'tain à chaque fois j'attends la sortie du nouveau film du réal pour créer un beau topic et y a toujours un nase qui vient le chier n'importe comment...
Bad Boys (Bad Boys - Flics de choc, 1995) 3/6 - C'est clair, c'est super basique. C'est du canevas de film d'action '80s (buddy movie, histoire de drogue, etc) avec deux comiques blacks qui improvisent. Sur ce premier essai, Bay paraît encore se chercher mais déjà, sa patte se fait ressentir. Le Miami du film semble provenir directement d'une carte postale ou d'une brochure d'agence de voyages. Oripeaux de son passé publicitaire où il se devait de poser un univers en trente secondes, Bay nous vend une ville à travers un cliché de celle-ci. Sans oublier certains plans d’une furtive scène située dans un club de boxe, tout droit issus d’un clip. Mais le réalisateur ne s'arrête pas là. Plus que le décor, ce sont les personnages de cette histoire qui se voient magnifiés par la caméra. En témoigne la première instance du plan-signature de Bay, ce fameux travelling circulaire au ralenti et en contre-plongée sur ses acteurs qui se relèvent après une scène d’action éprouvante dans un mouvement emphatique représentant la quintessence du cinéma de l’auteur.
The Rock (Rock, 1996) 6/6 - C'est juste parfait. Sur un scénario classique mais efficace, Bay accouche d'un monument du film d'action où se côtoient des icônes, qu'il s'agisse des personnages (un James Bond vieillissant incarné par Sean Connery) ou des lieux (entre le Pentagone et Alcatraz). Le cinéma de Bay va de l'avant, son style est à présent parfaitement maîtrisé. Tout d’abord, il s’agit du premier des trois films consécutifs que Bay tournera avec John Schwartzman, son directeur de la photographie attitré. On note alors dans le choix des couleurs et de l’éclairage une approche plus contrastée que sur son premier opus, où les filtres orange ou bleus venaient recouvrir absolument tout le cadre, sans réelle nuance. Si le montage multiplie les coupes, c’est pour mieux dynamiser l’action. Et sa propension à placer en amorce du cadre divers objets obstruant une portion minime du champ de la caméra, constamment mobile, donne naissance à une énergie kinétique folle. A l’instar de la mise en scène de la poursuite en voiture où les acteurs sont filmés dans leurs véhicules en studio, caméra à la main, sujets à de constants recadrages et à des flashs extérieurs créant l’illusion de vitesse et de nervosité. Ce film est une véritable horlogerie. La précision du timing de chaque scène est exemplaire. En témoigne la fin en apothéose du film. Premiers vrais frissons et larmes aux yeux sur le moment climatique du "green smoke" et de la pose christique.
Armageddon (1998) 5/6 - Ou le film du too much qui marche. Si Bay parvient à faire de la moindre séquence d'action le terrain d'une bataille démesurée, il est dommage de voir le cahier des charges imposer dans la 2e heure trop de scènes d'action qui, bien que le film tende à être décomplexé, décrédibilisent un peu l'ensemble (le saut en Armadillo sur le météore) et tendent à être répétitives. Pour la première fois, Bay s’essaie également à des séquences émotionnelles tellement "grosses", tellement "interdites" mais qui témoignent néanmoins d’une incroyable maîtrise de la part du bonhomme dans sa capacité à faire de chaque plan une image iconique. A ce titre, l’intégralité de la séquence du lancement de la fusée, avec la préparation des astronautes, le discours du Président, et où les ralentis soulignent non seulement la préparation des astronautes, figures héroïques, mais également les habitants de la Terre entière, des plus petits aux plus grands, tous à l'écoute du discours du Président américain, est un monument du too much assumé qui touche le public à coup sûr, de manière positive ou négative. Certains en auront des frissons, d’autres seront tout simplement allergiques à l’exercice. Il faut cependant admirer l’audace d’un metteur en scène absolument unique sur ce coup, capable de créer des séquences inconcevables comme ce clip d’images subliminales lors du climax.
