Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 21 Nov 2024, 22:48

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 18 Mai 2010, 11:41 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23987
La paternité est bien l’un des thèmes majeurs de ce 63e Festival de Cannes. Après Chongqing Blues et Un homme qui crie, Biutiful est le troisième film soumis au jury qui aborde frontalement la question de la transmission filiale. Alejandro Gonzalez Inarritu dédiait son film précédent, Babel, Prix de la mise en scène en 2006, à ses deux enfants. A la fin de son dernier opus, le cinéaste mexicain rend hommage à son père, chêne solide qui a peut-être servi de modèle psychologique à son héros. Tourné à Barcelone avec son équipe habituelle – Rodrigo Prieto en chef opérateur et Gustavo Santaolalla, Biutiful suit les pas d’un homme qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale. La caméra toujours aussi inspirée d’Inarritu ne lâchera jamais les semelles d’Uxbal, Don Quichotte tardif qui promène sa grande carcasse dans les rues de la cité catalane et comprend qu’il ne suffit pas de vouloir le bien – pour ses enfants ou pour les clandestins qui vivent à Barcelone -, pour que celui se réalise.

La mondialisation souterraine

Dans Babel, Alejandro Gonzalez Inarritu touchait à l’universel quand il évoquait – sur trois continents – la difficulté à exprimer ses sentiments. Biutiful aborde une autre mondialisation, celle des petits trafics pour survivre loin de chez soi, des ateliers souterrains et des vendeurs à la sauvette. Sans jamais forcer le trait sur le plan politique ou social, le Mexicain témoigne de faits qui se déroulent sous nos yeux sans que l’on y prête attention. Le meilleur de Biutiful est là, dans les efforts d’Uxbal pour trouver une impossible rédemption alors qu’il a toujours vécu de la souffrance d’autrui, en exploitant des clandestins chinois ou africains. Privé de Guillermo Arriaga, son scénariste attitré de la trilogie du hasard – Amours chiennes, 21 Grammes, Babel -, Alejandro Gonzalez Inarritu perd de son efficacité narrative. Le trait est parfois forcé – surtout dans le personnage de la mère de famille, accablée de tous les maux – et les belles images de la nuit qui tombe sur Barcelone n’ont pas de sens véritable, à part flatter l’œil et démontrer que Rodrigo Prieto est un immense directeur de la photographie. Reste la performance de Javier Bardem, impressionnante, qui pourrait bien permettre à l'acteur espagnol d'ajouter un prix d'interprétation masculine à sa collection personnelle et quelques scènes impressionnantes - la poursuite des clandestins, les séquences fantastiques - qui démontrent le talent du metteur en scène.

4/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 28 Mai 2010, 13:16 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28404
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
J'aime bien Amours Chiennes, j'adore 21 grammes mais j'avais quasiment détésté la démonstration didactique de Babel. Ce que j'aime chez ce cinéaste c'est sa sensibilité grandiloquente et violemment mélodramatique et j'espérais retrouver cela ici malgré l'absence de Guillermo Arriaga au scénario. L'histoire s'y prête particulièrement puisque Javier Bardem malade, ayant de graves problèmes familiaux déambule dans un Barcelone dégueulasse et interlope entre immigration clandestine et petites combines. Alors effectivement il n'y va pas avec le dos de la cuillère et à la main particulièrement lourde sur les épaules de Javier Bardem qui porte littéralement la misère du monde sur ses épaules. Alors oui c'est lourd, c'est maladroit, c'est misérabiliste parfois mais je trouve que le film reste vraiment digne, qu'Inarritu n'a aucune complaisance envers son personnage, qu'au contraire, il ne le lâche pas, il est au plus proche de lui (l'affiche – un gros plan sur son visage – représente très bien le film). Et ça donne lieu à cette espèce de lente montée vers l'inexorable selon une logique fataliste terrible. Moi j'ai plutôt marché, j'ai été ému. Il y a de très belles scènes entre Bardem et ses enfants. Après le film aurait largement pu être beaucoup plus court, beaucoup plus concentré, il n'en aurait été que plus puissant. En l'état ça reste un bon film porté par un acteur exemplaire de dignité dans son parcours christique. Son prix n'est vraiment pas volé. Très belle première et dernière scène. 4/6

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 04 Mar 2011, 12:27 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22729
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
J'adore Babel et encore plus Amores Perros, deux chefs-d'oeuvre. 21 Grams m'avait calmé aussi mais j'en ai peu de souvenirs. Curieusement je redoutais ce Biutiful... Pas mal d'avis négatifs + peu attiré par le pitch...
Mais surprise, j'ai vraiment bien aimé. J'avais presque "oublié" à quel point j'admirais la mise en scène d'Inarritu, ici superbement épaulé par une photo magnifique et une musique de Santaolalla une fois de plus excellente. Alors oui, l'histoire est particulièrement noire et misérable, mais grâce à la beauté esthétique et la direction d'acteurs (Bardem est énormissime... lauriers mille fois mérités), il y a une espèce de grâce qui fait tout passer comme du beurre. C'est un peu longuet, quand même (2h suffisaient amplement), et Bardem semble porter le film à lui tout seul, mais il y a plein de moments franchement magnifiques, et le film émeut par là où je ne l'attendais pas: le thème de la paternité. Et je suis content de voir que même sans Arriaga, Inarritu conserve l'entièreté de son talent.
Donc voilà, un film imparfait mais touché par une certaine grâce.

