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MessagePosté: 15 Juin 2023, 14:05 
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JulienLepers a écrit:
Abyssin a écrit:
Le gros moment du film, c'est le coup de poker de l'avocat avec la photo en carton de Goldman.


J'aime bien aussi le passage où
il fait passer une photo d'acteur au jury : on est d'accord que c'est Jean-Pierre Cassel ?
Je connais pas assez JPC jeune pour te confirmer.


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MessagePosté: 27 Sep 2023, 20:30 
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Non seulement la figurante ressemble à Signoret, mais son nom est prononcé par les journalistes.
Sinon, film aussi solide qu’exemplaire qui me confirme tout le bien que je pense de Cedric Kahn, et la vitalité du cinéma français après L’été dernier (auquel je n’arrête pas de penser depuis la séance la semaine dernière).

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MessagePosté: 27 Sep 2023, 20:44 
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C'est probablement pas le cas, mais le film questionne t-il, même indirectement, pourquoi bon nombre d'intellectuels de gauche de l'époque ont volé au secours d'un homme aussi perturbé, instable et suspect ? Et par questionner, j'entends bien sûr autre chose que les habituels lieux communs sur l'oppression, la morale bourgeoise, la cause révolutionnaire etc.

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MessagePosté: 27 Sep 2023, 21:33 
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Quasiment pas et c’est un peu ce qu’on peut lui reprocher (même si les intellectuels, on les voit peu dans le film).

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MessagePosté: 28 Sep 2023, 08:20 
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Sinon, j'adore ces quelques moments discrets où il y a une distorsion de la réalité, avec les personnages qui ne sont plus dans le bon sens (le témoin avec Goldman dans son dos, le juge dos au public, etc.).

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MessagePosté: 29 Sep 2023, 08:35 
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J'ai trouvé le film plutôt réussi, dans son parti-pris rigoriste (se limiter au seul procès, qu'on a l'impression de voir in extenso), dans sa mise en scène (ce 4:3 incarcérant, même si le projectionniste du MK2 Bibliothèque a, il me semble, croppé le haut et le bas du cadre, les cartons de date étaient à ras du bas et les comédiens parfois casquette, j'avais l'impression que c'était du 1.66) avec ces quelques idées déstabilisantes (les gros plans de face sur les proches de Goldman qui le regardent témoigner mais on le voit dans leur dos, comme s'ils le lui tournaient, de même avec le juge et le public plus tard) qui osent sortir de la captation "naturaliste" (c'est du 16mm?), dans la performance des acteurs (qui opère un numéro de funambule entre réalisme et too much avec cette diction d'époque et cette théâtralité assumée) et comme je n'avais jamais entendu parler de cette histoire avant Cannes et que j'ai pris soin de ne rien apprendre avant de voir le film, j'ai été intrigué tout le long (malgré quelques témoignages peut-être un poil longuets et moins intéressants sur les 115 minutes de film).

Toutefois, je trouve tout de même le film un poil trop factuel à mon goût. Du point de vue du simple film de procès, c'est indéniablement bien mené, avec, comme je le disais au sujet d'Anatomie d'une chute, ces scènes jouissives où c'est l'argumentation pure qui peut faire souffler le vent dans un sens puis dans l'autre, mais je trouve justement que le film souffre un peu de la comparaison à cet égard, qu'il a moins de choses à dire sur le cirque, sur la manipulation, sur la vision parcellaire d'une vie qui est donnée à voir (alors que c'est ici aussi une notion récurrente, est-ce qu'on juge les faits uniquement ou est-ce qu'on prend en compte l'enfance de l'accusé, ses opinions politiques, son personnage public, etc.).

