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La vie, c'est pas du gâteau

Cinéaste à la filmographie passionnante mais inégale - citons parmi les réussites Roberto Succo et Feux rouges - Cédric Kahn ne s'était jamais frotté à un mélodrame social, même si ses films précédents exploraient déjà l'envers de la lutte des classes, de la rage exprimée de Roberto Succo contre le système, à la sexualité débridée de l'héroïne de L'Ennui, fille du peuple qui couchait sans tabou avec le bourgeois. L'homme a mûri et ce long métrage marque peut-être un tournant dans sa carrière, même s'il a aussi ressenti une urgence contemporaine à mettre en scène un jeune couple empêtré dans la crise. Il y a plusieurs films en un dans Une vie nouvelle, une comédie romantique installée - et crédible - en quelques scènes seulement, entre Guillaume Canet et Leïla Bekhti, une oeuvre sociale qui doit beaucoup à Ken Loach et aux frères Dardenne - dénonciation des crédits à consommation et des marchands de sommeil, scènes de polar urbain -, et enfin un film d'initiation, portrait d'un jeune chien fou qui devra s'endurcir pour devenir père de substitution. Fragile dans le développement de son récit qui fait parfois accepter l'impossible au spectateur, le film est beaucoup plus réussi dans ses scènes intimistes, quand Yann apprivoise le fils de Nadia en lui apprenant à être juste à être un (petit) mec bien. Et le sentimental Cédric Kahn de ne pas réussir - et tant mieux - à enfoncer ses personnages dans la misère, préférant au fatalisme l'espoir d'une utopie.

4/6