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MessagePosté: 27 Mar 2024, 10:05 
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Grosse hype pour ce film US indépendant qui coche un peu toutes les cases du film "cool" du moment, réalisé par le chef op de certains Safdie, Alex Ross Perry à la prod, les "it stars" Ayo Edibiri et Jacob Elordi etc... Construit sur le modèle d'Alice au pays des merveilles il nous raconte la fuite de Lillian, jeune étudiante, qui quitte un voyage scolaire à Washington pour aller vivre sa vie au fin fond d'une Amérique à la fois très contemporaine mais aussi totalement anachronique, bien aidé par une image pellicule très 16mm.

Ainsi Lillian va croiser des activistes de gauche révolutionnaires mais bidon, un néonazi bavard et sympa, une réalisatrice et son producteur totalement déjantés, un groupuscule terroriste islamiste fan de techno. Il y a quand même tout un sujet très politique, notamment sur les questions raciales, qui traverse toutes ces rencontres, mais le film ne fait que les mettre de côté, que les ignorer pour mieux nous montrer ce personnage principal de jeune femme ingénue qui se fout de tout, qui n'a pas vraiment d'avis sur quoi que ce soit (elle s'amusera à répéter les choses entendues par d'autres comme si c'était les siennes).

Ca donne au film un aspect totalement décontracté, où rien n'est vraiment sérieux, où rien n'a de réel importance sans qu'on sache trop ce que ça raconte finalement de cette Amérique divisée. Au point où le film semble prendre ses personnages pour des marionnettes à l'image de la meilleure scène du film
l'énorme fusillade sur le tournage avec Jacob Elordi qui se prend un headshot de l'enfer.
C'est très drôle mais en même temps un peu trop ironique, tout est une blague, on se fout des personnages. Tout cela est très bien résumé dans la dernière scène, le dernier plan
où alors que l'on regarde à la télé un attentat être commis (par le groupe d'islamistes ?), le personnage s'en détourne et vient faire un sourire face caméra nous masquer l'écran de télé comme si ça ne le concernait pas.


Sean Prince Williams s'amuse à la mise en scène (c'est d'ailleurs assez étonnant mais il n'est pas l'auteur du scénario) avec de légers pas de côté, matte painting, miniatures, animation. Tout par petites touches. C'est un peu pareil à la musique entre bruitisme et phases plus planantes.

Bref je sais pas trop quoi en penser, l'actrice principale, Talia Ryder, est excellente (d'ailleurs pendant le film je me dis que c'est forcément la fille de Winona Ryder vu la ressemblance et en fait pas du tout), le film est un peu inégal (j'aime beaucoup le segment avec Simon Rex, le dernier segment dans la cabane est un peu chiant par contre), ca a été une séance pas désagréable mais je suis pas sûr qu'il m'en reste grand-chose.

3-4/6

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CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 27 Mar 2024, 10:55, édité 1 fois.

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MessagePosté: 27 Mar 2024, 10:16 
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Art Core a écrit:
Talia Ryder, est excellente (d'ailleurs pendant le film je me dis que c'est forcément la fille de Winona Ryder vu la ressemblance et en fait pas du tout)

Vécu la même désillusion après Dumb Money.


Sinon, j'avais noté le film mais il risque de passer à la trappe.

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MessagePosté: 03 Avr 2024, 16:13 
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En fait, je me demande pourquoi je suis allé voir ce film.

Est-ce pour le cast? Pour sa microréputation depuis Cannes? Parce que Tiger Stripes et Les Chroniques de Téhéran ne passent presque plus nulle part?

Parce qu'en fait, je ne savais même pas de quoi ça parlait, ce qui, pour ce type de récit, est plutôt bénéfique...mais aussi à double tranchant.

En fait, je n'avais surtout pas du tout identifié le ton du film et ce qui commence comme une errance étudiante vaguement terre-à-terre au début, avec sa caméra portée et son 16mm à l'étrange dissonance cognitive (pour filmer des Gen Z), part assez vite en couille. Au début, c'est plus ou moins amusant (le QAnon, une blague improbable sur la pédophilie, un zgeg multi-piercé qualifié de nazi) mais au fur et à mesure que la petite Alice tumbles down ce pays des merdeux, j'ai commencé à trouver le temps long, et plus le film s'éloigne du réel, moins j'ai pu supporter son incroyable satisfaction de soi, fier de son côté chéper et complaisant dans sa posture je-m'en-foutiste épousant le point de vue de l'héroïne qui va globalement de "secte" en "secte". D'activistes de gauche franchement gauches à un néo-nazi potentiellement prédateur à de jeunes artistes noirs bobos à un groupe islamiste fan d'eurodance (trop lol), tout le monde en prend pour son grade sans jamais que ce ne soit vraiment drôle, la satire passant pour une dénonciation de l'engagement, prônant l'attitude détachée d'une jeune paumée qui régurgite ou non un texte de façon opportuniste. Peut-être doit-on comprendre l'inverse, qu'il s'agit en réalité d'une critique de la jeune génération qui ne prend rien au sérieux, mais le film lui-même ne se prend pas assez au sérieux pour qu'un quelconque propos résonne.

En fin de compte, ce n'est qu'une petite affèterie autosatisfaite. Une souffrance.

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MessagePosté: 22 Déc 2024, 10:34 
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Le début est pas mal, on pense à un After Hours ou à du Von Trier période les Idiots revu et corrigé au féminin et dans un univers white trash trumpien.

Mais je rejoins Film Freak. C'est répétitif, et la misogynie (la meuf joue de son allure virginale pour allumer et finalement humilier de façon sournoise) voire une forme de racisme font office de fils conducteurs entre les situations. Ce sont finalement des artifices formels, qui justifient le risque de l'écriture qui les transforme alors en contenu.
Le négatif politique s'explique facilement par un refoulé sexuel : la pédophilie du dandy nazi, l'homosexualité des islamistes adeptes de voguing dans un contexte où l'hétérosexualité est une prescription à la fois culturelle et individuelle, l'impuissance et l'autocastration de l'Antifa, l'inceste chez les intellos black post James-Baldwin.
Mais dans sa violence ou bêtise, aucun d'entre eux ne franchit l'étape de la transgression, tous restent, du point de vue de la morale sexuelle, dans les clous, d'où la haine de l'autre. En face la nénette pourrait les libérer en les séduisant et en couchant avec ceux pour qui cela signifie quelque-chose (un peu à la Théorème) mais elle est elle-même fatiguée de sa liberté sexuelle, voire de sa beauté, et n'existe que pour les voir sombrer : elle est un enjeu, pas une actrice.
Le ressort du film : si les idéologies ne valent plus rien, alors la contre-culture voire la culture non plus, mais encore présentes malgré notre scepticisme, elles restent exploitables (bande son hyper pointue, le seul film américain avec du Albert Marcoeur, comme une College Radio de droite).
Pire, le film est cynique mais évidemment moraliste : la pointe morale liquide le paradoxe des comportements et les situations avec lui. L'acteur du film à la James Ivory fait remarquer avec justesse aux deux real blacks qu'ils voient l'Amérique prolétarienne comme un autre pays, que leur snobisme mais aussi une forme de vrai talent artistique leur a créé un pays de substitution. Mais le film ne rebondit pas là-dessus, ne tranche pas ce qui relève de la peur ou bien du vrai mépris dans cette distance, dans cette impuissance. De toute manière ils vont crever - cette lucidité est un simulacre sophistiqué face à une mort grotesque comme un tableau de Bosch, c'est à dire à la fois un spectacle, un code et une punition.
La première partie avec l'universitaire pédo Barreso- Renauld Camus marche mieux et est drôle car elle est plus longue, plus écrite, offrant plus d'espace à l'acteur, mais le film n'endosse que partiellement cette lucidité : les passages précédents hantent les suivants par la mort , celle-ci est un projet paradoxal sous-tendant la vision du monde de tous, et dont le bien commun et le social sont l'échec, d'où leur caractère à la fois codé et navrant. Trop dégradés pour être des illusions, il faut toujours les fatiguer. Bienvenu dans l'humour bobo wes anderson de droite.

Sinon oui la fusillade sur le tournage est marrante, mais pas de chance, j'ai vu Touchez pas à la Femme Blanche de Ferreri peu avant et vois le pompage et l'affadissement, ainsi que le retournement intentionnel du propos politique (chez Ferreri la scène a d'ailleurs lieu de jour, ici de nuit).

Maintenant il y a un plan bien, quand Aya Edibiri transforme Talia Ryder en Homme qui Rit avec les mains, et le générique est mignon.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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