Forum de FilmDeCulte

Pour atténuer sa solitude, Geppetto construit une marionnette en bois en guise de fils. Par magie, le pantin prend vie et le jeune Pinocchio n'a plus qu'un seul but dans sa vie : devenir un véritable petit garçon. Cependant, grandir va s'avérer être une entreprise difficile.


Ceux qui ont aimé Tale of tales ne seront pas dépaysés par le charme visuel du Pinocchio de Garrone qui confirme qu'il est un des réalisateurs italiens les plus intéressants du moment. Tournant le dos à la version animée de Disney, l'italien revient aux sources de son compatriote Collodi et met en avant le folklore italien. Alors oui pas trop de surprise dans l'histoire qui est à peu près la même que celle du Disney qui était assez fidèle à l'intrigue de Collodi mais on est charmé et totalement dépaysé par l'univers féérique qui se déploie sous nos yeux. Il faut voir ce soin apporté à la direction artistique qui puise dans le baroque et recèle d'idées visuelles souvent splendides. On a souvent l'impression de déplier un livre d'images de toute beauté, le cinéaste est inspiré et le pari fonctionne. On est littéralement transporté dans un univers à la comedia delle arte mais en plus glauque, dans une série de tableaux noirs et candides.

Bref, même si on connait déjà l'histoire, Garrone arrive totalement à nous transporter dans l'univers qu'il créé sous nos yeux et beaucoup aimé pour ma part toute "l'animalisation" des personnages secondaires. Il faut voir cette nourrice limace dans la maison de la petite fée, les chenapans que sont le chat et le renard et l'émouvant thon. Ce dernier est caractéristique du style visuel déployé par Garrone qui lui donne un visage avec un côté un peu monstrueux mais incarné et humain. Car le tour de force de Garrone c'est cette très pertinente utlisation des effets spéciaux qui nous rend proche de Pinocchio et tout ses compères fantastiques ne sont jamais de bois ou de toc, toujours vivants à l'écran. Le petit regret, mais c'est fidèle à la trame du conte, c'est de ne pas voir plus Begnini qui est très bon en Gepetto avec sa gouaille habituelle mais présent que 45 minutes. On voit que le pari est réussi quand à la fin on ne peut s'empêcher de tirer sa petite larme. Un beau conte pour enfants et adultes, et tout simplement un régal pour les yeux.

4,5/6

Je l'ai vu à Berlin sur un grand écran. Un peu comme le Conte des contes, j'avais été plus admiratif du travail du chef décorateur que par le film en lui-même que je trouve trop linéaire, trop structuré - péripétie-morale-péripétie-morale - trop grimaçant et le beau personnage c'est Gepetto (formidable Benigni) pas le pantin... du coup jamais on ne retrouve la magie des 40 premières minutes. Après c'est bien meilleur que le Prince oublié...

3/6

Pour ceux qui sont habituellement réfractaires à Begnini, là son jeu qui a tendance à trop virer d'habitude vers le cabotinage est parfaitement maitrisé par Garrone. Il n'en fait pas trop et il a un côté assez émouvant dans ce rôle de père qui fait avec sa pauvreté et voit ce fils comme un cadeau du ciel. A ce titre, il brille dans le ventre du poisson ou est émouvant dans la dernière scène.

Pour les réfractaires à Tales of Tale, il ne faut pas se forcer, ça se rapproche pas mal. Et le film s'inscrit pleinement dans la continuité de l'oeuvre de Garrone que ce soit par le style visuel ou les thématiques.

Clairement, tous les films de Garrone sont des contes.

J'ai plus d'admiration pour le projet que pour le résultat final qui, il me semble, ne fonctionne pas vraiment.

