Forum de FilmDeCulte

Je vais essayer d’être le plus honnête possible et de rester objectif. Pas simple, car je connais Z depuis longtemps (même si on s’est vu pour la première fois mercredi dernier) et j’ai lu une des premières versions du scénario en... 2012. Cela s’appelait à l’époque « SK ». Et j’aimais beaucoup le projet. Les années ont passé, il y a eu un film moyen intitulé L’affaire SK1 (la traque de Guy Georges du point de vue des flics), il y a eu les courts dont le très beau Errance, qui lui a permis de développer enfin ce Vaurien, qui est donc son prolongement, en quelque sorte. Enfin, vous connaissez l’histoire.

J’étais donc extrêmement curieux et impatient de découvrir le film. Et je n’ai pas été déçu. Mais je vais essayer de développer un peu.

L’argument principal du film est évidemment son personnage principal, proprement fascinant. Le mec est insondable (« vide », disait Peter), insaisissable, un tueur malade dans la peau d’un type affable, charmant, séducteur. C’est un SDF mais il n’a pas l’air d’un clodo non plus. Et il est vraiment fascinant à suivre, à regarder, à écouter. Peter s’est réellement intéressé à son perso et semble interroger le spectateur : et vous, comment le trouveriez vous si vous le rencontriez?
Il fallait pour ce perso un acteur d’envergure. J’avoue, quand j’ai appris que c’était Deladonchamps qui était casté, j’étais un peu perplexe. Pas parce qu’il est incompétent (c’est un acteur très fin et très intelligent, courageux aussi, il m’a toujours convaincu, que ce soit dans L’inconnu du lac, Le fils de Jean, Les Chatouilles, Plaire aimer courir vite.. ), mais parce que je l’imaginais mal dans le rôle. Et les dix premières minutes, j’ai dû un peu « l’apprivoiser » dans la peau de Djé. Et puis on s’y fait, et puis on est dans le film est ça passe nickel. Et il est top, vraiment.
J’en viens à l’autre grande qualité du film: le casting, ou plutôt la qualité des comédiens. J’ai été heureux de voir à quel point Peter savait tirer ce qu’il voulait des ses acteurs. Ils sont tous, je dis bien TOUS parfaits et bluffants de naturel (mention à Ophélie Bau, qui prouve qu’elle sait bien jouer ailleurs que chez Kechiche). J’adore vraiment ce « naturalisme » qu’on peut voir chez Kechiche ou Maïwenn, cette authenticité dans les dialogues et les situations. Cela va de pair, bien sûr, à une qualité d’écriture.
Peter avait peur qu’on s’ennuie car il n’y a pas vraiment d’intrigue et parce que le personnage n’est pas attachant, mais pourtant le film captive par, je l’ai dit, la fascination qu’on a pour Djé, et parce qu’il se passe toujours quelque chose, parfois infimes, dans chaque scène, entre les personnages. Le film n’oublie pas non plus de dépeindre le “milieu” dans lequel se déroule cette errance, celui des gens à la marge, des squatteurs, taggeurs, de ces gens qui survivent, que ce soit grâce à des petits boulots pourris ou grâce à l’aide du SAMU social... C’est une autre qualité à souligner: le film montre des gens peu vus au cinéma, en tout cas en France.

Mes “réserves” concernent plutôt la forme en fait. Je dois bien avouer qu’elle m’a un tout petit peu “déçu”. Que ce soit au niveau de la photo ou de la pure mise en scène, je la trouve un peu en-dessous de “Errance”, qui était quand même vraiment brillant à ce niveau-là. On sent parfois, aussi, que le budget était restreint (ma maison m’a coûté plus cher), et qu’on n’a pas pu s’offrir un peu d’ampleur dans la mise en scène, s’offrir un peu plus de temps de tournage..

Reste que j’ai pris beaucoup de plaisir à voir le film, que je trouve très réussi à plusieurs niveaux, et surtout, prometteur pour la suite.

Très curieux de lire vos avis..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Critique intéressante
https://www.lemagducine.fr/festivals/festival-lumiere-2020-vaurien-critique-peter-dourountzis-film-10031520/

Merci Arnotte. Très curieux de le découvrir, j'avais bien aimé le dernier court de Peter, même si j'ai jamais pris la peine de venir écrire dessus.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Cooool !
Merci Arnotte.



