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MessagePosté: 09 Déc 2019, 16:53 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Les films américains ont tellement la tête dans les étoiles qu'ils sont toujours gagnants à remettre les pieds sur Terre: c'est le cas notamment de FIRST MAN ou de tout un tas d'autres blockbusters réalistes qui tirent leur épingle du jeu en traitant des sujets mirifiques avec une approche documentaire, rationnelle, parfois morbide.
Mais les films français, eux, ont tellement les pieds sur Terre que finalement voir 1h46 pour nous montrer (ce qui est pas inintéressant en soi d'ailleurs) qu'aller dans l'espace c'est relou, c'est de l'entraînement laborieux et pas sex, et que ça veut dire confier ton enfant à une psy jouée par Sandra Hüller et habiter dans des résidences post-soviétiques toutes glauques, bah finalement c'est ce à quoi on s'attend. En ça le film est terriblement français. On va même pas sur Mars, non, on va juste dans l'ISS. Malgré l'aspect éminemment documenté du film, ça fait petit bras.

Ce qui en soi ne me dérange pas - vive le réalisme ! - mais ça résulte un film sans tension (alors que FIRST MAN brillait en réinjectant du danger dans ce qu'on considère à tort comme "facile" - un voyage vers la Lune - PROXIMA ne nous fait jamais flipper de rien) ; et un film presque sans émotion, tant le parcours du personnage d'Eva Green est générique, dénué de tout ancrage autre que "Je suis une mère et ça va me faire bizarre de pas voir ma fille pendant un an".

Au passage, je rejoins Freak sur le personnage de Dillon et son approche machiste ultra-datée et manifestement plus démonstrative qu'ancrée dans le réel.

Au final, on ressent davantage d'émotion devant la moindre photo du générique de fin que devant tout ce qui a précédé.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 04 Avr 2020, 08:17 
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On peut ajouter à l'aspect démago du film la petite remarque anti-Trump de Dillon quand il se demande comment on peut encore nier le réchauffement climatique. J'imagine qu'elle n'a d'autre utilité que d'annuler le fait que ce voyage vers mars n'est sans doute pas super écolo... enfin on s'en fout un peu comme de toute façon, comme ça a déjà été signalé plus haut, il s'agit juste pour une femme de réaliser de façon puéril son rêve d'enfant, tout le reste étant accessoire (le but et la nécessité d'une telle mission).

Les scènes où Eva Green est nue sont signalées dans le premier post du topic et discutées, c'est assez intéressant car dans un autre topic récent (celui consacré à "Underwater") il est question de "male gaze" pour le même type de scène car le réalisateur est un homme. Je me pose sérieusement la question de savoir à partir de quel moment on peut "condamner" ce type de scène ? Par exemple, dans "Misfits", quand Huston appuie les propos lourdingues des hommes sur les fesses de Marilyn en laissant traîner son plan de façon torve sur lesdites fesses, pour moi ce plan est tout à fait dégueulasse et je doute réellement qu'une femme ferait le même type de séquence. Mais sur des plans qui peuvent simplement avoir pour but de mettre en valeur le corps (athlétique, fragile, en formes, etc.) du personnage, qui peuvent visiblement être réalisés aussi bien par des femmes que par des hommes, je suis plus circonspect.

J'espère que l'autre mouche savante m'en voudra pas d'avoir regardé ce film actuellement, comme il y est question de quarantaine...


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MessagePosté: 09 Sep 2020, 09:33 
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Je devais être bien luné mais j'ai apprécié ce film dont le regard repose finalement moins sur les cadres d'un féminisme (qui en a énervé certains apparemment) que d'une bienveillance et d'une façon de na pas enfermer les persos dans une boite (le perso de Matt Dillon justement, assez joli scène dans le supermarché) en procédant par petites touches. J'avais des doutes sur Eva Green mais elle tient très bien le film sur ses épaules et je la trouve exploité intelligemment.


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MessagePosté: 30 Nov 2021, 14:33 
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Inscription: 07 Oct 2012, 15:32
Messages: 347
Cantal a écrit:
Je devais être bien luné mais j'ai apprécié ce film dont le regard repose finalement moins sur les cadres d'un féminisme (qui en a énervé certains apparemment) que d'une bienveillance et d'une façon de na pas enfermer les persos dans une boite (le perso de Matt Dillon justement, assez joli scène dans le supermarché) en procédant par petites touches. J'avais des doutes sur Eva Green mais elle tient très bien le film sur ses épaules et je la trouve exploité intelligemment.

Bien d’accord avec toi.

Beau film que ce Proxima, sorte de Gravity inversé où une mère s’apprête à quitter la terre (alors que dans le film de Cuarón, il s’agissait de la rejoindre) avec cette question terre à terre que tout voyageur se pose : qu’est-ce qu’on emmène avec soi ? Qu’est-ce qu’on laisse derrière ?

Ce qu’on y laisse, c’est d’abord du temps, le temps passé avec les siens, en l’occurrence celui que le personnage d’Eva Green (Sarah) ne partagera pas avec sa petite fille. L’astronaute russe, Anton, le résume bien quand il dit à Sarah que le plus dur n’est pas le départ mais le retour, quand on réalise que la vie a continué sans soi.

Alors pour compenser ce qu’on va perdre (ce temps perdu et jamais retrouvé qui correspond ici à la durée de la mission spatiale), on doit choisir ce qu’on emmène, ce qui nous permettra de ne pas trop penser à cette perte, d’en atténuer la douleur. C’est cette petite boite où Sarah range minutieusement quelques objets lui rappelant sa fille et qu’elle doit choisir avec soin car elle est limitée en poids (pas plus de 1,5 kg).

Car on a beau rejoindre les étoiles pour y flotter dans l’espace, débarrassé de cette pesanteur terrienne, délesté de son propre poids, on est quand même rattrapé par des questions prosaïques : le poids des bagages qu’on emmène.

Et aucun choix n’est anodin en la matière comme le laissera entendre le médecin à Sarah : sa décision de pas interrompre son cycle menstruel par exemple implique évidemment d’emmener avec elle les protections appropriées, ce qui sera « déduit de son quota de bagages », comme le précise le docteur.

C’est ce genre de détail, presque trivial, au sein d’un film sur la conquête spaciale, qui dit bien au passage que les filles de l’espace ne sont pas tout à fait les égales des hommes, qui fait toute la force du film.

A tous ceux qui, comme moi, ont pu tiquer sur la vraisemblance de la fugue de Sarah et sa fille, voici ce que répond la réalisatrice dans cet interview donnée aux cahiers :
Citation:
Vous vous êtes inspirée de la vie de certaines astronautes pour écrire le film ?

Pas du tout. D’ailleurs c’est drôle, car c’est seulement après avoir écrit le film que j’ai découvert que des choses que j’avais inventées s’étaient réellement produites. Par exemple - attention je vais spoiler la fin - quand elle s’enfuit de quarantaine, c’est quelque chose qui est arrivé à Anna Lee Fisher, icône des astronautes parce que c’est la première mère à être partie dans l’espace ; elle était la référence de Sigourney Weaver pour Alien. Anna Lee Fisher s’est enfuie de quarantaine le soir d’Halloween pour aller faire quelques tricks or treats avec sa fille.

Pourtant dans le film cet épisode de la fuite semble presque invraisemblable.

C’est une difficulté que rencontrent souvent les scénaristes : la réalité est peu vraisemblable. Il faut être en dessous de la réalité pour être crédible.


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