4,5/6

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 04 Mar 2011, 18:35 
Hors ligne
Successful superfucker
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
Messages: 8711
Arnotte a écrit:
il y a une espèce de grâce qui fait tout passer comme du beurre.


Du pur copyright Arnotte!


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 18 Avr 2011, 11:30 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 22 Fév 2011, 18:24
Messages: 413
Mouais.

Il ya des moments que je trouve beaux, comme la fuite des clandestins place de Catalogne ou le travelling sur la plage. De manière générale, plutôt que la "question" de la paternité, ce qui me touche le plus dans le film est tout ce qui tourne autour du mysticisme puisque le personnage de Bardem parle avec les morts (ou au moins est réputé pour cela), ce qui donne lieu à des moments assez forts, comme les scènes d'ouverture et de cloture dans la neige qui se répondent, où il parle avec son père tel qu'il n'a jamais pu le voir (gamin avec juste quelques poils au menton). C'est presque du vaudou, ou au moins du mysticisme à la sauce latino, et dans la Barcelone des années 2000, c'est assez fascinant.

Mais bon, tout cela manque beaucoup de fludité narrative, d'écriture... Inarritu n'a rien qui fasse tenir ensemble ces histoires parallèles ( les clandestins chinois, les clandestins africains, le cancer, le mysticisme, les enfants) hormis Bardem qui pisse le sang avec conviction et se consume lentement. Cela ne suffit pas de donner des claques dans la gueule du spectateur (c'est vraiment horriblement noir par moments), à la fin le spectateur ne les sent plus parce qu'on ne lui done pas de porte d'entrée dans le film (moi je n'ai eu que le mysticisme, le reste a malheureusement glissé).

Et puis ces plans d'extérieur qui tremblotent et finissent par se stabiliser ou ces masses indistinctes (épaule, corps, touffe de cheveux) qui occupent la moitié du cadre...pfffff c'est chichiteux franchement.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 22 Jan 2015, 03:35 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86845
Localisation: Fortress of Précarité
Je me disais, de loin, qu'Iñárritu, débarrassé d'Arriaga, saurait davantage me toucher mais j'ai une fois de plus trouvé qu'il avait la main lourde dans l'écriture par moments. Comme le dit Art Core, le film sait rester digne et, malgré toute la noirceur, on ne tombe jamais dans du Precious par exemple.

J'ai tout de même l'impression que le cinéaste ne parvient pas tout à fait à se défaire de certains oripeaux du film choral, comme en témoignent ces quelques scènes s'attardant sur la vie du couple chinois gay ou du couple sénégalais. Le film aurait gagné à rester exclusivement sur Uxbal, et à ne pas s'encombrer de certaines sous-intrigues (tout le trip médium est assez classe mais fait presque hors sujet...alors que ça aurait peut-être dû être LE sujet, ce sont les scènes les plus fortes). On aurait évité les 2h30 de film encore une fois...

Après, j'apprécie l'exhaustivité du portrait, habité par un Javier Bardem parfait, mais si les images de Prieto ne cessent de m'éblouir, Iñárritu n'arrive décidément pas à me parler, même lorsqu'il traite de thèmes taillés sur mesure pour moi.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Babel (Alejandro González Iñárritu - 2006)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 8, 9, 10 ]

Mufti

141

14853

06 Sep 2010, 14:24

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Birdman (Alejandro Gonzalez Iñárritu - 2014)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

Arnotte

46

6236

17 Mar 2015, 14:54

crevardinho Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. 21 grammes (Alejandro González Iñárritu, 2003)

_ZaZaZa_

6

1509

05 Sep 2011, 15:25

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The Revenant (Alejandro Gonzalez Inarritu - 2015)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4 ]

Karloff

56

6057

04 Mar 2016, 11:07

karateced Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Amores Perros (Alejandro González Iñárritu, 2000)

_ZaZaZa_

9

1967

20 Jan 2015, 10:07

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Bardo : Fausse chronique de quelques vérités (Alejandro González Iñárritu, 2022)

Film Freak

1

375

23 Déc 2022, 15:22

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Biutiful cauntri (Esmeralda Calabria, Andrea D'Ambrosio et Peppe Ruggiero - 2008)

DPSR

0

1048

10 Aoû 2008, 22:45

DPSR Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Inori (Pedro Gonzalez-Rubio - 2012)

Karloff

0

1284

14 Sep 2015, 21:32

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Un couteau dans le coeur (Yann Gonzalez - 2018)

Qui-Gon Jinn

9

1964

25 Nov 2018, 17:06

Alabama Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Rencontres d'après minuit (Yann Gonzalez - 2013)

DPSR

10

2253

02 Jan 2020, 23:57

Abyssin Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Bing [Bot] et 17 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web