Forum de FilmDeCulte

En pleine représentation, un comédien de la Comédie-Française est assassiné par empoisonnement. Martin, membre de la troupe témoin direct de cet assassinat, est bientôt soupçonné par la police et pourchassé par la mystérieuse organisation qui a commandité le meurtre. Aidé par une dessinatrice de bandes dessinées, Claire, il cherchera à élucider ce mystère au cours d'un voyage très mouvementé en Europe.

Je voulais un film léger, sympa et intelligent pour Noël et je me suis dit que l'auteur de Alice et le Maire, film assez inconséquent mais pas désagréable, pourrait bricoler ça.

Boy I was wrong (film freakisme). Ce film est à mes yeux une authentique catastrophe. C'est jamais drôle, les situations sont vues et revues, c'est du mauvais pastiche hitchcockien et ça fourmille de moments gênants à cause de dialogues et globalement d'une intrigue hyper mal écrits. Il n'y a qu'à voir la pauvreté de la rencontre Lacoste-Kiberlain et le motif pour celle-ci d'aider le premier. Ou la platitude des scènes d'amour (pire couple, pas crédible un instant). Ou de ce qui pourrait ressembler à une scène d'action. Le méchant est nul à chier et le propos est paradoxalement assez pompeux mais complètement inoffensif.

Bref, de la bonne grosse daube, j'étais choqué. Surtout que le générique est bien fourni, le nombre de gens qui ont bossé sur ce film, quand des auteurs incroyables peinent à faire financer leurs films...

J'ai préféré Le Parfum vert à Alice et le Maire, mais son plus gros problème est son inconstance. J'ai apprécié son côté ludique (les références à Hitchcock - du chignon de Madeleine à la scène du concert de L'Homme qui en savait trop -, mais aussi celles à l'univers d'Hergé - le costume de Lacoste dans la première séquence, les Dupont-Dupond, son méchant qui m'a fait penser au Dr. Müller -), son histoire hénaurme qu'il faut accepter comme tel (sans quoi oui le film est bourré d'incohérences), mais ça ne tient jamais sur la longueur. Le film a de trop nombreuses chutes de rythmes, bien souvent les longues scènes dialoguées qui tombent totalement à plat (tout ce gimmick sur la judéité j'ai pas compris, à moins que le but soit de se moquer de Desplechin), exemplairement l'interminable scène dans l'appart bruxellois avec cette autre incohérence un peu nulle sur la cuisson des pâtes en une minute. Mon avis a constamment varié entre le 2 et 4/6, au final un bon 3/6 de film moyen lui convient parfaitement. J'avais évoqué Pascal Thomas dans la shootbox au sujet de la BA, que l'on aime ou pas au moins lui sait tenir une ligne claire sans dévier sur toute la longueur d'un film.

T'as envisagé le 4/6 pour un film dont, en gros, tu ne retiens que le référençage ludique comme qualité? Dis donc t'es bon public.

Perso, le gros plan sur le chignon d'entrée de jeu ça m'a agacé. Parce qu'après ça, il faut quand même pouvoir en faire quelque chose d'intéressant, la filiation à Hitchcock. Pareil pour les Dupondt, ça sert à rien sauf de dire "voyez je suis un auteur avec références".

Et le thème de la judéité ouais c'est pathétique. Dans son itw aux Cahiers (enfoirés qui m'ont fait aller voir le film!), Pariser dit que ça sert à parler du renouveau du fascisme en Europe... Le mec se plaint que sur Alice et le Maire, des journaux d'extrême gauche et d'extrême droite l'ont sollicité pour itw. Ce qui prouvait son côté lisse qui convient à tout le monde. Le pauvre chou n'a pas supporté et pense avoir commis ici une sorte de film risqué et engagé

Disons que lorsqu’il se lâche dans le côté purement ludique (toute la partie à Budapest par exemple), j’y prends un réel plaisir. Beaucoup moins quand il s’essaie à ajouter de la profondeur. Dans les trucs nuls, j’ai oublié de citer la gamine dans le train, c’est à la fois inutile et super relou.

Oui bon exemple d'un truc sans aucun intérêt, même pas celui d'une drôlerie qui viendrait surprendre. Le dialogue débité est tout plat ("n'embête pas le monsieur, tu veux pas manger ton gâteau? - nan c'est pas bon - mais si").

A Budapest, je ne trouve pas ça bien original non plus: le coup du message codé qui se loge dans la modification du texte a non seulement déjà été vu, mais en plus ici on n'entre pas dans le jeu vraiment, jamais on n'apprendra quelle partie a été modifiée et comment, et pourtant tout un suspense est créé, très artificiel.

J'avais lu le scénario dont j'avais apprécié le ton mais dans lequel j'avais tiqué sur certaines charnières narratives et surtout un potentiel inexploité.

