Après Damsels in Distress, j'en profite pour me faire une rétrospective Whit Stillman, deux de ses précédents films étant sortis récemment en Blu-Ray chez Critérion (Metropolitan, et The Last days of Disco). Cinéaste mystérieux et culte, diplômé de Harvard comme Malick, avec très peu de films à son actif (4 au compteurs à l'heure ou j'écris, tous jouissant d'une aura particulière) , une longue période d'exil , à Barcelone puis à Paris , comme Malick toujours, mais aucun lien avec Malick, si ce n'est de faire à peu près toujours le même film. The Last Days of Disco est un film important sur des gens totalement insignifiants, le génie de Stillman est qu'il filme la frivolité comme personne, si ce n'est peut-être Rohmer, c'est à dire avec beaucoup de poésie et sans ironie ; Stillman aime le disco, ça se voit et ça s'entend (la B.O , flamboyante), les scènes de danses sont toujours magiques tout en étant légèrement improbables (en ce sens elles m'ont beaucoup rappelé celle des Nuits de la pleine lune de Rohmer justement), et le film est très bavard, avec beaucoup de fulgurances, sur les femmes, les hommes, l'amour, le vide, les gays, et beaucoup de conneries aussi. Pourtant, impossible de rattacher ce film au courant du mumblecore, ou alors il faudrait rattacher Francis Scott Fitzgerald et Gatsby le Magnifique à ce courant (le roman bien sûr, pas le film). Fitzgerald décrivait de jeunes et riches Américains en exil en France, noyant dans les verres de champagnes du Ritz leurs désillusions et leur ennui, ; Stillman nous décrit la même chose, le disco occupant la position pivot qu'occupait le jazz, la vodka-tonic remplaçant le champagne, et un club de Manhattan tenant lieu de Ritz. Mais l'ennui est le même, magnifique finalement. L'ennui jusque la mélancolie, la mélancolie jusque l'ennui. Le nihilisme de ses personnages, c'est à dire des personnages pour qui tout est possible, mais qui ne font rien, ou pas grand-chose, est tout aussi radical, tout aussi beau dans sa déperdition puérile et superficielle. Stillman nous rappelle que le disco (le film se déroule au début des années 80) tout comme le punk, était aussi, pour des raisons différentes un mouvement du « no-future ». Leur quête absolue au fond était la même ; s'amuser. Avec pour prétextes des revendications pseudos-anarchistes et le rejet des valeurs capitalistes dans le premier cas, et au contraire leur acceptation jusqu'à l'excès, dans le kitsch et le glamour, dans le second cas. Mais au fond leur déception fut la même.
6/6