Je suis tout de même content d'avoir limité la caméra épaule à la Dardenne qui va habituellement de pair avec ce jeu naturaliste des comédiens, pour quelque chose de plus découpé, de plus précis. Mais ça impliquait aussi un risque, forcément (une frustration du spectateur ? une trahison du genre ? une froideur à l'ensemble ?), d'autant qu'on m'a refusé d'entrée de jeu une scripte, un steadycam, et une deuxième caméra pour les scènes de groupe... et que pallier tous ces manques, c'est vite devenu hyper chronophage (refaire une scène toute bête sous différents angles en tentant de préserver le naturel et les raccords, c'est rarement fun).

Mais point positif, tu compenses par du sens, et tu restes centré sur ton propos.

Je ne sais plus à qui je racontais ça dernièrement, mais après trois semaines de tournage, on s'est fait voler les rails de travelling à la descente du camion (un machino a posé la caisse au sol, a bu une gorgée d'eau, et le matos avait disparu quand il s'est retourné). Du coup pour les deux semaines qui restaient, je savais que je ne pourrais pas faire un seul travelling.

C'est fou non ? Ne pas avoir le choix. J'ai pensé à vous à ce moment-là... Dès lors, je ne pouvais plus me dire "alors quel est le plan qui correspond le mieux à l'idée que je veux faire passer ?", mais plutôt "on mange quoi ce soir ? Encore des pâtes ? Putain..."

Y avait quoi devenir dingue quand on aime De Palma, PTA, Gus Van Sant, Spielberg... j'imaginais Guillaume, Daniel, Bob, Liam et les autres recevoir l'info et devenir fous

Ne plus pouvoir bouger la caméra, mis à part à l'épaule ! Sauf qu'en faisant ça, je briserais l'homogénéité du truc.

Et d'autant que depuis mes 18 ans, j'ai grandi avec les mots de Scorsese : "Le processus de fabrication d’un film est plus important pour moi que le résultat final. S’il n’est pas possible de le faire comme il faut, autant y mettre un terme." Et voilà que confronté au problème, je n'arrivais pas à m'y résoudre, à avoir le courage de dire "stop, non pas comme ça", trop enthousiasmé par le fait de le réaliser enfin, ce putain de premier long.

Et c'est là aussi que j'ai senti que faire un film, ça te prépare déjà au prochain. C'est une impression très étrange à gérer, à laquelle on est peu habitué. Imaginez-vous être avec un mec ou une meuf depuis des années, faire une erreur ou sentir un truc qui vous plait pas, et avoir comme réflexe de vous dire "la prochaine fois, je ferai différemment". Alors que le bon sens serait de se battre au présent, de sauver la relation. Mais pour un film, y a une schizophrénie qui se met en place. D'un côté vous donnez tout pour maintenir un intérêt pour le futur spectateur, avec respect pour vos personnages, et de l'autre vous savez déjà que le prochain présentera un défi plus stimulant encore, et vous avez hâte.



lol



Merci Arnotte d'avoir ouvert le bal !

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I think we're gonna need a helmet.

Vous vous étiez déjà vus au resto avec moi il y a bien dix ans !

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Chaud le coup des rails.
Y avait aucun "compromis" possible? Slider, drone, chaise roulante ?

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Les dernières semaines, j'ai parfois bougé légèrement épaule, en cadrant un peu plus large, pour stabiliser et rogner l'image en post-prod. Ca faisait la blague, mais bon...

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I think we're gonna need a helmet.

A l'avant d'une mobylette !
#SamRaimiStyle

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Vous étiez pas assurés ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Si, financièrement on a eu un dédommagement. Mais c'était la bijoute personnelle du machino, et tout le matos de TSF (et d'autres fournisseurs contactés) était déjà sorti, loué pour de plus gros tournages en parallèle (ils ne s'en servaient pas forcément, mais il le gardaient au cas où, parfois le double ou le triple du nécessaire). Et comme on était loin de Paris, que tout était compliqué, j'ai dit "on fera sans, continuons". On risquait plus gros en attendant un peu (on perdait des comédiens, des lieux de tournage etc.).

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I think we're gonna need a helmet.

A noter que les rails ont été retrouvés après le tournage ; revendus à des étudiants en école d'art, ils ont été découpés et réassemblés dans leurs sculptures...

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"Revendus", mouais ouais.

Énorme.

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Netflix les gars, Netflix.

Anecdote géniale et témoignage qui l'est tout autant, merci !

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'imagine le film méta autour de l'histoire des rails maintenant. J'espère au moins que ce sera pas trop "naturaliste" ou "affecté" au choix.