Forum de FilmDeCulte

Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d'enfant... Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.

Au moins on ne pourra pas reprocher à Matteo Garrone son éclectisme avec ses contes dédiés à ses deux fils qui fait plus penser au grimoire médiéval qu'à de l'heroic fantasy à la Game of Thrones. Les défauts sautent aux yeux dès le départ: Garrone a les pieds plats pour filmer l'action et ses bestioles ressemblent toutes à des lentes fatiguées, on dirait parfois des scènes de Peter Jackson filmées depuis une maison de retraite par un papy pas encore sorti de l'époque de Jason et les argonautes. Si on bloque sur le manque de rythme et ce côté pas vraiment "efficace", le film doit paraître un supplice. Mais au-delà, il y a un désir de revenir à une essence macabre du conte, pas du tout édulcoré, où des scènes de massacre se succèdent à des charcutages tout aussi immoraux. Dans un univers de décors mi-grandioses mi-cheapos (châteaux, cavernes, montagnes...) parfois à la limite de Fort Boyard et des Chevaliers du labyrinthe, Garrone fait naître une certaine élégance au-delà du grotesque, pas tout à fait suffisante pour contenter les adultes mais suffisamment étonnante pour traumatiser les enfants dans un anachronisme un chouia pervers.
4/6

Quel lien relie "Gomorra", "Reality" et "Tale of Tales", les trois derniers films du cinéaste italien Matteo Garrone ? Ce sont trois contes noirs où règnent les monstres qu'ils soient réels - la Mafia surnommée aussi la pieuvre -, virtuels - la célébrité née de la télé-réalité qui transforme les gens en Freaks - ou purement imaginaires. En adaptant le Pentamerone de Giambattista Basile, premier recueil de contes de la littérature européenne, le cinéaste s'attaque à un livre sacré du patrimoine napolitain, quelque chose d'inhérent à la culture du Sud de l'Italie. Dans l'interview qu'il nous avait accordée, l'acteur Toni Servillo nous avait expliqué qu'il se sentait avant tout de culture napolitaine, que Naples était la capitale mondiale de la culture de rue, des arts et du spectacle.

Matteo Garrone s'inscrit dans cette tradition et ce n'est pas un hasard si de nombreuses scènes mettent en avant des troubadours et des figures de la Commedia dell'arte. "Tale of Tales" entremêle trois histoires avec un vrai sens du baroque et du fantastique, jongle avec les mythes, toujours sur un fil d'équilibriste. Si l'on regrette parfois de quitter Jonah et Elias, les "jumeaux" albinos nés du désir d'enfanter de la reine (Salma Hayek, royale) pour rejoindre la couche du roi Vincent Cassel - le segment le moins réussi et le plus grimaçant -, Matteo Garrone parvient toujours à nous surprendre, à convoquer un imaginaire de conte de fées rarement vu sur grand écran. Et d'avoir finalement un seul grand regret: que l'ensemble du casting s'exprime dans la langue de Shakespeare plutôt que dans celle de Basile.

3/6

La bande-annonce
http://festival-de-cannes.parismatch.co ... one-748902

Je m’étonne un peu que le film ne fasse l’objet de plus de commentaires ici, et je vois que sur le site de notes c’est mitigé voir pas terrible… Je m’attendais à voir quelques personnes qui le mettent plus haut mais bon... Vous l’aurez compris, j’ai bien aimé.

L’une des grandes barrières du film est sans doute son parti pris graphique, accompagné d’un rythme lent, et qui, il faut bien le dire, pâtit par moments de son manque de moyens (des effets spéciaux un peu cheapos mais le film ne repose pas vraiment là-dessus à vrai dire). Pour faire simple, on est dans un conte (sans déconner), et, des décors aux costumes en passant par des intrigues assez « simples » (ou épurées), toute la représentation en découle.
Mais en version crade quand il le faut, par exemple dans le traitement fait de la jeune princesse kidnappée par un ogre.



Ce côté assez « cash » fonctionne bien en contre point de l’univers fantasmagorique. D’ailleurs j’ai apprécié que le film se passe de voie off, on est vraiment dans un univers « crédible » de conte, et il n’y a pas de procédés visant à l’introduire, à l’amoindrir à nos yeux qui le regarde depuis le monde réel.

J’avais zappé le film l’année dernière à cause de sa bande-annonce, qui condensait les défauts du film, son côté repoussoir : des images dégueu mises hors contexte, comme par exemple Salma Hayek dévorant un cœur géant. Si on adhère au parti pris, je trouve que cet aspect n’est plus vraiment un problème, les enjeux pour les personnages étant assez présents et la simplicité de l’intrigue permettant de belles scènes iconiques.

Sans réinventer le genre, le film de Garrone est une illustration très plaisante de ce que peut être un conte à l’écran (et pas en dessin animé), à la fois onirique et repoussant, et si les histoires manquent sans doute un peu de souffle ou de propos (notamment celle avec les deux soeurs et Cassel), j’ai vraiment pris du plaisir dans cette atmosphère qui nous immerge dans l’univers, comme un moment hors du temps.

4-5/6

PS : faute dans le titre, non ?

Sissi j'ai adoré et je pense même que c'est le Garrone que je préfère. J'adore la construction qui plus qu'un empilement de contes les croise de manière intelligente pour nous immerger dans un univers un peu noir et médiéval très réussi. Prises une à une, on ne peut pas dire que les histoires dépotent mais c'est leur union et enchêvetrement, enfin bref le tout, cette atmosphère et ce talent de Garrone pour créer une imagerie qui sont séduisants. Très surpris par la mise en scène qui est superbe et arrive à créer des moments iconiques à l'écran (le combat du roi, le coeur, etc..). Un petit mot sur le casting, Cassel excellent dans ce rôle de roi pervers et bien aimé aussi Toby Jones et Salma Hayek.
Bref vu il y a quelques jours et jolie surprise pour un film qui ne m'attirait que moyennement.

4,5/6