystique entre sa base cosmique sur l'histoire du monde et son récit contemporain de triangle amoureux mais je ne l'ai pas saisi.
A vrai dire je trouve que le film échoue sur les deux tableaux. D'un côté il ne se fait pas suffisamment poétique ou cosmique et de l'autre il ne raconte au final pas grand chose de ce triangle amoureux. Le personnage principal féminin m'a paru horripilant, avec sa passivité forcée, les symboles trop évidents (oiseau en cage versus oiseaux en liberté).
Je n'ai pas compris l'intérêt non plus du flash-back avec le grand-père.

Par contre il y a une chose qui m'a frappé. C'est fascinant de voir qu'entre Kawase, qui représente un cinéma d'auteur quand même assez radical et austère et Ghibli, qui au contraire est la figure de proue de l'art populaire japonais les similitudes sont absolument énormes. J'ai vraiment l'impression qu'ils parlent de la même chose. Que ce soit cette attention aux choses de la nature, cette sacralisation des produits de la terre et des repas. Et on retrouve aussi cette exploration du Japon rural, loin des bruits de la cité, toujours dans cet art légèrement anachronique. Bref j'ai l'impression que ce pont entre deux formes de cinéma a priori opposées en dit beaucoup sur la culture japonaise et aussi sur sa qualité.

Mais pour revenir au film, je dois dire qu'il m'a totalement laissé dehors, je n'ai jamais réussi à y rentrer malgré des choses magnifiques, des plans superbes et une poésie à fleur de peau et puis cette chose indéniablement japonaise qui fait que chaque film est une forme de voyage.

2/6

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CroqAnimement votre

Tout pareil.

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C'est peut-être son film que j'ai le moins aimé, mais il y a des choses magnifiques. La critique de Nicolas Bardot est à lire.