Il y a bien évidemment cette question-clé de la judéité, évoquée dans le prologue, seule scène qui précède le procès, qui revient au fil du récit et de sa défense par Goldman lui-même et qui aboutit à cette décision finale de Kiejman pour sa plaidoirie mais je ne suis pas sûr de saisir ce que Kahn veut nous dire à ce sujet. Peut-être l'ambigüité et l'ambivalence sont-elles délibérées - les questions que soulève JulienLepers dans son message sont pertinentes - et je n'ai pas besoin que l'on me dise quoi penser ou de connaître le positionnement du cinéaste, mais le film aurait mérité justement un peu plus de trouble à ce sujet. Là, à part la révélation du carton final qui met un peu tout ça en perspective, ça n'a pas un impact ouf, je trouve.

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MessagePosté: 29 Sep 2023, 08:53 
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FF a tout dit. (j'espérais secrètement qu'il fasse une critique truffée de titres de Jean-Jacques)
C'est prenant de bout en bout (je connaissais rien à l'affaire), le parti-pris de la reconstitution sèche et "brute" fonctionne bien, et c'est un vrai plaisir de voir ces numéros de comédiens faire honneur à un script de haut vol (si je ne me trompe pas, il n'y avait aucune trace écrite/audio/video du procès et donc tous les dialogues - tout le film - a été écrit à partir de rien).
Bref c'est assez solide mais en même temps, je n'en garde pas grand chose, le film ne m'est pas vraiment resté.

Big up à Arieh Worthalter, que j'ai toujours apprécié mais là il est assez phénoménal. Un tournant pour sa carrière, pour sûr, et je suis heureux pour lui.
Respect à Cédric Kahn aussi de s'essayer à autre chose, à chaque réalisation.

4/6

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MessagePosté: 29 Sep 2023, 16:21 
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Tout a été dit, merci les foruméens.

L'image est splendide. Belle lumière, grain incroyable, sens du cadre judicieux. Et ça fait "époque" à fond, on s'y croirait.

Le parti-pris frontal et radical du film c'est du petit lait pour moi, franchement j'ai besoin de rien d'autre dans ma vie que ce genre de joutes verbales procédurales. T'es pris dedans, tu t'interroges... Et tu savoures cet incroyable cast avec ces têtes improbables et ses dictions de l'ancien temps. Les dialogues sont souvent excellents et on est complètement dans l'anti-TAPIE (par contre une des témoins femmes laisse échapper un "En vrai..." qui m'a paru quelque peu 2022).

Le jeu d'acteur n'est pas 100% irréprochable, il y a certains moments où justement cette diction et ce vocabulaire verrouillé ferme également le jeu des comédiens (Arthur Harari en Kiejman, peut mieux faire... La séquence du début c'est dur. Et à certains moments ça fait trop écrit, tu sens que les acteurs ont déjà leurs punchlines de prévues et ne les improvisent pas en réponse à une question).

Ensuite, je ne sais pas ce que le film vient me raconter "de plus que les faits" mais à vrai dire je m'en fiche, je suis déjà satisfait de revoir naître cet étrange monde des 70s avec ses considérations décalées par rapport à aujourd'hui (le rapport à la judéité dont parle Fingers) et ce mix politico-intellectuel-médiatique qu'on ne retrouvera plus par la suite (Régis Debray tranquille dans le public aux côtés d'une Simone Signoret qui vit sa meilleure vie).

Fascinant et trippant.

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MessagePosté: 01 Oct 2023, 13:58 
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Quelqu’un aurait l’article complet svp :

https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html

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MessagePosté: 01 Oct 2023, 14:00 
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Cosmo a écrit:
Quelqu’un aurait l’article complet svp :

https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html
Envoyé.

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MessagePosté: 04 Oct 2023, 14:58 
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Entretien accordé au Monde par Christiane Succab-Goldman, très critique vis-à-vis du film :


Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, rompt quarante-quatre ans de silence : « Mon mari a été un objet de fantasmes forcenés »

L’épouse du militant n’avait pas pris la parole depuis son assassinat, en 1979. Dans un entretien au « Monde », elle réagit au film de Cédric Kahn « Le Procès Goldman » dont elle dénonce les erreurs et affabulations.

