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MessagePosté: 18 Mai 2010, 11:41 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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La paternité est bien l’un des thèmes majeurs de ce 63e Festival de Cannes. Après Chongqing Blues et Un homme qui crie, Biutiful est le troisième film soumis au jury qui aborde frontalement la question de la transmission filiale. Alejandro Gonzalez Inarritu dédiait son film précédent, Babel, Prix de la mise en scène en 2006, à ses deux enfants. A la fin de son dernier opus, le cinéaste mexicain rend hommage à son père, chêne solide qui a peut-être servi de modèle psychologique à son héros. Tourné à Barcelone avec son équipe habituelle – Rodrigo Prieto en chef opérateur et Gustavo Santaolalla, Biutiful suit les pas d’un homme qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale. La caméra toujours aussi inspirée d’Inarritu ne lâchera jamais les semelles d’Uxbal, Don Quichotte tardif qui promène sa grande carcasse dans les rues de la cité catalane et comprend qu’il ne suffit pas de vouloir le bien – pour ses enfants ou pour les clandestins qui vivent à Barcelone -, pour que celui se réalise.

La mondialisation souterraine

Dans Babel, Alejandro Gonzalez Inarritu touchait à l’universel quand il évoquait – sur trois continents – la difficulté à exprimer ses sentiments. Biutiful aborde une autre mondialisation, celle des petits trafics pour survivre loin de chez soi, des ateliers souterrains et des vendeurs à la sauvette. Sans jamais forcer le trait sur le plan politique ou social, le Mexicain témoigne de faits qui se déroulent sous nos yeux sans que l’on y prête attention. Le meilleur de Biutiful est là, dans les efforts d’Uxbal pour trouver une impossible rédemption alors qu’il a toujours vécu de la souffrance d’autrui, en exploitant des clandestins chinois ou africains. Privé de Guillermo Arriaga, son scénariste attitré de la trilogie du hasard – Amours chiennes, 21 Grammes, Babel -, Alejandro Gonzalez Inarritu perd de son efficacité narrative. Le trait est parfois forcé – surtout dans le personnage de la mère de famille, accablée de tous les maux – et les belles images de la nuit qui tombe sur Barcelone n’ont pas de sens véritable, à part flatter l’œil et démontrer que Rodrigo Prieto est un immense directeur de la photographie. Reste la performance de Javier Bardem, impressionnante, qui pourrait bien permettre à l'acteur espagnol d'ajouter un prix d'interprétation masculine à sa collection personnelle et quelques scènes impressionnantes - la poursuite des clandestins, les séquences fantastiques - qui démontrent le talent du metteur en scène.

4/6


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MessagePosté: 28 Mai 2010, 13:16 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28350
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
J'aime bien Amours Chiennes, j'adore 21 grammes mais j'avais quasiment détésté la démonstration didactique de Babel. Ce que j'aime chez ce cinéaste c'est sa sensibilité grandiloquente et violemment mélodramatique et j'espérais retrouver cela ici malgré l'absence de Guillermo Arriaga au scénario. L'histoire s'y prête particulièrement puisque Javier Bardem malade, ayant de graves problèmes familiaux déambule dans un Barcelone dégueulasse et interlope entre immigration clandestine et petites combines. Alors effectivement il n'y va pas avec le dos de la cuillère et à la main particulièrement lourde sur les épaules de Javier Bardem qui porte littéralement la misère du monde sur ses épaules. Alors oui c'est lourd, c'est maladroit, c'est misérabiliste parfois mais je trouve que le film reste vraiment digne, qu'Inarritu n'a aucune complaisance envers son personnage, qu'au contraire, il ne le lâche pas, il est au plus proche de lui (l'affiche – un gros plan sur son visage – représente très bien le film). Et ça donne lieu à cette espèce de lente montée vers l'inexorable selon une logique fataliste terrible. Moi j'ai plutôt marché, j'ai été ému. Il y a de très belles scènes entre Bardem et ses enfants. Après le film aurait largement pu être beaucoup plus court, beaucoup plus concentré, il n'en aurait été que plus puissant. En l'état ça reste un bon film porté par un acteur exemplaire de dignité dans son parcours christique. Son prix n'est vraiment pas volé. Très belle première et dernière scène. 4/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 04 Mar 2011, 12:27 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22702
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
J'adore Babel et encore plus Amores Perros, deux chefs-d'oeuvre. 21 Grams m'avait calmé aussi mais j'en ai peu de souvenirs. Curieusement je redoutais ce Biutiful... Pas mal d'avis négatifs + peu attiré par le pitch...
Mais surprise, j'ai vraiment bien aimé. J'avais presque "oublié" à quel point j'admirais la mise en scène d'Inarritu, ici superbement épaulé par une photo magnifique et une musique de Santaolalla une fois de plus excellente. Alors oui, l'histoire est particulièrement noire et misérable, mais grâce à la beauté esthétique et la direction d'acteurs (Bardem est énormissime... lauriers mille fois mérités), il y a une espèce de grâce qui fait tout passer comme du beurre. C'est un peu longuet, quand même (2h suffisaient amplement), et Bardem semble porter le film à lui tout seul, mais il y a plein de moments franchement magnifiques, et le film émeut par là où je ne l'attendais pas: le thème de la paternité. Et je suis content de voir que même sans Arriaga, Inarritu conserve l'entièreté de son talent.
Donc voilà, un film imparfait mais touché par une certaine grâce.