Pearl Harbor (2001) 2/6 - En exacerbant chaque travers du cinéma de Bay, ce film le fera sombrer dans le ridicule. Souhaitant créer le film parfait pour tout public, Bay et Bruckheimer créent un hybride de Titanic et Il faut sauver le soldat Ryan. C'est raté. Le film s'embourbe dans un amas de clichés (tant au niveau des dialogues que des situations). Outre le triangle amoureux d'une banalité consternante, c'est un sentiment presque révisionniste qui handicape considérablement le film. La défaite devient une étape nécessaire aux Etats-Unis pour devenir cette nation si puissante qu'elle est aujourd'hui. Même les scènes adoptant le point de vue japonais, que l’on essaie de ne jamais diaboliser, sont très maladroites. Film de propagande retardataire, Pearl Harbor est l'hommage de son réalisateur aux classiques des années 40. Le film enquille les images d'Epinal, un trop-plein d'éléments factices (mouvements de caméra superflus, photographie sur-léchée...) d'où aucune émotion ne peut naître. L'intention est louable, mais le résultat est indigeste. Au centre du film, les quarante-cinq minutes qui composent l'attaque de Pearl Harbor en elle-même - un gigantesque canevas où se succèdent les plans inédits et le spectacle - resteront comme seul témoin du vrai talent de l'auteur. Là, Bay prouve ce qu'il sait faire le mieux et impose le respect du point de vue de la logistique du tournage.
Bad Boys II (2003) 4/6 - Ou le film de l'excès. Un film comme un gros "fuck you" à tout le monde. On se moque de tout. On retourne à du blockbuster d'action R, outrancier à tous les niveaux : les poursuites en voiture où tout est permis (balançage de voitures, puis de cadavres, explosions de maisons), les gags les plus impensables (rats qui niquent en gros plan), l'exagération du numérique (gratuité absolue de la caméra qui passe à travers les conduits d'aération jusque sous les jupes des bimbos, ralentis extrêmes de balles qui pénètrent violamment la chair des adversaires avec débauche de sang) et amoralité absolue (y a pas UNE personne qui meurt "tranquillement" dans le film, et puis les cadavres quoi...). Heureusement, ça ne se prend pas au sérieux et ça permet à Bay de se défouler (le mec se cherche à nouveau, ça se voit, il change de chef op après 3 films avec John Schwartzman, la photo est la moins bayienne de ses films) avant de signer à nouveau un film plus maîtrisé. Mais même dans la durée, c'est du nawak too much : près de 2h30 quoi.
The Island (2005) 6/6 - Ou comment Bay prouve qu'il peut avoir aussi de la réflexion sur sa propre imagerie publicitaire. Qu’il la parodie presque directement dans des scènes où les protagonistes vendent un mensonge (la loterie pour aller sur la fameuse "île") ou un produit (la présentation du clonage aux riches clients), ou qu’il la justifie par le biais du scénario (en adoptant le point de vue de deux héros infantiles sur un monde nouveau), Bay confère un réel sens à sa mise en scène tout en gardant sa qualité sensorielle mais sans se limiter à la facilité de l’affect emphatique. Il va même jusqu’à se calmer, se pliant aux besoins de l’histoire, et arbore un rythme plus posé, sans action, pendant une heure, avant de se recycler en améliorant ses propres poursuites en voiture. Tout le long du film, Bay fait également preuve de certaines tentatives intéressantes, se renouvelant en proposant par moments des idées presque abstraites dans la forme, comme oppression produite par la présence improbable de la lumière clignotante d’un gyrophare sur l’intérieur d’une voiture, ou encore la silhouette d’une femme mourante qui devient de plus en plus floue jusqu’à ce que l’écran ne contienne plus qu’un filament de couleur chair au milieu d’un écran noir. Il change une fois de plus de directeur de la photographie et trouve chez Mauro Fiore un chef opérateur dont le travail n’est pas sans rappeler celui de Schwartzman dans le contraste nuancé des couleurs et des éclairages.
Transformers (2007) 4,5/6 - Bay ne se repose pas sur ses lauriers. Il est toujours en quête de nouveauté. Il le disait lui-même, à propos de Die Hard 4, dont on lui a proposé la réalisation: "Je suis déjà passé par là, j’ai déjà fait ça" (le film, finalement réalisé par Len Wiseman, paraît d’ailleurs très bayien). Il n’est plus question pour lui de se répéter et, si Transformers revisite tour à tour des scènes cultes de ses précédents films, c’est pour mieux les détourner. Ainsi, certains des multiples plans d’hélicoptères en vol ne sont plus juste fonctionnels mais réfléchis, exploités à bon escient, menaçants. Les plans d’objets célestes s’écrasant sur Terre, faisant évidemment écho à Armageddon, sont vite écartés, au profit d’une séquence qui témoigne de cette même propension à faire de chaque plan une icône, culminant avec l’utilisation généreuse de son plan-signature, enfin de retour après plusieurs années et films d’absence. Si The Island suggérait l’incursion d’une réflexion sur son propre cinéma, Transformers prouve que Bay est toujours conscient de sa propre imagerie et s’amuse à détourner ou à satisfaire les attentes de son public sans se répéter. Chaque scène d’action du film paraît différente de la précédente.
