Berlin, 1936, Salomon "Sally" Sorowitsch est le roi des faussaires, expert en billets de banque. Juif trahi sous l'Allemagne nazie, il est arrêté par la Gestapo et interné dans le camp de Mauthausen. Mais Sally est vite transféré dans le camp de Sachsenhausen. Il est accueilli par le commissaire Herzog, qui dirige ici une opération secrète. Les nazis souhaitent qu'il collabore à l'Opération Bernhard : affaiblir l'économie des alliés.
Avec le soutien d'experts juifs triés sur le volet, Sorowitsch est désormais chargé d'imprimer à grande échelle des devises étrangères. Si leur travail n'est pas couronné de succès, les faux-monnayeurs seront exécutés.
Voilà, parce que c'est le temps des tops, je me rends compte qu'il y a un film bien placé dans mon top dont je n'ai pas parlé.
Film très critiqué pour diverses raisons, Les faussaires est finalement un film très fin où la mise en scène (prétendue faible par certains n'ayant pas su observer la manière dont la caméra pose les questions) se révèle très fine et permet d'entrevoir des questionnements sur des axes encore peu explorés.
Les faussaires, par sa mise en scène, sa dramaturgie et son interprétation, ajoute donc quelque chose à son sujet qu'il aurait pu traiter, comme l'ont cru pas mal de critiques, comme un traitement de la question de la survie.
Ici, ce n'est pas la survie qui est enjeu, mais le groupe, et plus que le groupe, l'autre. La question n'est pas "Comment puis-je survivre dans un tel monde", ni même "dois-je y survivre?", ni encore "à quel prix le puis-je? Jusqu'où ai-je le droit d'aller?" mais, par cette notion de groupe: Puis-je réellement mener mes camarades à la mort en refusant un tel travail?" L'autre, que je sauve où que je tue est-il ici devant moi, ou est il de l'autre côté du mur?".
Cette question, de l'autre, elle devient la base sur laquelle se pose la question de l'éthique, mais, mise en situation de la sorte, elle ne fait qu'en renforcer la complexité.
Et finalement, à une telle question, on ne peut plus répondre par principe, mais en situation, par la notion de marge de manœuvre (dont l'illustration dans l'ellipse du Poker est habile) .
Finement, la mise en scène si critiquée de Rudowitzky permet de poser cette question, notamment par un décalage habile entre le champ visuel et le champ sonore, décalage qui permet de prendre conscience du massacre, à la question de l'autre de se poser (et qui contredit pleinement l'article du monde où ce film est placé dans la case des films qui axent sur l'exception pour faire oublier la catastrophe), mais qui en montre toute la difficulté.
Beaucoup de plans, à chaque fois que le faussaire croise un prisonniers, montrent cette présence et rappellent la question. Et la scène de la table de Ping-pong, aussi, qui renverse les rôles, par un sarcasme subtil de l'adversaire de jeu et qui cristallise la question au moment où les deux champs se croisent.
Finalement, c'est le temps qui résoudra le problème, temps au cours duquel les nuances de marge de manœuvre auront fait leur effet en terme éthique.
Un film subtil, à l'interprétation brillante et à la mise en scène à la hauteur contrairement à ce qui a pu en être dit.
5/6
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C'est moins la connerie que le côté attention-whore désoeuvrée plutôt pête-couilles et désagréable que l'on relève chez moi, dès lors que l'on me pratique un peu.
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