Qui a peur de Virginia Woolf, d’Edward Albee, en ce moment à Bordeaux.
J’aime énormément le texte, je l’ai souvent relu, fasciné par ces rituels sado maso de torture mentale conjugale, qui ravagent autant le couple qu’y s’y livre (s’y vautre, même) que leurs spectateurs forcés.
C’est vrai, par contre, que c’est une pièce très casse gueule, parce que (comme presque tout le temps dans le théâtre américain du 20e siècle) elle est très littéraire, trop, même. Elle passe bien mieux à la lecture qu’à la vision sur scène, où d’une part elle est trop longue (deux heures étouffantes de dialogues ininterrompus et super-tendus en huit clos) et d’autre part les supplices chinois que s’infligent les personnages prennent le risque de vite tourner à l’hystérie bouffonne et stérile. C’est d’ailleurs pour ça que je n’ai jamais regardé le film, qui a justement cette réputation calamiteuse. Alors que le texte mérite quand même sa très bonne réputation (pas l’auteur, par contre, c’est son seul bon texte, je trouve.)
Bref je l’ai enfin vu jouée. Et j’ai trouvé ça chiant.
La fameux décor unique (le salon) était ici la reconstitution du salon de la fin de 2001 l’odyssée de l’espace. Pourquoi pas ? Mais en même temps…pourquoi tout court ? Ce n’est ni expliqué ni exploité, ça reste gratuit. Pour un huis-clos, c’est quand même ballot.
Ensuite, George et Martha sont ici proposés comme étant des jeune quarantenaires bourgeois élégants, à tel point que Martha ressemble à Kristin Scott Thomas, exit toute la vulgarité originelle du personnage. Bon, je suis tout à fait pour qu’on prenne ses distance avec un texte qu’on met en scène, mais de là à prendre le sens inverse…
Ps : je me rend compte que j’avais vu le même metteur en scène monter la Tempête et que j’avais déjà trouvé ça chiant.
Maintenant je saurai