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MessagePosté: 24 Mai 2019, 10:32 
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Robot in Disguise
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Insolite: Art Core a tout dit... en 2015.
Art Core sur LE GRAND JEU a écrit:
J'ai vu le film il y a quelques temps et je ne m'attendais pas du tout à un tel enthousiasme critique. Pas que le film soit totalement raté mais qu'il me semble quand même bien perfectible.
Art Core sur LE GRAND JEU a écrit:
Pariser prend l'étrange décision de déplacer son personnage hors du conflit, racontant soudain un tout autre film où les manigances politiques et les coups bas ne sont plus qu'une bataille livrée au loin sans qu'on ait le loisir de l'apprécier. Et tout ça pour quoi ? Pour une amourette un peu convenue et pour une description totalement anachronique des milieux radicaux d'extrême gauche
Art Core sur LE GRAND JEU a écrit:
Ceci étant dit il faut vraiment reconnaître au film une vraie puissance dans l'écriture
Zad a écrit:
J'ai l'impression qu'une sorte d'indulgence amitieuse n'est pas étrangère au succès critique...

Cette relation complice entre le maire de Lyon et une jeune diplomée qui lui rédige ses fiches est apparemment inspirée d'une vraie histoire que Gérard Collomb a vécu et qui a menacé de lui faire quitter la politique. J'ai appris ça grâce à Karloff après la séance et ça m'a encore plus déçu car je reproche au film cette déconnexion du réel. Malgré le sujet et l'arène, passionnants, on peine à être emporté par ce petit film rohmerien avec une vibe très "années 90". C'est fin dans l'écriture, délicat, travaillé, mais on sent tellement le pointillisme, la volonté de flirter aux limites du politique, d'utiliser l'arène comme prétexte, que je reste extérieur. Et ici encore on sent l'amour de Nicolas Pariser pour le rétro (le film se passe de nos jours mais les aides de camp du maire doivent attendre l'impression du journal Le Monde en version papier pour avoir les news... :shock: ) qui fait que ça ne brûle jamais d'actualité, de comprendre le monde tel qu'il est là maintenant. Semi-déception.

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 14:43 
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Hé hé c'est vrai que le film partage un peu les mêmes défauts et qualités que Le grand jeu. C'est quand même pas un cinéma très enthousiasmant, il y a un truc un peu poussiéreux et un peu dévitalisé là-dedans qui bloque pour moi. A l'image de sa BO ringarde et désuète. Comme le dit QGJ on dirait un cinéma des années 90 (je dirais même 80). Paradoxalement c'est peut-être aussi ce qui fait son charme, comme dans son précédent film, on sent chez Pariser une détestation de son époque et une espèce d'idéalisation du monde politique, de ses idées. Et en effet il y a là quelque chose d'assez touchant dans cet homme qui recherche un peu de profondeur de pensée au delà du jeu politique. La fin du film est en ce sens très réussie, ce moment de l'écriture du discours où se manifeste soudain un véritable idéal (de gauche, le film est d'ailleurs un film qui pense la gauche c'est étonnant), avec une conviction et une lucidité rares. Mais tout cela sera annihilé juste après par cet excès d'orgueil ridicule qui rentre totalement en contradiction avec la pensée exprimée. Comme dans Le grand jeu, c'est un film qui raconte un échec.

Après ça ronronne, c'est quand même pas ultra palpitant, ça décolle jamais vraiment et il y a dans ce cinéma quelque chose de trop évidemment théorique pour que ça m'émeuve. Alors qu'on aurait pu imaginer une espèce de Sorkin à la française c'est pas du tout ça qui intéresse Pariser on se tient finalement assez éloigné du cirque politique, au profit d'une trajectoire plus intime mais en même temps tellement pudique que c'est totalement froid. Quelques ratés aussi comme le personnage hyper malaise de Maud Wyler (mais qui est elle aussi dans une forme d'idéalisme voué à l'échec). Étonnement le film aborde d'ailleurs de face la question écologique, même si au final, il n'en fait pas grand chose. Et comme dit QGJ, c'est quand même un film qui semble penser notre époque à travers un prisme totalement déconnecté du présent, d'où en effet un sentiment bizarre, une espèce de décalage qui donne au film un certain charme intemporel mais aussi un côté clairement à côté de la plaque (et j'avais eu exactement le même sentiment avec Le grand jeu).