Propos recueillis par Jacques Mandelbaum
Publié aujourd’hui à 05h29

Née en Guadeloupe le 3 septembre 1948, élève du cinéaste Chris Marker, devenue documentariste et journaliste, Christiane Succab-Goldman, veuve de Pierre Goldman, s’exprime ici pour la première fois, après plus de quarante ans d’un silence et d’un mystère infrangibles, sur leur histoire commune, brève, passionnée, tragique.

Leur mariage a lieu à Fresnes le 17 août 1976, peu avant que Pierre Goldman, qui vient d’être acquitté d’une inculpation de meurtre, ne soit libéré. Christiane est au terme de sa grossesse lorsque son mari est assassiné par un commando, à Paris, le 20 septembre 1979. Six jours plus tard naîtra leur fils, Manuel Goldman. Le film de Cédric Kahn, Le Procès Goldman, sorti le 27 septembre, aura sans doute servi d’étincelle à cette confession explosive, mêlant l’intime et le collectif.



Pierre Goldman, qui vous y nommait K., a raconté avec beaucoup de pudeur votre rencontre dans son livre « Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France » (Seuil, 1975). Comment s’est-elle déroulée de votre point de vue ?

Mes parents, instituteurs en Guadeloupe, sont à Paris pour une année scolaire. On est en 1965, j’ai 17 ans. Ma sœur aînée est à la Sorbonne, elle est amie avec Roland Girard, lui-même le meilleur ami de Pierre Goldman. J’en entends donc énormément parler et je suis curieuse. Je le rencontre finalement au café Le Champo, où ils se réunissent entre étudiants pour se battre contre les fachos à Assas. Je l’imaginais rieur, or il ne l’était pas. Il ne me plaît pas. Puis je rentre en Guadeloupe. Je reviens à Paris en octobre 1969, où je m’inscris en licence d’espagnol à Censier.

Je le recroise lors d’une soirée chez un ami de métropole de mes amis guadeloupéens. J’ai 21 ans, il en a 25. Nous avons une passion commune pour Cuba que j’ai découvert dans le livre d’Ania Francos La Fête cubaine [Julliard 1962]. Il en revient. Je voulais alphabétiser à Cuba, être reporter comme Ania, faire la révolution. Il se passe quelque chose entre nous de très profond. Je suis son interlocutrice, non une fille qu’on fait danser. Il me raccompagne au premier métro, je rentre à la cité universitaire à Fontenay-aux-Roses [Hauts-de-Seine], je sais qu’il va m’appeler.

C’est en même temps le moment où Pierre Goldman s’engage sur la voie du banditisme…

Je n’en sais strictement rien ! Ce que je sais, c’est que notre histoire d’amour, qui ne va pas durer plus d’un mois, est fulgurante, secrète aussi en cette période de Black Panther, c’est la rencontre d’une négresse et d’un Blanc, et c’est tout sauf l’évidence à l’époque.

Pierre et moi, nous nous sommes créé un monde à nous, dans une langue faite de français, de créole, qu’il parlait à la perfection, et d’espagnol. En même temps, je sentais bien que c’était quelqu’un qui n’allait pas bien, qui était douloureux. Un jour, soudainement, il m’apporte un sac qu’il me demande de garder, il est distant, il paraît aller mal. Je regarde évidemment dans le sac qui ne contient que du linge sale, lui toujours si propre. Et puis il disparaît, sans donner de raison.

J’apprends un peu plus tard, en avril 1970, qu’il a été arrêté et inculpé du meurtre de deux femmes. Je suis incrédule, choquée. Pour moi, c’est la fin du monde. En même temps, je suis très en colère contre lui. Et voilà que la police me convoque quai des Orfèvres. On me présente la culpabilité de Pierre comme établie, on m’interroge pendant une journée entière. J’étais terrifiée. Ils menacent de dire à mes parents que je fréquente la pègre. Ils me font dire des choses dont je ne mesure pas à quel point elles peuvent se retourner contre Pierre. Ils me demandent d’authentifier le sac qui était chez moi, ce que je fais, sauf que s’y trouve, comme par hasard, un imperméable qui n’a jamais été dedans, ce que je signale à ceux-là mêmes qui l’y ont mis, sans savoir encore qu’il ressemble à celui que décrivent des témoins…

