Forum de FilmDeCulte

Bon j’ai vraiment bien aimé pour ma part.
Le style de To est très perceptible je trouve. Comparé à l’autre réalisation que j’ai vu de ses associations avec Wa Ka Fai (la baudruche Fulltime Killer), celui ci remporte aisément la palme. Plus épuré, plus centré sur son sujet, ou plutôt son exercice. Le film ne s’éparpille pas, je ne le trouve pas confus du tout ; ou alors lorsque cette confusion apparait elle est visuelle et voulue. On se perd dans les reflets. Je trouve ça très bien mis en scène.

Il assume l’exercice, comme dans Exilé qui réduisait son film à quasiment quelques scène clefs étirées vers l’abstraction. Cette épure lui permet de se concentrer sur son but, d’éviter le superflu, et de donner une importance à une chaise vide par exemple. Cette séquence est très belle, dommage que le film ne tienne pas cette hauteur tout le long. Le concept n’est pas caché par une masse d’information inutile, donc dans ces moments là, lorsque le récit décolle quelque peut, il rend tout cela très sensible. Cette chaise vide, ou plutôt ce vide, est l’énigme du film, ce qui met le doute et tient sous tension.

J’ai également bien aimé la descente vers le comique, comme une mise en scène du doute de la crédibilité du personnage… un coup impressionnant, un coup ridicule. Il annonce la couleur immédiatement en plus, le personnage fait n’importe quoi et tout le monde l’observe, très attentif.

Voilà, l’exercice esthétique est très sympa mais malheureusement To pêche quand il s’agit de nous attacher à son personnage. On l’observe un peut de l’extérieur. On est raccordé aux mouvements que sa folie véhicule (encore la chaise, le doute ect…) mais pas trop au personnage. J’aurais aimé plus d’ampleur à ce niveau là. Dommage.

4/6

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Me souviens même plus de la chaise vide.

Tu te souviens pas ? quand ils sont au resto à 3 (ou à 4 comme tu préfères). Ca change de point de vue continuellement... Des fois on voit la femme du fou (appelons le comme ça) et d'autres fois, lorsque l'on est du point de vue des autres. Et ce qui est beau c'est comment les deux personnages "normaux" sont attirés et intrigués par cette chaise vide. To arrive à lui offrir une véritable valeur dramatique.

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Sixième sens

"<i>I see Dead People</i>, murmurait Haley Joel Osment dans le thriller de Night M. Shyamalan. L'ancien inspecteur Bun, hallucinant Lau Ching-Wan déjà vu dans <b>Running Out of Time 1 et 2</b> du même cinéaste, Johnny To, les voit également et se sert des indices qu'ils laissent pour résoudre des affaires criminelles non résolues. Dans <b>Mad Detective</b>, titre ô combien programmatoire, le réalisateur d'<b>Exilé</b> et son compère Wai Ka Fai avec qui il avait déjà mis en scène <b>Full Time Killer</b> se joue des règles du polar pour imbiber le récit de fantastique. Très vite, après de brillantes scènes d'ouverture qui lorgnent ouvertement sur le cinéma de David Lynch, la narration épouse la psychologie quelque peu dérangée de son personnage principal avec une maestria visuelle bluffante à défaut d'être convaincante dans le registre émotionnel. On pense parfois au détour d'une séquence forestière à la folie chamanique de <b>Charisma</b> de Kiyoshi Kurosawa. Volontairement confuse sur le plan psychologique pour mieux épouser les délires si réalistes de Bun, l'intrigue laisse la part belle aux scènes étirées jusqu'à l'abstraction comme le règlement de compte final, relecture de celui de <b>La Dame de Shanghai</b> d'Orson Welles.

4/6

je suis surpris de voir ces avis très négatifs ou frileux, moi je crois que c'est tout simplement mon To préféré, je le trouve d'une part très limpide (qu'est-ce que vous avez toruvé incompréhensible, vous?) contrairement à The Mission, par ex, au scénario régulièrement gruyèrisé, et d'autre part je trouve que la mise en scène est remarquablement articulé avec ce scénario, je pense d'ailleurs que cette limpidité vient aussi de là.

Je cause de The Mission parce que je l'ai découvert ce matin pour la 1re fois et que j'ai été pas mal déçu, surtout en comparaison du Mad Detective d'hier soir. Pas mal de séquences sont, je trouve, confuse dans The Mission, alors que la prouesse de To, ici, est d'avoir un dispositif narratif très complexe ("plus c'est compliqué, mieux ça vaut pour nous", dit une des personnalités cachées à un moment) et de réussir à le rendre clair à l'écran. Et To y parvient en virtuose, le découpage est une tuerie à ce niveau-là, prenant en compte le fait que les champs/contre-champs sont changeants selon le point de vue adopté (celui du commun ou celui du mad detective), ceci, théorisé à mesure que le film avance, étant concrétisé évidemment dans la séquence des miroirs (génialement spatialisée, d'ailleurs, quand tu vois l'assaut de l'espèce de bunker chelou de nuit dans The Mission, tu sens l'évolution du bonhomme...) (les deux plans en plongée, l'un au milieu du gunfight avec les morceaux de miroirs éparpillés sur le sol et les personnalités multiples réfléchies, puis l'autre, final, bien plus long, où un seul est debout, c'est une prouesse je trouve...).

Bon je suis vraiment bluffé par les choix esthétiques de To, comme les changements sonores aussi, le mixage complètement artificiel (sons d'ambiance muets et dialogues osentisblement doublés) lors des séquences fantastiques, etc.

J'aime aussi cette tendance qu'a To de donner autant dans l'humour que dans l'émotion, de parvenir à imbriquer les deux aussi intimement, la séquence du restaurant est vraiment touchante, la virée en moto notamment, et puis la chaise vide, effectivement, très belle idée, ce moment où le jeune type se force à parler avec ce fantôme qu'il ne voit pas... Et j'adore aussi cette séquence où le jeune inspecteur est soudain devenu un enfant, c'est très beau, cette régression, et le désespoir dans lequel ça plonge le mad dectective...

Et je suis surpris qu'avec une telle storyline, hollywood n'ait pas acheté les droits d'un remake (tant mieux!).

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Je me doutais que tu allais aimer. Je te l'avais pas dit car tu n'aurais pas aimé sinon... Par contre je trouve The Mission bien au dessus, j'ai du mal à comprendre ce que tu appelles du Gruyère dans son scénario.

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The Mission, quelle claque...

Je me répète, mais si quelqu'un me trouve la B.O. il aura droit à ma reconnaissance éternelle.

Apparemment ça serait de Raymond Wong mais quasi-introuvable à part peut-être sur un CD regroupant plusieurs BOs de films de la Milkyway. (Merci Boris)

Donc bonne chance.

Chaud cacao...

Merci en tous cas!