Forum de FilmDeCulte

Grosse découverte, ce film est sans aucun doute la meilleure comédie politique de l'histoire du cinéma français. C'est à la fois d'une simplicité désarmante mais en même temps d'une profondeur peu commune, échappant de manière très élégante à la moindre caricature. Le personnage Pascal Greggory est une merveille, châtelain de gauche, grand bourgeois idéaliste, le prototype même de la "gauche caviar" et pourtant il n'est jamais ridicule, jamais moqué, jamais rabaissé, on ne remet pas en cause ses convictions, il est honnête. C'en est presque émouvant. Même quand sa propre fiancée (une Arielle Dombasle géniale) le rabaisse et le renvoie sans cesse à sa condition de privilégié il reste droit dans ses bottes, même quand la fille de l'instituteur du village vient l'humilier par son intelligence il discute, il réfléchit.

Ça ne veut pas dire que Rohmer admire ce personnage ou se range à ses côtés idéologiquement mais il n'y a aucune roublardise, aucune facilité, au contraire. Rohmer nous met face à ce qu'est réellement la politique, dans le sens premier du terme, détachée de la superficialité des égos. Et mine de rien c'est quelque-chose. Et j'ai été vraiment surpris par l'aspect (léger) documentaire du film, quand soudain, à toutes ces longues discussions théoriques se substitue la parole brève des habitants du village.

Le film est raide, pas évident, reposant uniquement, comme toujours ou presque chez Rohmer, sur la parole. Mais si on l'aborde du bon angle, celui facétieux de la comédie, le film est un chef-d’œuvre, d'une grande finesse. Les acteurs sont géniaux, la fin est superbe (la chanson qui là encore vient inscrire profondément et sans ironie les personnages dans leur territoire). Je le conseille à tout le monde et c'est en ce moment dispo sur le site d'Arte.

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CroqAnimement votre

Oui j'adore, vu plusieurs fois. Les thèmes restent très actuels.

Et je réalise 8 ans plus tard que je dis des grosses conneries au début de ce topic.

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CroqAnimement votre

Je vais me le tenter. J'ai toujours tenu Rohmer très loin de moi avec un bâton (cacedédi Massinfect), parce que c'est un cinéma qui m'attire pas du tout, comme tout ce qui a une odeur de Nouvelle Vague, mais tu le vends bien.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Ou même sur la chaîne YouTube : https://youtu.be/5aO2h8Dushk

Ouais mais "nouvelle vague" c'est trop large pour à mon sens justifier un dégoût global. Rohmer a vraiment pas grand chose à voir avec Truffaut ou Godard.

J'ai jeté un oeil au film (lien de Déjà-vu), en tout cas, et ça a tous les défauts de ce cinéma français qui me gonfle : des dialogues sans aucun naturel, sur-écrits, et récités comme on déclame Molière au spectacle de fin d'année en 3ème. Je vais essayer de passer outre...

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

La navrance, paresseuse et satisfaite

Déjà Rohmer ne se reduit pas aux Contes et au marivaudage moderne, son cinema est beaucoup plus large. Triple Agent est génial. Il pourrait même rendre certains spectateurs politiquement et historiquement moins cons. Puisqu'il faut des arguments de "vente".

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

C'est toi qui es navrant : je donne mon avis, sans attaquer personne, donc ton commentaire de merde, tu sais où tu peux te le mettre.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Il faut prendre le temps de rentrer chez Rohmer, se déshabituer des mauvaises habitudes du réalisme et de la vraisemblance du cinéma habituel. Ceci fait ça passe tout seul, ça devient même une vraie drogue.

Bah c'est pas propre à Rohmer, cette artificialité. Elle est chez Truffaut, elle est chez Godard, elle est chez Rivette, elle est chez Melville, elle est chez Franju, elle est chez Rozier (et plein d'autres). C'est vraiment une façon de concevoir l'écriture et la diction qui m'insupporte et qui me sort complètement de ces films : j'ai l'impression de voir des poupées qui parlent.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Alors que Demy lui brille par son absence

Elle est intrinsèque au cinéma de fiction cette artificialité, elle n'est pas propre au cinéma français de la Nouvelle Vague. Ça paraît peut-être radicalement différent chez Fassbinder ou Cassavetes, mais au final tout est pareillement faux.

Non, la diction extrêmement plate sans aucune intonation, c'est une particularité française, à partir des années 60.
L'artificialité est évidemment inhérente à la fiction, mais ce type d'artificialité est unique en son genre. Et il m'insupporte.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

C'est marrant parce que cette artificialité dont tu parles est largement moins présente dans ses films estampillés Nouvelle Vague, justement : Le Signe du Lion, La Femme de l'aviateur.

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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Je trouve l'obsession pour le naturalisme beaucoup plus problématique dans l'histoire du cinéma français, mais bon, chacun voit midi à sa porte. Dommage de se priver de tout un pan du cinéma juste pour une "artificialité" qui n'est pas la (Roh)mer à boire non plus.