4,5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 04 Mar 2011, 18:35 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
Messages: 8711
Arnotte a écrit:
il y a une espèce de grâce qui fait tout passer comme du beurre.


Du pur copyright Arnotte!


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MessagePosté: 18 Avr 2011, 11:30 
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Inscription: 22 Fév 2011, 18:24
Messages: 413
Mouais.

Il ya des moments que je trouve beaux, comme la fuite des clandestins place de Catalogne ou le travelling sur la plage. De manière générale, plutôt que la "question" de la paternité, ce qui me touche le plus dans le film est tout ce qui tourne autour du mysticisme puisque le personnage de Bardem parle avec les morts (ou au moins est réputé pour cela), ce qui donne lieu à des moments assez forts, comme les scènes d'ouverture et de cloture dans la neige qui se répondent, où il parle avec son père tel qu'il n'a jamais pu le voir (gamin avec juste quelques poils au menton). C'est presque du vaudou, ou au moins du mysticisme à la sauce latino, et dans la Barcelone des années 2000, c'est assez fascinant.

Mais bon, tout cela manque beaucoup de fludité narrative, d'écriture... Inarritu n'a rien qui fasse tenir ensemble ces histoires parallèles ( les clandestins chinois, les clandestins africains, le cancer, le mysticisme, les enfants) hormis Bardem qui pisse le sang avec conviction et se consume lentement. Cela ne suffit pas de donner des claques dans la gueule du spectateur (c'est vraiment horriblement noir par moments), à la fin le spectateur ne les sent plus parce qu'on ne lui done pas de porte d'entrée dans le film (moi je n'ai eu que le mysticisme, le reste a malheureusement glissé).

Et puis ces plans d'extérieur qui tremblotent et finissent par se stabiliser ou ces masses indistinctes (épaule, corps, touffe de cheveux) qui occupent la moitié du cadre...pfffff c'est chichiteux franchement.


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MessagePosté: 22 Jan 2015, 03:35 
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Meilleur Foruméen
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 86739
Localisation: Fortress of Précarité
Je me disais, de loin, qu'Iñárritu, débarrassé d'Arriaga, saurait davantage me toucher mais j'ai une fois de plus trouvé qu'il avait la main lourde dans l'écriture par moments. Comme le dit Art Core, le film sait rester digne et, malgré toute la noirceur, on ne tombe jamais dans du Precious par exemple.

J'ai tout de même l'impression que le cinéaste ne parvient pas tout à fait à se défaire de certains oripeaux du film choral, comme en témoignent ces quelques scènes s'attardant sur la vie du couple chinois gay ou du couple sénégalais. Le film aurait gagné à rester exclusivement sur Uxbal, et à ne pas s'encombrer de certaines sous-intrigues (tout le trip médium est assez classe mais fait presque hors sujet...alors que ça aurait peut-être dû être LE sujet, ce sont les scènes les plus fortes). On aurait évité les 2h30 de film encore une fois...

Après, j'apprécie l'exhaustivité du portrait, habité par un Javier Bardem parfait, mais si les images de Prieto ne cessent de m'éblouir, Iñárritu n'arrive décidément pas à me parler, même lorsqu'il traite de thèmes taillés sur mesure pour moi.

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