Marlo a écrit:
Karlito a écrit:
Nemouche, khazzani, coulibaly-kouachi + hier sont tous passés par la Belgique pour la logistique ou le support direct.
Les médias qui osent encore les sujets comme "Molenbeek est-il un foyer du djihadisme ?"
Dans les années 1999-2000, je suivais une formation dans une école normale du nord de Bruxelles pour être prof de collège (en histoire-géo et "morale laïque") et en deux ans j'ai senti que pas mal d'amis évoluaient très rapidement vers un replis sur leur communauté, alors qu'au départ les relations entre nous étaient très bonnes. Les enseignants s'en apercevaient,mais pour la plupart étaient assez âgés et marqué par une idéologie ultra laïque (style 1905, l'école était proche de l'ULB) qui ne leur permettaient pas de nous toucher, à l'exception d' un enseignant plus jeune qui avait une conscience aïgue du problème du prêche dans les mosquées radicales et en parlait avec des mots justes.
Mes amis étaient très touché par la seconde intifada qui avait alors lieu, et cela remontait vers des thèses complotistes (paradoxalement,le fait que Chirac reconnaissait au même moment la continuité de l'état français dans la déportation,que le débat sur la repentance avait aussi lieu en Belgique, a accru leur ressentiment), mais il y avait aussi d'autres facteurs. Ils ne se positionnaient jamais sur l’islamisme en Algérie qui n'est pas lié au conflit israélien (il est vrai qu'il existe une forte rivalité entre le Maroc et l'Algérie, et qu'eux même revendiquant en même temps une identité rifaine-berbére rivale à l'identité arabe et d'une certaine façon à l'Islam, c'est assez complexe).
Dans le même temps les partis politiques belges (particulièrement le CDH et PS) avaient une approche communautariste des élections communales à Bruxelles, faisant des listes complètement ethniques qui ont dû propulser localement pas mal de démagogues. Certains politiciens apparus à cette époque ont un discours fort et sincère sur l'intérêt général, mais ils sont minoritaires.
De plus en Belgique tu n'as pas de carte scolaire, même si la ségrégation par l'habitat est moins forte à Bruxelles qu'à Paris (quoique le canal joue le même rôle que le périphérique) , ce qui fait que les élèves des franges les plus pauvre des immigrants de la deuxième génération se retrouvent ensembles dans des écoles publiques croupion qui n'offrent pas de perspectives, avec des profs démotivés et souvent ouvertement raciste (je me suis fait reprocher de "parler de démocratie en milieu immigré" par un maître de stage dans un cours expliquant...la démocratie romaine ). Les parents qui sont plus aisés mettent leurs enfants dans des écoles catholiques, et souvent dans le réseau néerlandophone (pour des raisons qui peuvent être bonnes et liées à une volonté d'intégration). Cet état de fait est encore aggravé par le fait qu'il existe trois réseaux d'enseignement publics à Bruxelles (communauté française, communauté flamande, puis la ville de Bruxelles elle-même qui est vraiment sous-financée, voire même les communes plus petites de la région qui gèrent elles-même les écoles techniques) plus ou moins en concurrence. Ce sont justement les amis dont je parle qui sont devenus justement, après le type d'imbécile mentionné ci-dessus, les jeunes enseignants du réseau public de la ville, les uns étant les collègues des autres.
Il y a aussi des réalités sociologiques: les classes moyennes du centre qui sont partis en banlieue depuis les années 1970, ce qui fait que la population la plus précarisée habite près d'une activité économique à laquelle elle n'accède que de façon souvent subalterne, et que cela créé mécaniquement un déficit d'infrastructures publiques (encore aggravé par la séparation de la métropole entre des régions bruxelloise, flamande et wallonne qui ont peu de solidarité fiscale entre elles ont toutes leur propre agenda communautaire).
Bref le terreau qui expose les jeunes aux discours djihadistes est là.
Sans parler du fait qu'il y a toujours eu des histoires bizarres de grand banditisme assez politiques en Belgique (les tueurs du Brabant, l'affaire Cools, l’enlèvement d'un ancien premier ministre séquestré au Touquet et le suicide du seul accusé la veille du procès), qu'il y a un "milieu" et que l'on peut présumer que les armes se trouvent relativement facilement.