Transformers - Revenge of the Fallen (Transformers - La Revanche, 2009) 4/6 - contrairement au premier, la suite ne propose pas pour Bay l'occasion de vraiment faire dans la nouveauté mais le mec a au moins l'intelligence de corriger ses erreurs et au niveau de l'action, c'est non seulement la même chose puissance 10 mais c'est surtout la même chose en mieux : il filme plus large, plus longtemps, secoue moins, coupe moins, choisit des décors plus clairs, prend son temps, etc. Il sait faire du badass, il sait faire de la tension, il sait faire du merveilleux, et continue de composer des tableaux de fous. Après, ça reste un film incroyablement mal structuré dans sa manière d'équilibrer humour (foireux), intrigue indianajonesienne (fonctionnelle) et action (démesurée). Le charme du Shia comique et le merveilleux de la découverte ayant disparu, le film ne vieillit pas très bien.
Transformers - Dark of the Moon (Transformers - La Face cachée de la Lune, 2011) 4/6 - dans cette saga, l'action n'a fait que s'améliorer tandis que la narration n'a fait que se désagréger. Le charme a complètement disparu. Le cinéaste continue à affûter son style, avec cette fois la 3D dont il fait une utilisation exemplaire mais il ne cherche vraisemblablement même plus à raconter une histoire. Il ne réalise plus que des moments. Des moments d'action ou des moments de comédie, les deux tombant dans une surenchère, l'une plus tolérable que l'autre. Ca aurait pu être un pur film d'action décomplexé d'1h30, c'est une boursuflure parcourue néanmoins de trucs épiques de 2h30.
Pain & Gain (No Pain No Gain, 2013) 5/6 - Michael Bay retrouve enfin une histoire à raconter et donc un film incarné, une comédie noire avec un propos sur l'Amérique et sur son propre cinéma, ou comment dézinguer le machisme et le rêve américain. Et en plus y a Dwayne Johnson. Que demander de plus?
Transformers : Age of Extinction (Transformers - l'âge de l'extinction, 2014) 3/6 - Bay corrige les plus grosses erreurs des deux précédents (digressions comiques hors sujet, structure, rythme) notamment via une première heure plus investie dans ses persos et son histoire mais régression niveau action, ne proposant rien d'aussi satisfaisant et inventif dans l'écriture et la mise en scène de l'action.
13 Hours (2016) 4,5/6 - 13 Hours c'est l'anti-Pearl Harbor. Un compte-rendu exhaustif à l'approche vériste étonnante qui arbore l'histoire avec une humilité et surtout une humanité inattendue. Film d'une relative sobriété, pour du Michael Bay en tout cas, qui représente l'hommage ultime de l'auteur à la figure du soldat sacrifié qui incarne toute sa filmographie. Par conséquent, il s'agit également du premier film du metteur en scène complètement dénué du cynisme depuis The Island. L'agréable surprise est de constater que derrière l'étalage viril inhérent au genre, on n'est pas dans le machisme bayien d'autrefois. Ça bande les muscles, ça retourne des pneus de tracteur et ça se balade torse nu et huilé...mais ça chiale aussi. C'est un peu comme si après avoir dénoncé la culture du corps dans Pain & Gain, Bay ne pouvait plus se contenter de montrer des surhommes. Il se permet aussi de critiquer l'interventionnisme américain. S'il admire leur sens du sacrifice, Bay montre des soldats qui finissent par réfuter leur crédo initial ("un soldat ne part jamais à la retraite") quand la situation est aussi confuse. Tout le long, le film constate cette confusion et celle-ci se traduit dans la forme. Et dans l'action. On est davantage dans le chaos et la tension. Bay fait preuve d'une maîtrise du build up comme il ne l'avait pas fait depuis un moment. 13 Hours est imparfait et n'a rien d'inédit, dans l'écriture ou dans la réa, mais pour Michael Bay, c'est une intéressante évolution. C'est même une maturation.
Moyenne : 4.25/6
Top : 1. The Rock 2. The Island 3. Pain & Gain 4. Armageddon 5. 13 Hours 6. Transformers
7. Bad Boys II 8. Transformers III 9. Transformers II 10. Transformers IV 11. Bad Boys 12. Pearl Harbor
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