Et j'avoue que voir le film juste après GLASS ONION fait mal. Dans la catégorie du "Film d'enquête intelligent et ludique pour toute la famille à Noël", ouille. Certes, le Johnson a ses défauts (critique incoming) mais bon sang, le Pariser tu te demandes vraiment pour qui ce film existe, qui c'est censé passionner ou divertir...

Au moins le ton promis par le scénario est présent. On retrouve ce pastiche hitchcockien mâtiné de Ligne Claire, Hergé, Blake et Mortimer. Si on est gentil, cette recherche de la "case" permet même d'excuser certaines scènes plates comme la poursuite dans le bâtiment européen à Bruxelles.

Mais est-ce que ça suffit à justifier l'aspect morne et sans affect du reste ? Bon dieu, la scène où Lacoste se fait enlever au début ? C'est aux scènes d'enlèvement ce que CERTAIN WOMEN est aux films de prise d'otage. Que dis-je ? Le Reichardt c'est DIE HARD à côté. Et puis pour un film avec un tel référentiel BD, c'est quand même pas jojo sur le plan pictural. La lumière est bien mais y a trop peu de cadres, de plans marquants.

Bref, les 40 premières minutes sont pénibles et il faut attendre la scènes des pâtes pour en quelque sorte permettre à notre cerveau de se "synchroniser" au film. Là, le pas de côté est intégral, l'ADN présumé du projet devient mutant. On a d'un côté ce gars qui cuit des pâtes (truc qu'on voit jamais dans un film d'espionnage) et de l'autre Kiberlain qui vagabonde sur la notion d'Europe et de judéité. Ça a le mérite d'être frais, mais c'est teeeeellement théorique, là on rentre dans du pur cinéma de note d'intention.
Surtout que le "discours" du film, avec toujours l'extrême-droite en épouvantail, est d'une part tellement en retard sur l'actu, et surtout tellement grandiloquent par rapport à l'humilité du reste.

Une fois cette charnière passée, on rentre dans le dernier acte avec un climax prometteur. Mais malheureusement, cette sensation qui nous poursuivait depuis le début se matérialise enfin: Martin est acteur mais il pourrait faire n'importe quel métier que ça ne changerait rien. Seule la transmission du code par le biais des dialogues exploite le potentiel du théâtre (et encore, on ne comprend rien). Mais que Martin soit comédien n'est jamais mis à profit: on aurait pu faire un film génial sur cet acteur obligé d'endosser une autre personnalité pour survivre, ou bien au contraire galérer à être naturel sous sa fausse identité car il a des tics "du Français", que sais-je encore ? Et dans la scène de fin on le voit à peine jouer, c'est tellement dommage.
D'ailleurs même frustration sur le personnage de Claire, dessinatrice mais qui elle non plus ne met jamais à profit son don.
Que dire enfin de
Mais bon, n'oublions pas qu'on est dans un film donc le "décalage" est là et pas besoin de faire quelque chose de trop "lisse" et "parfait" comme les vilains américains.

Bref, au final je retiens quelques trop petites pépites, une certaine originalité, et Kiberlain qui habite bien son perso de bédéiste désaxée, mais c'est tout. Moins bon Pariser, c'est dommage.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'admire ta ténacité à écrire une critique détaillée sur ce film. Heureusement pour Pariser, je pense que pas grand monde ne verra son film. Notamment ici, ça pourrait être un carnage.

Bah j'avais déjà pondu 6 pages et demi sur le scénar donc LE PARFUM VERT a occupé beaucoup de place dans ma tête...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Purée mon pauvre...

Oh, à Cannes, je n'avais pas détesté, trouvé ça ludique et inconséquent.

Au début ça cite Hitchcock à tout va (Vertigo, Marnie, Les 39 marches, L'Homme qui en savait trop, La Mort aux trousses) et j'ai pensé pouvoir être "bon public", mais quand le méchant s'appelle Vandamm et collectionne les BD belges, on lit bien la NOTE D'INTENTION. Quoique, quel est censé être le ton de ce film au juste ? Une comédie ? Ce n'est pas drôle, on ne peut même pas affirmer à quel moment ça tente de l'être. Un thriller ? Il n'y a aucun suspense et cela semble à peine croire à son intrigue, pourtant développée au-delà du simple MacGuffin. Incompréhensible.


T'es allé la chercher loin celle-là, moi je retiens surtout cette réplique qui vaut bien "C'est le début d'une grande amitié", à savoir : "Il reste des pâtes ?"


Juste pour savoir, si tu prends un réel plaisir pendant le théâtre à Budapest dans Le Parfum vert, peux-tu me dire ce que tu penses de l'opéra à Vienne dans Rogue Nation ? Je me suis un peu spoilé avec ta note (2).


Pas du tout compris l'utilité non plus, ni pourquoi ils se sont infligé ça au tournage, tout comme la blessure de Kiberlain qui l'oblige dans la seconde moitié à tenir des béquilles ou une canne, c'est pas Damon dans The Bourne Supremacy quoi.