Vous le perdez alors de vue ; comment le retrouvez-vous ?
Je vais rester avec cette histoire dans ma tête pendant quatre ans. Je retourne à la fac. Il faut que j’oublie. Je vis avec un étudiant paisible, on se marie. Et puis le premier procès arrive, en décembre 1974, j’écoute les chroniques de Frédéric Pottecher à la radio, et je commence à comprendre que cette histoire n’est pas aussi simple qu’on voulait le faire croire et que Pierre ne ment pas. Mais il est condamné à perpétuité. Mon mari m’encourage alors à aller au meeting de soutien à Pierre à la Sorbonne, ce qui est d’un certain point de vue terrible pour notre couple. J’y apprends qu’on peut lui écrire en prison, ce que je fais.

Et là, très vite, tout se remet en place. Il me dit qu’il veut enfin vivre, qu’il va se défendre et qu’il va le faire pour moi, que je devrais divorcer puisque je n’ai pas d’enfant et l’épouser. On s’écrit tous les jours, j’obtiens un droit de visite. Je plaque tout pour le défendre, être à ses côtés. Nous nous marions à Fresnes trois mois après son acquittement, en présence de Georges Kiejman, de Régis Debray et de sa femme, Elizabeth Burgos, qui se sont eux-mêmes mariés dans une prison bolivienne, et de l’actrice Annabella Power, l’épouse du magnifique Tyrone Power, devenue visiteuse de prison, la grande amie de Pierre. Ils jouent au Scrabble depuis des années.

Pourquoi rompre aujourd’hui un silence de plus de quarante ans ?
Si je parle aujourd’hui c’est qu’il y a eu des choses accumulées avec le temps néfastes pour moi et ma famille. Des rumeurs, des livres, des légendes sur Pierre, des propos rapportés qui n’ont jamais existé, des phrases de lui mal interprétées, des choses inventées, consciemment ou inconsciemment malveillantes, insupportables… Vivant ou mort, Pierre a été un objet de fantasmes forcenés. Le film de Cédric Kahn a sans doute été l’étincelle qui m’a incitée à sortir de ma réserve. J’y deviens une vraie fausse moi-même.

Vous avez d’ailleurs assigné le producteur et le réalisateur du film en référé, demande qui a été rejetée le 22 septembre. Que demandiez-vous ?
Qu’un carton signale le caractère fictif de ma présence au tribunal ainsi que des propos qu’on fait tenir à mon personnage. La vérité, c’est que je n’y étais pas présente, pas davantage qu’au premier procès, ni dans la salle, ni à la barre.

J’ai, de fait, voulu témoigner pour Pierre, mais il s’y est opposé. Il voulait absolument me préserver de tout ça. C’est déjà une chose qu’on aurait pu respecter. Ensuite, on dit que Joël Lautric nous a présentés, ce qui n’est pas exact. Puis on utilise ma déposition à la police alors qu’elle n’a jamais été rendue publique. Mais je suis une personne vivante enfin, pourquoi ne m’a-t-on jamais consultée ? Et je ne parle ici que du film. Parce qu’il vous faut savoir qu’il est arrivé à Cédric Kahn, lors d’une avant-première à Paris, de faire voter à main levée le public pour déterminer qui le pensait coupable et qui innocent. Concernant une affaire qui a la force de la chose jugée, c’est obscène.

La scène est affabulée par le réalisateur, mais il faut préciser qu’elle rend hommage à votre amour et à votre dignité. Elle est à ce titre l’une des plus émouvantes du film. Ce n’est pas rien du point de vue du spectateur…
Non. Je n’étais pas là, point à la ligne. Le film restera et tout le monde croira que j’y étais. Ce n’est pas la vérité parce que Pierre ne le voulait pas. Je ne suis pas un personnage public, j’ai droit à ce qu’on ne romance pas ma vie.

