Forum de FilmDeCulte

après avoir fait le duo livre / film la veuve couderc, je me suis dit que j'allais poursuivre avec une autre adaptation de simenon - qui permet de voyager à travers les époques et les stars du cinéma français, et comme j'avais rien vu de cédric kahn à part le smash le procès goldman, je me suis fixé là-dessus.

le livre a confirmé mes impressions de la veuve couderc : il était très productif, très rapide, et il avait une idée d'histoire (de postulat...) et écrivait d'une traite en suivant l'idée de base, sans trop trop se forcer, et sans tirer à la ligne : 100 pages pour celui-là (écrit petit). ça provoque une frustration de lecteur parce que l'histoire n'a pas de couches, de rebondissements, elle n'est pas beaucoup plus riche que ce que l'on perçoit rapidement.
c'est particulièrement vrai pour cette histoire, qui m'a fait penser à celle de breakdown, un super thriller de jonathan mostow : un couple prend la route ensemble, le mec s'arrête dans un bar, et quand il revient sa femme a disparu. là dessus, l'école américaine nous offrait 25 rebondissements, et simenon... 2. il reste évidemment une étude de personnages, notre petit savoir faire à nous, mais là encore je n'ai pas trouvé ça d'une richesse renversante.
ce qui est surtout marrant dans le livre, c'est qu'il a été écrit aux usa en 52, a les deux pieds là-bas, et surtout un témoignage marrant de l'époque : c'est le moment où les autos se démocratisent, les grandes routes se développent, les moteurs gagnent en puissance, et en même temps les limitations de vitesse et la sobriété au volant sont des concepts très théoriques. il y a des bars au bord des grandes nationales tous les 200 mètres. on croise des accidents sur tout le chemin, et les radios annoncent à la fin du week end le nombre de morts sur les routes. et a 32 ans, ils ont 2 enfants de presque 10 ans, propriétaires de leur maison, le mec est en pleine crise de la quarantaine : on était vieux plus tôt, avant.
et surtout, le traitement du 2ème rebondissement :


j'étais assez dubitatif devant la perspective d'une adaptation, parce qu'il ne se passe vraiment pas grand chose, et que le fossé culturel final avec aujourd'hui me paraissait très ennuyeux. de fait, il y avait eu plusieurs tentatives d'adaptations avant qu'il n'y arrive.

et j'avais raison.

les personnages ont désormais 40 ans et ne sont plus du wasp pur et dur mais de classe moyenne sup, et ça fonctionne bien - darroussin et bouquet sont d'ailleurs très bien. et c'est à peu près la seule chose.
le film troque le folklore américain pour un truc franco-franchouille, filmé comme un téléfilm (la déception fut rude sur ce point après le procès goldman), sur des départementales. ces bars tous les 100 mètres en bord de route ne correspondent à rien ici et maintenant, mais on va faire comme si en le filmant juste prendre une sortie et rouler un peu - il n'en demeure pas moins que ce mec bourré au volant, sa femme qui est mécontente mais placide, c'est un rapport à l'alcool qui déjà en 2004 ne correspondait plus trop.
il semble conscient que l'intrigue est assez faible - mais ne fait pas grand chose pour booster, le rythme est vraiment plat, chaque partie est trop longue alors qu'on a parfaitement compris la situation - , et donne tout sur le mal-être de l'homme, qui est assez caricatural. le livre gardait une ambiguité sur son comportement quand il se fait prendre en otage, ici il explicite à fond qu'il s'identifie à fond à lui, que quand il force le barrage c'est comme s'il forcait son mariage... ce n'est pas fin. et je n'ai compris à quel imaginaire correspond vincent deniard comme fugitif dangereux, mais c'est totalement farfelu et raté, il n'évoque rien, ne fait pas peur, est un peu ridicule. et il a donc rajouté un troisième gros rebondissement pour dramatiser un peu les choses

sauf que ça parait un peu disproportionné, et peu crédible en vérité - en tout cas au vu du faible impact que ça a sur la suite.


l'idée fondamentale de simenon reste, c'est un homme qui, par son inconséquence, provoque une nuit d'horreur pour son couple, dont le lien se distendait mais qui finit au final plus fort que quand ils étaient partis, mais à rester aussi timoré avec l'aspect thriller le film perd paradoxalement énormément de son impact émotionnel.

ça aurait dû rester un livre.

Oui pas le meilleur Kahn. J’étais resté dubitatif.

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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Tu vas t'en faire d'autres, Fingers?
Tu vas te faire un...

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polololololo !!!!!

alors je suis avec les jeux de mots comme une poule devant un couteau, mais je peux tenter un "je pensais que si... mais non !" sans conviction, qui sera accueilli avec des regards gênés mais néanmoins, je l'espère, compatissants.

Ah nan ici on aime qu'un jeu de mots soit reçu avec un jeu de mots.

Bienvenue.

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Attention quand même à pas déclencher sa colère.

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Feu rouge.

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