Mais j'aime beaucoup l'idée d'adapter très fidèlement le conte, sa construction dramatique en scènettes, son visuel anachronique de vieux conte sans effet spéciaux ou presque, son univers rural italien décati et pauvre etc... En fait le film a l'air d'être la vision cinéma contemporaine de la sortie du roman de Collodi en 1881 et ça le rend vraiment singulier. Un film pas du tout pour enfants, souvent glauque, très déprimant, au merveilleux absent, contenant très peu d'humour, au rythme bizarre, épisodique avec des raccords entre les scènes qui n'ont parfois aucun sens (dont cette scène wtf totalement inutile du tribunal avec le juge/chimpanzé) mais en même temps ce n'est pas non plus un film qui peut séduire vraiment les adultes, le récit est trop naïf, trop premier degré. Du coup le film est sans cesse dans un entre deux bizarre. J'ai pas regardé mais je serai curieux de voir si le film a marché en Italie. En tout cas la vente du film à Amazon Prime me semble une bénédiction tant c'est vraiment le film que tu imagines prendre un énorme gadin en salles tant il semble ne s'adresser à personne.

Le problème c'est vraiment pour moi cette narration absurde. Tout est posé tel quel dans un univers mal défini que l'on est supposé accepter tel quel. Pinocchio pantin de bois qui ne surprend personne, le théâtre des marionnettes avec des pantins vivants (mais animés par des ficelles). Dès le début ça marche pas et ça continue tout le film comme ça avec des moments qui n'ont aucun sens (cette scène du tribunal donc), des raccords entre les scènes qui ne fonctionnent pas du tout (Pinocchio échoué sur la plage qui se réveille chez la fée), c'est vraiment un problème et sur un film de plus de deux heures ça devient vite chiant parce qu'on n'arrive pas à s'attacher aux personnages.

Surtout que toute la mythologie Pinocchio est ici d'une pauvreté sérieux (encore une fois volontaire mais quand même) à l'image de ce pays des jouets, une cour de ferme avec trois toboggans ou évidemment du nez qui grandit réduit ici à une seule scène dispensable (sans doute comme dans le conte original). Garrone refuse sciemment de céder au merveilleux, au fantastique (le film ne contient aucun effet spécial numérique quasiment (à l'exception du nez qui grandit et de la transformation glauquissime en âne) et se focalise sur un décor très volontairement âpre et aride, une zone rurale de l'Italie, uniquement peuplée de paysans pauvres qui vivent dans des bâtiments à moitié en ruines. Sans doute parce que je l'ai vu l'année dernière mais une des références du film qui m'a semblé évidente c'est L'arbre aux sabots d'Ermanno Olmi, je serai curieux de poser la question à Garrone.

C'est dommage parce que j'aime vraiment le projet, l'idée de réaliser le conte avec les yeux des lecteurs de 1881. Et parfois ça fonctionne comme les meilleures scènes du film, celles avec la Fée. Et par moments on caresse du doigt ce qu'aurait pu être le film, ce côté conte effrayant et fascinant à la fois. Mais le gros problème de narration fait qu'on ne s'y implique jamais (la fin est nullissime, émotion zéro) et finalement le film n'est jamais suffisamment beau (la photo est fade comme tout) ou fort pour passer outre. Je trouve vraiment que Garrone se perd et n'arrive pas à trouver le ton juste entre le Alice de Svankmajer et quelque chose plus proche d'un Del Toro par exemple. La musique est atroce, une BO ringarde qui fait film de Noël cheap et qui va pas du tout avec l'ambiance.

Bref un projet singulier, l'idée de départ est bien mais je me suis emmerdé et je trouve ça quand même un peu raté. J'aurai adoré voir combien il aurait fait d'entrées (je table sur moins de 100 000 et un bouche à oreille catastrophique).

2-3/6

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CroqAnimement votre

Purée, tu réussis quand même à donner envie, par curiosité.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Le film a cartonné en Italie.

Sinon je n'ai pas été surpris par le côté dur/glauque car j'avais vu la version de Mattoti qui était déjà extrêmement sombre et décousue.

En France, persuadé que ça aurait bidé. Et moi non plus l'univers m'a pas surpris mais c'est mal maîtrisé, gros problème de scénario en fait.

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CroqAnimement votre

Carton, j'exagère : 2 257 974 entrées. Un peu plus que Dumbo en Italie et deuxième succès local en 2019.

Pour la France, je sais pas combien il aurait fait. 300 000 ? Je te trouve bien pessimiste pour le coup.

A part Dogman, pour moi son meilleur film, je ne suis pas convaincu par l'écriture de Garrone. Même Gomorra, ce n'est pas bien construit.