Bref pas désagréable, il y a un truc quand même dans ce cinéma à l'ancienne, très sérieux, très carré sans esbroufe, sans superflu mais vraiment du mal à sauter au plafond et à trouver ça génial. Je crois d'ailleurs que Le grand jeu était plus original, plus romantique, plus romanesque. Là j'ai quand même le sentiment d'un tout petit film. Je pense d'ailleurs que ça va bider tellement c'est pas sexy avec sa photo terne, son absence d'humour (ou presque) et son côté froid et intelllo. D'ailleurs le dernier plan je l'ai trouvé d'une prétention assez folle, un plan sur la couverture d'un bouquin qui je suppose dit quelque chose du personnage, de celui qui lui offre le livre et du film en général mais comme je ne l'ai pas lu je suis passé totalement à côté. J'ai trouvé ça dingue de finir là-dessus, le truc qui va perdre 80% du public. Pour les curieux il s'agit de
Bartleby de Melville


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MessagePosté: 19 Sep 2019, 15:01 
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Art Core a écrit:
Bartleby de Melville

Bouquin génial.

Aucun souvenir (mais ça c'est mon alzheimer).

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 15:25 
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Ça m'a rendu curieux. Mais j'ai du mal à me rendre compte de la popularité du livre en fait. Je le connaissais de nom mais j'ai l'impression que c'est un bouquin avec un vrai message philosophque (d'après Wikipédia) et je sais pas si c'est aussi connu que ça.

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 15:27 
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C'est assez connu, mais c'est pas Moby Dick non plus.

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 15:29 
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Oui voilà, je doute que dans l'esprit du "grand public" ça clique direct. Finir sur la couverture du livre sans la moindre explication c'est quand même hyper osé.

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 15:41 
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Robot in Disguise
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Art Core a écrit:
Je pense d'ailleurs que ça va bider tellement c'est pas sexy avec sa photo terne, son absence d'humour (ou presque) et son côté froid et intelllo
Ne sous-estimes pas l'attrait du Luchini Cinematic Universe.
Le Cow-boy a écrit:
Bouquin génial.

Aucun souvenir (mais ça c'est mon alzheimer).
Ne te souviens-tu point du film avec Crispin Glover à Deauville 2001 ?

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 15:41 
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C'est devenu un peu un cliché, mais plutôt littéraire.

Maurice Ronet en a fait une excellente adaptation avec Michael Lonsdale. Il y en a eu une autre aux débuts des années 2000 ave cDavid Paymer et... qui d'autre que Crispin Glover.


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MessagePosté: 19 Sep 2019, 15:43 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Ne te souviens-tu point du film avec Crispin Glover à Deauville 2001 ?

A vrai dire si, un peu. J'avais bien aimé.

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 16:06 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Ne sous-estimes pas l'attrait du Luchini Cinematic Universe.


Oui j'y ai pensé mais Luchini c'est jamais moins de 500 000 entrées (quand il est rôle principal) et je suis franchement pas sûr que le film les fasse. Après j'aurais jamais parié sur L'hermine et le film fait 1 million d'entrées.

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 16:27 
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Le livre (la nouvelle) est quand-même assez connu du fait de la préface de Gilles Deleuze sur la phrase double-bind "I would prefer no to' (qui oppose quelques peu idéologiquement - en le liant à un territoire sans frontière et à un rhizome en développement permanent,le psychotique à la psychanalyse "bourgeoise" freudienne, ce qui radicalise le regard lacanien sur l'incurabilité des psychoses - les textes de Freud apparaissent d'ailleurs sur ce sujet à la fois plus prudents et ouverts , notamment en critiquant l'idée de suggestion et en défendant la résistance du malade).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 19 Sep 2019, 17:25 
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Oui pour la phrase double-bind je pense que l'idée est là (même si j'ai du mal à la connecter au film et au personnage en question).

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 17:38 
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Plus simplement, la phrase et le personnage de Bartleby incarnent la velléité chronique qui se résout en inaction, une sorte de diogène moderne. La nouvelle préfigure une espèce de cauchemar bureaucratique à la Kafka ou de nihilisme zen, les fictions du désengagement de la modernité comme les histoires d'Emmanuel Bove, Un homme qui dort de Perec, etc.


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MessagePosté: 19 Sep 2019, 18:00 
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Ce qui est important dans la nouvelle c'est la fascination (et l'amour qui ne permet pas une compréhension plus forte) du chef de Bartleby, narrateur au ton apparemment borné et paternaliste, pour lui. Son conformisme et sa bonhommie apparaissent aussi irrationnels ( et révélateurs d'une solitude à la fois sociale et ontologique ) que l'espèce d'effondrement vécu par Bartleby (auquel Bartleby donne une justification, même si elle est inexplicable). La nouvee possédéaussi un aspect fantastique qui excède la parabole psychologique individuelle
Bartleby continue à hanter le bâtiment qui remplace son bureau originel

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MessagePosté: 19 Sep 2019, 18:30 
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Lonsdale joue très bien ça dans le film de Ronet justement. C'est intéressant mais limpide au niveau de l'interprétation, la révolte et l'apathie (qui rappelle l'asténie des ermites chrétiens) suscite à la fois incompréhension et charité chrétienne chez le personnage, qui n'étant pas psychiatre est toujours pris au dépourvu.


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