Pire, elle est pas foutue de retenir un numéro finalement (pas compris non plus comment il était transmis pendant la pièce). J'ai passé le film à me demander pourquoi les méchants , avant de voir le dernier plan

vraiment un gâchis tragique, ce film.

sur le papier, c'est génial. ça fait 1000 ans que je pense que s'ils refusent de lâcher les droits de tintin pour faire quoi que ce soit (et dans l'absolu, je pense qu'ils ont raison), rien n'empêche de plagier. de faire un truc à la tintin, c'est quand même absurde qu'au cinéma à part l'homme de rio on n'ait jamais vraiment tenté le coup. pour faire ça, un comédien en guise de héros c'est une super idée : ça lui permet de voyager de ville en ville et d'avoir de nouvelles aventures dans chaque lieu, comme dit qui-gon ça permet des scènes marrantes où il doit jouer des trucs (comme les masques dans m:i, le spectateur ne saurait pas si il joue ou est sincère...), vraiment bien. pour le jouer, vincent lacoste est une évidence. en tant que fan de pauline detective, kiberlain est aussi parfaite pour un film dans cet univers. et le séquencier est vraiment pas mal, le meurtre sur scène est sympa, il y a une scène dans un train, un soir de première, ils sont poursuivis par les flics en menant leur propre enquête, ils arrivent dans un lieu pour prévenir que l'assassin est là et tuera dans quelques minutes... sympa.

et à l'écran, c'est la catastrophe.

le coeur du problème, c'est que c'est manifestement l'oeuvre d'un homme très intellectuel, qui rit quand il se brule, qui s'est dit qu'il voulait faire quelque chose de ludique. mais alors il n'y a rien de ludique, rien de drôle, il n'y a aucune vie, aucune legereté, aucun amusement, nulle part, jamais rien. la seule fois où j'ai souri c'est quand kiberlain dit "quand on est de gauche, on navigue de défaite en défaite, alors c'est romanesque mais bon..." - phrase marrante mais plantée là. il filme et met en scène une aventure de tintin comme un film d'auteur, avec des plans fixes, 2 de tension, tout le monde sur un ton monocorde... c'est absurde.

la pièce qu'ils jouent à la fin est donc 'l'illusion comique' et c'est assez cruel parce qu'on aurait adoré l'avoir, cette illusion. mais en l'état, c'est juste un des innombrables détails disséminés tout du long pour bien faire comprendre que c'est un intellectuel, attention la légèreté n'est qu'apparente, qu'il n'est pas dupe de ce qu'il fait... la troupe de théatre c'est la comédie française, parce qu'une pièce un peu vive ça aurait été vulgaire. on nous colle le discours sur la judéité et l'europe totalement saugrenu. l'ennemi c'est l'extreme droite qui diffuse des fake news. lacoste s'habille comme un vieux bourgeois intellectuel. les notes d'intention sont partout, les clins d'oeil totalement artificiels, je ne comprends même ce qu'il aime dans ces oeuvres d'aventure vu qu'il a l'air de trouver ça sale de juste raconter son histoire.
seule la musique semble être totalement, sans arrière pensée, dans le ton, mais c'est encore pire parce qu'elle permet d'imaginer en direct ce qu'aurait pu donner la même scène filmée par un mec qui aime ce qu'il filme.

sinon vous avez tous bien énuméré tout ce qui ne fonctionne pas : la rencontre kiberlain lacoste est tellement paresseuse c'est illégal, la motivation pour mener l'enquête ensemble est absurde, kiberlain qui boite pour toute la fin pourquoi diable?, les clins d'oeil lourds à la bande dessinée qui n'ont pas de sens dans le monde du film, il était évident que la relation devait rester platonique, la flic a 0 personnalité... alors je trouve l'intrigue solidement construire - on ne comprend pas grand chose mais bon, les complots dans tintin sont parfois un peu abscons aussi - mais l'absence totale d'imagination pour ce qui se passe dans les scènes plombe tout.

vraiment une terrible, terrible impression de gâchis parce que ça aurait pu être super, et donner naissance à une petite franchise sympa.

J'adore tes critiques, même quand je n'ai pas vu - ou ne verrai jamais - les films en question.

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I think we're gonna need a helmet.

D'accord avec toi, meilleur nouveau.
Si seulement il mettait des majuscules... (Il a expliqué un jour que c'était un choix esthétique délibéré lol Il faut pourtant enfoncer la touche majuscule pour le point donc c'est vraiment, vraiment fait exprès d'écrire avec des fautes d'orthographe... Ah les jeunes..)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Curieux de voir quand-même s'il a un compte sur Babelio, Booking.com et TripAdvisor, le service après-vente de Darty, voire au service des radiations de Pôle Emploi avec la même approche Uber-on-ne-me-la-fait-pas-mais-j-ai-tout-mon-temps (si oui le chômage des indépendants risque d'augmenter d'un ou deux pourcents dans un certains nombre d'endroits).

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre