DPSR a écrit:
Par contre, si tu veux voir un spectacle célébré à l'unanimité, il y a la casa de la fuerza qui a lancé Angelica Liddel à Avignon en 2010 qui passe au théâtre de l'odeon à la fin du mois.
Oh putain sacré morceau
!
Du théâtre contemporain extrême qui joue principalement sur l'épuisement des corps sur scène mis en parallèle avec l'épuisement du spectateur. Pour faire un raccourci facile c'est un peu la Bela Tarr du théâtre. En effet la pièce se compose de scènes d'une lenteur et d'une redondance extraordinaire où l'on va te déplacer dix canapés, s'installer dessus 5 minutes, dire trois mots, se relever et redéplacer les dix canapés, en temps réel. La goutte d'eau étant certainement cet incroyable moment où les trois protagonistes principales vident des sacs de pierre sur scène pendant un bon quart d'heure et après quelques instants vont chercher des pelles en fond de scène et commencent à tout déblayer. Là le public ne peut que rire devant le quasi foutage de gueule auquel il assiste (voir le public s'essaimer au fil des entractes était assez amusant).
Vraiment une expérience de la durée assez saisissante qui n'est pas sans intérêt (loin de là) mais qui représente une épreuve éprouvante. Après la pièce est souvent passionnante dans son impudeur quand Liddel investit l'espace de son mal être, de sa haine des hommes et rentre dans une spirale autodestructrice terrible (avec automutilation à la clef). Et c'est cet aspect là, le corps comme seule vérité qui est le plus intéressant. Car il est poussé à son paroxysme, à son épuisement total, il est bafoué, souillé mais en même temps glorifié. C'est assez fort.
Le reste est difficile à appréhender. Pièce totalement misandre où les hommes ne sont que des porcs oppresseurs qui possèdent la force et qui ne s'en servent que pour avilir la femme. Heureusement Liddel parvient à ouvrir son œuvre totalement égotique sur les femmes en général, en évoquant les fréquents massacres de femmes au Mexique, pays où même les lois sont misogynes.
Mais soyons honnête ça reste monstrueusement chiant, et j'ai quand même eu beaucoup de mal à rester concentré durant les 4h d'une pièce qui en paraissent le double. Même si cette pièce à la croisée du théâtre, de la performance, du concert (beaucoup de musique dont un violoncelliste absolument génial) est d'une puissance certaine, son propos confus, ses terribles longueurs (le violoncelliste qui te sort pas une pas deux mais trois chansons de suite...) m'ont rendu l'expérience finalement plus pénible qu'autre chose.