Forum de FilmDeCulte

Faut dire qu'il y avait une microscopique désynchro qui a pas arrêté de me sortir des scènes de combat (genre tu peux pas t'empêcher de vérifier si la synchro est bonne à chaque "Bim", "Bam", "Boum")

Toujours, toujours, toujours se méfier des films à buzz...

...comme ça tu n'en es que plus agréablement surpris!

J'ai tendance à craindre l'overhype sur les séries B de genre étrangères, surtout quand elle vient des States, et en gros mauvais, j'ai gardé ces réserves, malgré les avis positifs ici même, jusqu'au début du film.

Et puis tout de suite le prologue m'a capté.
Y a quelque chose de très simple et en même temps de très efficace dans ce prégénérique qui monte en parallèle, sèchement, sans fioritures, la prière du héros et son entraînement, faisant se répondre les gestes. Il dit au revoir à sa femme enceinte, promet à son père qu'il va "le ramener". Et boom. Titre.

Tout ce que tu as besoin de savoir sur le perso, tu l'as.
Tetsuo s'indigne des comparaisons avec Carpenter sur Facebook mais - comme pour Attack the Block l'an dernier, autre film de genre à gros buzz situé dans une barre HLM - j'avoue y avoir pensé pour l'écriture économique d'Evans.
Il ne s'agit pas uniquement du pitch, quelque part entre Assaut et le jeu vidéo, avec cette masse anonyme d'adversaires filmés comme dans un film d'horreur par moments (mode Fog à un moment), mais de la manière de brosser le héros en quelques traits. Après, la référence s'arrête là je pense. Déjà, parce qu'Evans ne prend pas vraiment le soin de définir ses personnages, même quitte à en faire de vulgaires archétypes cool, mais surtout parce qu'il n'y a absolument aucun fond ici...et la forme encule les films de papy John

Oui parce que le principal intérêt de The Raid, c'est ce qu'il dégage visuellement.
Et c'est en cela que le film m'a pas mal surpris. On est pas JUSTE dans du bête film de tatanne. C'est pas Ong Bak quoi.
Y a plein de moments où Evans délaisse quelque peu l'action pour la tension. Y a effectivement un travail "subtil" de fou sur le sound design, que ce soit dans l'action ou dans la tension, on note une vraie science du quand faire résonner un son, quand appuyer un os brisé, quand étouffer le son et laisser les basses parler, le bruit des coups, le bruit des flingues, le bruit des pas, etc.
Au fur et à mesure que le film avançait, j'avais de plus en plus l'impression de me trouver face à un "vrai film" et pas juste une bande démo d'artistes martiaux. C'est pas juste "je monte les étages en dézinguant les boss de niveau un par un", non, il y a une véritable intelligence dans l'utilisation du décor (notamment comment les persos passent d'un étage à un autre par moments), même quand c'est abusé (la cachette dans le mur). En développant par brefs instants cet aspect ludique, le récit parvient aussi à éviter l'enquillement tosgra de bastons.

Cela dit, des bastons comme ça, j'en redemande.
Après des années et des années de films de kung fu tous chorégraphiés pareil, c'est assez raffraîchissant de regarder un art martial différent, qui paraît plus urbain (on notera que de plus en plus de films occidentaux ont recours à des arts martiaux où l'on utilise beaucoup les coudes, cf. les Batman de Nolan et M:i:III), et ça participe à conférer au film son côté "brut de décoffrage".
C'est EXTRÊMEMENT violent mais sans que jamais cette violence ne soit vulgairement surlignée par un gros plan ou un ralenti ou une trop grosse gerbe de sang. Ca saigne, y a pas à dire, mais le style du film repose tellement sur cette incroyable énergie (vitesse des combats, rapidité des coups, fluidité de la caméra) qu'il parvient à être cash mais de manière "naturelle" j'ai envie de dire. Et le découpage est au poil.

A l'instar de sa BO techno/percu, c'est à la fois trompeusement simple et sacrément intelligent, du coup c'est redoutablement efficace. Primal mais raffiné.

Outre un dernier combat peut-être un chouille long et redondant, je regretterai juste quelques coups de mou, quand Evans se sent obligé de nous raconter une histoire bateau.
Je pense qu'il y avait moyen de rester tout aussi classique mais en visant à l'iconique, façon Carpenter justement. Ou Attack the Block (mec qui lâche pas l'affaire).

Enfin bref, a reste un ride diablement fun.

4,5-5/6