En dehors de ce point sensible, le film trouve-t-il grâce à vos yeux ?
Non, et je vais vous expliquer pourquoi. La première chose, c’est qu’on ne comprend rien à cette histoire si l’on se met à fusionner, comme le fait Cédric Kahn, les éléments du premier et du second procès. Pierre, pour des raisons qui lui appartenaient, ne voulait pas se défendre lors du premier procès. La prison lui convenait. Au second procès, c’est tout l’inverse.

Il y a ensuite l’opposition structurelle qu’organise le film autour de Kiejman et de Goldman. Elle fait peu de cas de la fraternité qui existait entre les deux hommes. Il y avait bien sûr des antagonismes, mais pas parce que Pierre était l’homme incontrôlable que montre le film, et Georges le sage qui le jugulait. Tous les comptes rendus de l’époque attestent que Pierre est resté durant le procès très factuel, mesuré et concentré.

En réalité, Pierre en a voulu à Georges d’avoir omis de déposer à temps un recours au civil de la même façon qu’au pénal, si bien que sa condamnation définitive au civil l’a contraint à devoir payer de lourds dommages et intérêts aux victimes, et donc à passer symboliquement pour coupable dans une affaire dont il était réputé au pénal innocent. Jamais cette absurdité juridique n’a été levée. Le film s’ouvre sur cette scène, où Georges apprend qu’il est démis par Pierre dans une lettre au ton véhément et péremptoire, sans donner la vraie raison de son emportement. C’est malhonnête.

Par ailleurs, cette scène est un copier-coller d’un chapitre de la biographie, très contestable, de Michaël Prazan, publiée en 2005 sous le titre Pierre Goldman. Le frère de l’ombre [Seuil]. Trente ans après le procès, cet auteur tente de prouver la culpabilité de Pierre et fournit à cet effet le témoignage de Joël Lautric, qui y dément l’alibi qu’il avait donné au second procès. Présenté par Prazan comme un témoin capital, le problème est que Lautric, qui a publiquement changé quatre fois d’avis sur la question avec le temps, est tout le contraire : un témoin fragile et déconsidéré qui n’a pas pesé dans l’acquittement de Pierre.

Il y a eu, de fait, un mouvement de bascule, avec le temps, dans la conviction de l’innocence de Pierre Goldman…
Oui, c’est vrai. Beaucoup de gens, avec le temps, se sont mis à douter. C’est très difficile à expliquer. Il y a eu deux choses, je crois. D’abord, une série de brouilles stupides avec des célébrités qui l’avaient soutenu. A sa sortie de prison, on l’attendait dans les dîners, on voulait se montrer avec lui, on exigeait qu’il honore sa dette. Pierre estimait ne rien devoir, pas comme ça. Il haïssait la mondanité, ne répondait aux sollicitations que si ça lui convenait. On l’a rapidement jugé ingrat, insupportable.

Ensuite, un certain nombre d’ouvrages, à l’instar de celui de Michaël Prazan, se sont ingéniés à ternir sa réputation ou à jouer, sans l’ombre d’une preuve, avec l’idée de sa culpabilité. Les Masques, de Régis Debray [Gallimard, 1987], L’Insoumis, de Jean-Paul Dollé [Grasset, 1997], Vie et mort de Samuel Rozowski, de Myriam Anissimov [Denoël, 2007], en font hélas partie.

Ne pensez-vous pas, toutefois, que les deux livres qu’il a écrits, chacun à sa manière, revendiquent un goût de la violence, une obsession de la mort, un désir d’expérimenter les gouffres, qui ont pu convaincre de la possibilité de sa culpabilité ?
Il y avait, incontestablement, cette idée de la mort qui était intimement liée à son histoire personnelle et qui court dans ses livres. Mais il ne faut pas confondre Les Souvenirs obscurs… avec L’Ordinaire Mésaventure d’Archibald Rapoport [Julliard 1977]. Le premier est un essai intime, écrit avec sa chair. Le second un roman autofictionnel qui répond à son éditeur qui dit qu’il est l’homme d’un seul livre. Il met alors en scène, avec un humour plus que noir qui va se retourner contre lui, un type qui flingue des juges et des policiers. Un ovni littéraire qui leur tombera des mains à tous, pour qu’on lui fiche la paix.

Beaucoup de gens l’ont mal pris, y ont vu comme un aveu de culpabilité alors que c’était une sorte d’exutoire, de catharsis, par lequel Pierre réglait ses comptes avec le mythe qu’il était devenu. Pierre, vous savez, est sorti de prison heureux mais brisé. Il dormait mal, comme tout détenu. Nous recevions des menaces de mort. Et en même temps, il y avait une énorme pression sociale. Du côté de la pègre, qu’il avait côtoyée en prison, comme du côté mondain. Tout le monde le sollicitait sans arrêt, nuit et jour.

Est-il exact qu’il se soit rapproché du judaïsme en prison ?
Oui. Le rabbin Fima était important dans sa vie carcérale. Mais il n’est jamais entré en religion. Il allait au culte pour sortir de sa cellule, certes, mais aussi pour les retrouvailles et le partage avec d’autres juifs. Quand il était à bout, par exemple, il se couvrait la tête du châle de prière que le rabbin Fima lui avait offert, s’apaisant ainsi de la pression du dehors.

Quand il écrivait Archibald…, il allait parfois assister à la célébration du shabbat chez les frères Zemour [figures marquantes du grand banditisme à l’époque], qui l’avaient réconforté durant sa captivité. Il me racontait ces scènes surréalistes qui ont nourri Archibald, comme la grand-mère pieuse à côté des flingues sur la table pendant la prière.

Que pensez-vous des diverses pistes qui ont été évoquées pour son assassinat ?
Je ne veux même pas en parler. Je ne peux pas penser à ça et vivre en même temps. C’est fini. C’est trop tard. On ne saura jamais. Ce que je peux vous dire, c’est que Pierre m’avait fait promettre, en cas de malheur, de le faire incinérer, comme ses ancêtres l’ont été durant la Shoah. C’est Georges Kiejman qui m’en a dissuadée : « Tu as le droit de briser une promesse, Christiane. N’oblige pas ton fils à rechercher comme moi le tombeau de son père toute sa vie. Fais-le enterrer. »

Voir mourir son mari après trois ans de mariage, quelques jours avant la naissance de votre enfant, comment se remet-on d’une telle épreuve ?
On ne s’en remet jamais. J’étais à la clinique durant l’enterrement avec le nouveau-né qu’il avait tant désiré mais qui ne connaîtrait jamais son père. Quand j’en suis sortie, l’appartement était sous scellés.

Depuis quarante-quatre ans, je fais d’un anniversaire une fête sans penser à la mort. Et c’est cette date-là, précisément, qu’ils choisissent pour sortir ce film.
Voici les mots par lesquels Pierre Goldman achève en prison la rédaction de « Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France » : « Au terme de ce récit, je devrais me tuer, expier cette révélation où j’ai dû m’écrire afin de sauver ma vie d’une accusation fausse et infamante. Je ne le fais pas : mon désir de liberté est principalement inspiré par l’amour d’une femme. Elle m’a ramené dans la vie. Je veux l’y rejoindre. Sinon le calvaire de l’innocence perpétuelle et recluse m’eût parfaitement convenu. » Peut-on rêver plus belle déclaration d’amour ?

Pierre avait en fait écrit six pages, aussi intenses. Je n’ose pas vous l’avouer, mais, lorsqu’il m’a donné le manuscrit de ses dernières pages pour que je les relise et les apporte aux éditions du Seuil, je l’ai obligé à les enlever. Il m’a dit : « Mais Christiane, c’est de la littérature, ça nous dépasse. » J’ai répondu : « Tu descends les originaux au parloir, tu les déchires devant moi. Ça nous regarde. » Il l’a fait. Il a réduit à quelques lignes. C’est stupide, mais c’est toujours ce qu’on ne nous aura pas pris.


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MessagePosté: 11 Oct 2023, 09:41 
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Un bel objet très prévisible dans son projet à la fois esthétique et narratif. J'ai vraiment eu ce que j'attendais et ce que le film vend dès ses premières minutes. Un film de procès rigoriste, d'une grande sècheresse (avec quelques entorses très dommageables je trouve, notamment une larme à la fin que j'ai trouvé totalement déplacée) avec son 4/3, sa photo marron terne et sa parole quasiment ininterrompue. C'est très bien écrit, très bien joué (quoique Harari, pas du tout mauvais, mais devrait travailler sa prononciation, il parle super vite, mange la moitié de ses mots), la mise en scène parfaitement pertinente vu le sujet. Cependant je n'ai pas compris de quoi parlait le film ? Est-ce tout simplement un portrait de Pierre Goldman ? Et finalement je trouve que le film amoindrit largement la "légende" du personnage, nous montrant sans cesse ses failles, ses faiblesses, son instabilité mentale. Surtout que c'est finalement un personnage assez peu intéressant (il est d'ailleurs édifiant d'aller voir après le film sa page Wikipédia qui dépeint un homme beaucoup plus complexe et important que ne le dépeint le film). Est-ce comme Cédric Kahn semble le dire du bout des lèvres dans la plaidoirie finale un film sur la judéité poste deuxième guerre mondiale avec la culpabilité du non-combattant ? C'est trop traité en surface, de manière presque indirecte et comme le fait Kiejman avec presque une forme de honte de faire affleurer le sujet.

Du coup je trouve le film trop factuel, je n'arrive pas à accéder à sa "seconde couche" et j'ai regardé ça d'un œil un peu distant sans vraiment m'impliquer émotionnellement. Ironiquement la meilleure scène du film me semble la première, assez géniale, avec les lettres aux avocats. Mais pour moi c'est un film trop lisible, trop évident dans son projet qui en fait un objet paradoxalement assez lisse et ça ne me parle pas du tout. Pour comparer avec les autres films de procès français récents c'est presque l'inverse, Anatomie d'une chute ne cesse de nous troubler et Saint Omer, bien que plus théorique, en fait de même. Interroge la parole, interroge les fictions racontées dans l'enceinte du tribunal etc... Pas ici. Par conséquent, si je peux être admiratif devant le film, devant sa sècheresse (j'aime bien la fin, totalement dépassionnée avec ses cartons neutres), ça reste un bel objet trop lisse sur lequel je glisse et ne m'accroche pas à grand chose.

4/6

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Film qui m'a semblé le doublon/prolongement de Roberto Succo (le meilleur de Cédric Kahn), jouant sur la déconstruction d'un mythe romantique (à la fois littéraire et autodestructeur) de la gauche, où plutôt, sur la déconstruction de l'idée qu'un coupable * peut être innocenté par son mythe, tout en lui laissant une part d'opacité, une violence qui lui permet de juger l'ordre établi et les autres, qui dévalue le politique et le transforme, dans son impuissance à instaurer la justice, en un regard qui n'est alors plus que psychologique.
Le film s'identifie au spectateur-procureur, à la fois sévère et séduit par celui qu'il domine (alors que dans Roberto Succo le point de vue était plus volatile, lié au personnage d'Isild Le Besco, dupé, innocent mais encore plus opaque que le coupable - ceci dit la compagne de Lucien Goldman dans ce film rappelle Isild Le Beso, à la fois dans la voix et dans l'allure, mais reste assez annexe)
Dabs Roberto Succo l'identité était elle-même virtualisée, ici elle est au contraire ce qui reste et ce qui est affirmé (paradoxalement par le côté terne et désaturé des images, sorte de copie luxueuse de la signature des images télévisuelle d'alors), à la fois un vide voire une béance intime (le père finalement évacué, car déjà justifié par l'histoire, on se réfère à lui sans lui répondre) pour soi-même et une séduction, une valeur pour les autres (film sartrien sur une figure du post-structuralisme), finalement une loi qui se rappelle comme le réel.

Le personnage de Goldman ne m'a pas semblé super-intéressant, il me fait penser à un double inversé (mais aussi une forme de parodie tardive) de Jean Genet : l'un revendique qu'il peut être coupable de la même manière que l'autre revendique qu'il peut être innocent, Pierre Goldman s'identifie d'emblé à ce que les valeurs bourgeoises sont sensée percevoir comme un repoussoir, mais ne parle qu'à la bourgeoisie, il veut être meurtri par la faiblesse et l' imbécilité de celle-ci, sans en percevoir l'essence, la violence intentionnelle et justifiée (qui transparait peut-être dans la bienveillance du président du jury, donnant l'impression d'avoir à excuser quelque-chose). Du coup la phrase qui dit qu'un Juif peut être un assassin et reconnu tel sans antisémitisme semble un lapsus (non pas de lui-même, mais issu de la société elle-même) du même ordre que celle où il s'interroge sur la possibilité d'oublier son propre crime : le crime qu'il fantasme correspond exactement à un déterminisme social qui peut être réel, mais qu'il est alors incapable de critiquer, son fantasme christique correspond trop bien l'anonymat des autres, peut-être que le film aurait du creuser un peu au delà de ce paradoxe, au lieu de le dégager -de juste dire : vous savez un faussaire peut certes être aussi solitaire qu'un juste, du moins dans les années 70, quand le public espérait encore, croyait à la fois en l'égalité politique et en l'héroïsme .

*Personnellement je ne sais pas si Lucien Goldman est coupable, l'acquittement tel que le montre le film est logique vu la faiblesse des preuves. Son principal élément à charge est sa notoriété, qu'il tire en grande partie de la situation (bouclage qui nuit à son propos politique mais que Kahn présente je crois comme consubstantiel à la figure du révolutionnaire ou bandit médiatique - il faudrait que la lutte soit un secret, pour qu'elle atteigne la société plutôt que partir d'elle)

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 18 Oct 2023, 08:18, édité 1 fois.

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MessagePosté: 18 Oct 2023, 07:56 
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Müller a écrit:
C'est probablement pas le cas, mais le film questionne t-il, même indirectement, pourquoi bon nombre d'intellectuels de gauche de l'époque ont volé au secours d'un homme aussi perturbé, instable et suspect ? Et par questionner, j'entends bien sûr autre chose que les habituels lieux communs sur l'oppression, la morale bourgeoise, la cause révolutionnaire etc.



Le thème n'est pas absent du film et est même central : il est au centre de l'opposition entre Kiejman et son client (plutôt que le rapport à l'identité juive et à l'histoire, finalement, et de manière plus réciproque). Les soutiens gauchistes de Goldman au procès apparaissent comme une claque, agissant mal à propos et de façon automatique, mais en fait assez silencieuse si l'on excepte les slogans. L'identité antillaise est aussi montrée comme récupérée par eux (mépris de Goldman lors de la déposition de Joel Lautric, qui a lors le même regard que Maître Garraud sur lui, mais Lautric reste pourtant un symbole politique qu'il exploite). Les journalistes sont aussi montré comme suivistes.
On peut penser que l'acquittement permet de taire ses tensions dans un consensus apparent. Le film laisse aussi le personnage d'Oswaldo Baretto dire seul (pour se detacher de Goldman) qu'il considère dès 1969 que le moment de la lutte armée est fini et a echoué, suggérant sans le dire que la cause individuelle de Goldman est un substitut tardif de cet espoir
Le seul élément politique tangible est la critique de la police (mais portée par Kiejman et les jurés, plutôt que par l'ambivalance à la Jean Genet de l'accusé), de plus le rôle des policiers est écrit de manière à réduire la thématique du racisme institutionnel.

Le film est mullerien en fait

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