"les dossiers de l'écran est une émission de télévision française créée par armand jammot et diffusée à partir du 6 avril 1967 sur la deuxième chaîne de l'ortf, puis sur antenne 2, jusqu'au 6 août 1991.
émission de débat sur des sujets de société, elle est constituée par la diffusion d'un film thématique, suivi par le débat en lui-même."
je vous présente le film-dossier de l'écran : ultime.
pur et dur. la migration africaine clandestine à travers la méditerranée. aucune tentative de construire une histoire particulière, un scénario strictement documentaire, une identité de cinéma totalement formatée, un personnage principal archétypal, une mise en scène fonctionnelle, une promotion avec une interview croisée dans
libération du réalisateur et une fille de la ligue des droits de l'homme et une autre de sos méditerranée.
alors à ce titre, j'ai trouvé ça assez essentiel. c'est ma théorie personnelle que notre génération verra la fin de l'union européenne, ou au minimum une dislocation structurante, sous l'effet d'une crise migratoire particulière, et je suis toujours interloqué sur le fait que les gens dans 50 ans qui regarderont les films de notre époque pour avoir un témoignage permettant de comprendre ne trouveront que des films hyper positifs sur le vivre ensemble et auront du mal à faire le lien avec les explosions de l'extreme droite partout en europe à ce moment-là.
et ce film ne se positionne pas du point de vue européen, mais permet de documenter de manière hyper factuelle les faits et le point de vue d'acteurs évidemment essentiels, les migrants eux-mêmes - mais réalisé par un brillant réalisateur italien habitué des grands festivals et tout juste sorti de la création d'un court-métrage pour dior.
alors quand on connait bien le sujet, on n'apprend concrètement rien, et ça n'a cinématographiquement pas grand intérêt. je tiens quand même à souligner cette immonde image numérique avec une photo bien plate atroce, même si je conçois que les conditions de tournage ne devaient pas forcément favoriser des choses beaucoup plus sophistiquées. j'ai aussi été assez dubitativé par les éléments oniriques, dont je n'ai pas bien compris si c'était pour rendre hommage à l'art africain qui est, je crois, assez friand de ce genre de choses - auquel cas je comprends et je respecte - ou si c'est un truc de garrone pour se sécuriser un prix de la mise en scène quelque part - auquel cas beurk. mais j'ai trouvé ça juste, honnête, sincère, intelligent et on y décèle plein de choses qui permettent aux débattants de dire ensuite sur le plateau / au prof qui le montre à sa classe "j'ai trouvé très intéressante la manière dont on voyait dans le film que...".
le film choisit bien sûr de n'offrir aucune analyse politique ou géopolitique, aucune thèse, aucun élément susceptible de
mal-penser pour choisir l'empathie totale, le parcours individuel et l'émotion et c'est efficace, c'est déjà forcément bouleversant dans plein d'aspects, et au final j'ai trouvé que ça ne prenait pas à la gorge le spectateur ou quoi, ça lui laissait l'espace de bâtir ses propres analyses et conclusions. un bon équilibre, au final.
le film ne s'adresse strictement qu'à un public conquis d'avance et partageant sa sensibilité, donc dans l'absolu immédiat ça ne sert à rien, mais il à l'ambition d'être un témoignage et il en est un beau et utile.